SÉCURITÉ. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a placé les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Flamanville (Manche) sous surveillance renforcée ce 11 septembre 2019. Le président de l'organisation, Bernard Doroszczuk, a également indiqué que 5 réacteurs du parc français étaient concernés par les anomalies de certains composants dont EDF a fait mention le 9 septembre dernier.

Le feuilleton continu. Ce 11 septembre 2019, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a placé sous surveillance renforcée les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Flamanville, dans la Manche, "à la suite des difficultés rencontrées par EDF sur cette centrale depuis mi-2018". Un nouveau rebondissement qui intervient après le courrier, daté du 19 juin dernier, dans lequel l'Autorité intimait à l'énergéticien de réparer les huit soudures de traversée jugées non-conformes sur le réacteur à eau pressurisée de troisième génération (EPR) en construction sur le site normand. Un verdict qui a encore repoussé la livraison du projet.

 

 

Dans un communiqué, l'ASN indique que son directeur général a convoqué, le 4 juillet dernier, "le directeur de la centrale nucléaire de Flamanville 1 et 2 et lui a demandé de lui transmettre un plan d'action visant à renforcer la maîtrise et le contrôle des activités d'exploitation". L'organisation avait à cette occasion "souligné les déficiences dans la maîtrise des gestes techniques associés à certaines activités d'exploitation, le nombre élevé d'évènements significatifs liés à des défauts de maintenance et des défauts de surveillance des prestataires, la mauvaise maîtrise de certaines opérations de maintenance ainsi que la qualité insuffisante des documents qui lui étaient transmis dans le cadre de la visite décennale du réacteur 1".

 

Des inspections à intervalles réguliers pour s'assurer de l'efficacité des actions entreprises par l'énergéticien

 

C'est donc dans la foulée de cette procédure que l'Autorité a décidé le renforcement de la surveillance des installations, ce qui se traduira dans les faits par un nombre accru de contrôles et par "une attention particulière portée à la mise en oeuvre du plan d'action défini par EDF à la suite de la convocation du directeur de la centrale". L'ASN précise en outre qu'elle mènera des inspections à intervalles réguliers pour s'assurer de l'efficacité des actions entreprises par l'énergéticien. Dans le détail, trois sujets seront spécifiquement dans le viseur de l'organisation : "la maîtrise des activités de maintenance et d'exploitation et de la documentation associée ; la gestion du retour d'expérience, en particulier la déclaration des évènements significatifs à l'ASN ; le contrôle de la sûreté exercé par EDF et la priorité accordée aux enjeux de sûreté dans les prises de décision".

 

Pour rappel, la centrale nucléaire de Flamanville se compose de deux réacteurs développant chacun 1.300 MW, dont la mise en service a été effectuée en 1985 et 1986. A l'heure actuelle, le réacteur 2 est arrêté en raison de sa troisième visite décennale. Quant au réacteur 3, c'est-à-dire le futur EPR, l'Autorité affirme qu'il "n'est pas concerné par cette mise sous surveillance renforcée". Mais celle-ci n'est pas une première : la centrale nucléaire EDF de Belleville-sur-Loire, dans le Cher, est déjà soumise à ces contrôles accrus.

 

 

"Une vingtaine de générateurs de vapeur sont potentiellement concernés"

 

Une autre actualité est tombée ce 12 septembre 2019 : après que l'énergéticien a annoncé en début de semaine que des anomalies avaient été détectées sur certains composants de centrales nucléaires, le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk, s'est exprimé dans les colonnes du Figaro à ce sujet. "Une vingtaine de générateurs de vapeur sont potentiellement concernés, cela veut dire une petite partie du parc nucléaire français", a-t-il souligné. "Mais à ce stade, l'inventaire des équipements de Framatome [ex-Areva, devenue depuis une filiale d'EDF, ndlr] qui sont touchés n'est pas encore établi." L'énergéticien devrait fournir la liste complète d'ici une semaine ; cependant l'ASN estime qu'un minimum de 5 réacteurs seraient concernés, dans tout le pays, par ces anomalies. L'organisation se laissera ensuite un mois pour statuer sur la situation, se réservant la possibilité de "prendre des mesures conservatoires qui pourront aller jusqu'à l'arrêt des réacteurs si nécessaire", prévient Bernard Doroszczuk dans le quotidien.

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