ÉNERGIE. Lors d'une conférence internationale sur le changement climatique organisée à Vienne (Autriche) ce 7 octobre 2019, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Cornel Feruta, a assuré qu'une baisse des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle planétaire devait passer par une augmentation de l'utilisation du nucléaire.

Voilà une déclaration qui pourrait bien relancer les débats, déjà houleux, sur le rôle et la place du nucléaire. A l'ouverture de la première conférence internationale sur le changement climatique et le rôle de l'énergie nucléaire, organisée du 7 au 11 octobre 2019 à Vienne (Autriche), le directeur général par intérim de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Cornel Feruta, a assuré qu'il serait "difficile" de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle planétaire sans augmenter "de manière significative" l'utilisation du nucléaire. Lors de cette conférence qui a réuni 550 participants provenant de 79 pays, ainsi qu'une vingtaine d'organisations internationales, les échanges ont porté sur les connaissances scientifiques relatives à l'énergie atomique, afin de mieux cerner le rôle qu'elle pourrait jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 

 

 

Déchets, sûreté et coûts sont les préoccupations majeures

 

L'AIEA, organisation internationale créée en 1957, placée sous l'égide de l'Organisation des Nations-Unies et dont le siège viennois accueille l'évènement, a également affirmé à cette occasion que l'atome représentait environ un tiers de l'électricité totale "à faible intensité de carbone", les installations nucléaires ne rejetant quasiment pas de dioxyde de carbone. Pour autant, seulement 10% de l'électricité totale produite dans le monde proviennent de l'atome. Et d'autres préoccupations reviennent régulièrement sur le devant de la scène : l'épineuse question des déchets radioactifs, qui a fait l'objet d'un rapport de la Cour des comptes dont Batiactu s'était fat l'écho, fait partie des problématiques sanitaires et environnementales. Sur ce point, Cornel Feruta a déclaré que "les progrès réalisés en matière d'élimination de ces déchets pourraient atténuer les craintes quant à la durabilité à long terme de cette source d'énergie". Ce à quoi le secrétaire général adjoint des Nations-Unies aux affaires économiques et sociales, Liu Zhenmin, a répondu que le problème des déchets radioactifs demeurait une "question non-résolue", dont la réponse doit encore être trouvée.

 

Les propos de Liu Zhenmin se sont aussi attardés sur les questions de sûreté, présentées comme "une préoccupation publique majeure, en particulier après les accidents de Fukushima et les craintes liées au terrorisme". Autre point de vigilance : "les coûts initiaux élevés" de l'énergie atomique, à l'heure où les prix des énergies renouvelables - particulièrement ceux de l'éolien et du photovoltaïque - se démarquent par leur compétitivité. De fait, les investissements liés à la construction de nouvelles installations nucléaires nécessiteront une plus grande prise en charge par les pouvoirs publics...et une meilleure acceptation par les populations.

 

Le Giec prévoit une augmentation de la production nucléaire comprise entre 59%...et 501%

 

Les différents intervenants à cette conférence internationale ont en outre rappelé les atouts de la technologie nucléaire dans des applications civiles : la surveillance de la pollution, l'aide au diagnostic et au traitement de maladies graves telles que les cancers, l'utilisation des radiations pour éviter que la nourriture ne périsse et pour "créer de nouvelles variétés de cultures favorisant l'adaptation au changement climatique".

 

Enfin, il a été fait référence plusieurs fois aux travaux du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, ou Giec, chargé de fournir des rapports scientifiques sur le changement climatique. Des analyses qui démontrent à intervalles réguliers que "de profonds changements dans la manière de produire de l'énergie doivent avoir lieu" dans l'optique de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C par rapport aux niveaux de l'ère pré-industrielle. Le Giec a notamment calculé différents modèles "d'avenir énergétique durable", qui prévoient tous une hausse colossale de la production d'énergie nucléaire d'ici 2050, allant de 59% à...501%.

 

 

L'AIEA se félicite des actions mises en oeuvre par EDF pour remettre la centrale nucléaire du Bugey (Ain) à niveau

 

 

Une équipe de spécialistes de l'AIEA a affirmé qu'EDF, exploitant de la centrale nucléaire du Bugey, dans l'Ain, avait suffisamment renforcé la sûreté des installations, à la suite des conclusions d'un rapport de l'agence datant de 2017. Le site en question, situé sur la commune de Saint-Vulbas, a fait l'objet d'une inspection de 5 jours par ces experts de l'atome. A une trentaine de kilomètres à l'Est de l'agglomération lyonnaise, la centrale du Bugey compte 4 réacteurs à eau pressurisée développant 900 MW, qui ont été raccordés au réseau électrique en 1978 et 1979.

 

"L'équipe a été ravie d'observer les résultats positifs des efforts et actions déployés dans l'usine pour répondre aux conclusions de la mission de 2017", a déclaré à cette occasion le chef d'équipe Fuming Jiang, haut responsable de la sécurité nucléaire à l'AIEA. "L'équipe de direction et le personnel de la centrale ont démontré un fort engagement en faveur de la sécurité. Nous avons constaté de nettes améliorations dans des domaines importants tels que la sécurité incendie, la performance humaine, la qualité du travail et la sécurité industrielle. L'équipe [de l'AIEA] encourage l'usine à mener à bien les mesures d'amélioration restantes comme prévu et à poursuivre sur cette lancée afin d'améliorer encore ses performances en matière de sécurité."

 

Fin septembre, les générateurs de vapeur du réacteur n°3 du site du Bugey ont été épinglés par EDF dans la liste des composants s'écartant du référentiel technique, aux côtés de 5 autres réacteurs en activité. "A ce stade de l'instruction technique portant sur ces composants, EDF estime que les écarts constatés ne remettent pas en cause l'aptitude au service des matériels et ne nécessitent pas de traitement immédiat", avait alors précisé l'énergéticien dans un communiqué.

 

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