FAILLE. Dans un courrier du 19 juin 2019, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) demande à EDF de réparer les huit soudures de traversée sur le chantier de l'EPR de Flamanville, dans la Manche. L'énergéticien a indiqué analyser les conséquences organisationnelles et financières de cette décision.

Nouveau rebondissement dans le dossier de l'EPR de Flamanville (Manche) et nouveaux soucis en perspective pour EDF. Ce 19 juin 2019, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a indiqué dans un courrier adressé à l'énergéticien que les soudures de traversées du futur réacteur devaient être réparées, sans quoi la centrale ne sera tout simplement pas autorisée à entrer en service. Dans une conférence de presse donnée ce 20 juin, le président de l'autorité, Bernard Doroszczuk, a livré plus de détails sur cette interdiction. Pour rappel, de nombreux écarts ont été constatés par l'organisme de contrôle au niveau de ces soudures situées entre les deux parois de l'enceinte de confinement. En 2018, EDF avait proposé une démarche qui impliquait en fait le maintien en l'état de ces éléments, ce à quoi l'ASN lui avait répondu qu'il était préférable d'engager les opérations préalables à la remise en conformité des soudures. Par la suite, la démarche d'EDF a fait l'objet d'une instruction par l'ASN avec le soutien technique de l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) et du GP ESPN (Groupe permanent d'experts pour les équipements sous pression nucléaire).

 

 


 

Ce dernier a rendu son avis le 11 avril dernier, estimant que "la nature et le nombre particulièrement important des écarts survenus lors de la conception et de la fabrication de ces soudures constituaient des obstacles majeures à l'application d'une démarche d'exclusion de rupture". Celle-ci "implique un renforcement des exigences de conception, de fabrication et de suivi en service de certains matériels", et permet concrètement à l'exploitant "de ne pas étudier intégralement les conséquences d'une rupture de ces tuyauteries dans la démonstration de sûreté de l'installation". Le 7 juin dernier, EDF a sollicité l'avis de l'ASN sur une possible réparation des éléments vers 2024, soit après la mise en service du réacteur nouvelle génération. Et la réponse de l'organisme est donc sans appel : pour lui, la remise en conformité des soudures est "techniquement réalisable", ajoutant que "le report des opérations de réparation après la mise en service du réacteur soulèverait plusieurs difficultés, notamment au regard de la justification de la sûreté du réacteur pendant la période transitoire".

 


 

Sur son compte Twitter, l'ASN dévoile également le schéma des soudures de traversée de la double enceinte du réacteur à eau pressurisée de Flamanville.

 


 

Dans un communiqué très bref daté du 20 juin, EDF a répondu "[prendre] connaissance de la décision de l'ASN", et "[analyser] actuellement les conséquences de cette décision sur le planning et le coût de l'EPR de Flamanville". De plus, l'énergéticien indique qu'il fera, "dans les prochaines semaines, un point précis sur la suite du projet".

 

 


 

Son président-directeur général, Jean-Bernard Lévy, a ajouté que la réparation des fameuses soudures risquait de se traduire par un nouveau retard dans la livraison de la centrale - la facture, elle, s'est déjà envolée à 10,9 milliards d'euros. D'après la dernière version du calendrier fourni par EDF, le chargement du combustible du réacteur est programmé pour le quatrième trimestre 2019, avant que son raccordement au réseau et son fonctionnement à pleine puissance (1,65 MW) ne soient effectués respectivement aux premier et deuxième trimestres 2020. Pas sûr que ces dates soient maintenues avec cet énième rebondissement dans le feuilleton de l'EPR de Flamanville.

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