INDUSTRIE. Invité à revenir sur les grandes lignes de son rapport consacré notamment au développement de la construction hors-site en France, le fondateur de l'association Real Estech, Robin Rivaton, a affirmé que les propositions du texte sont d'autant plus d'actualité avec les derniers arbitrages de la Réglementation environnementale 2020.

Malgré son dynamisme, le secteur de la construction reste atomisé, avec de faibles marges, un manque d'investissements et donc d'innovations, des complexités administratives allant crescendo, une hausse des coûts et des délais, et une baisse de la qualité. Le hors-site peut-il dès lors remettre le BTP sur les bons rails ? Robin Rivaton, fondateur de l'association Real Estech et missionné par l'ancien ministre du Logement Julien Denormandie pour co-rédiger un rapport sur les enjeux de demain dans la construction, en est persuadé : invité par l'incubateur de jeunes pousses Leonard à revenir sur les grandes lignes du texte, celui-ci a affirmé que les propositions qu'il a formulé avec le chef d'entreprise Bernard Michel sont d'autant plus d'actualité avec les derniers arbitrages de la Réglementation environnementale 2020.

 

 

Pour rappel, la construction hors-site englobe l'étape de préfabrication ainsi que la dimension industrialisée du transport entre le site de production et le site d'utilisation, et de l'assemblage sur ce dernier. Perçu comme une opportunité économique pour la construction, ce système présenterait de multiples atouts, de la réduction des coûts à un meilleur contrôle de la qualité en passant par la réduction des nuisances sur chantiers et le développement de techniques plus écologiques. Mais l'essor de la construction hors-site devra aller de pair avec celui des technologies numériques - au premier rang desquelles le BIM -, tout en bénéficiant de financements suffisants et adaptés pour que l'outil de production suive le rythme.

 

Les collectivités et les donneurs d'ordre appelés à aiguiller le secteur en direction du hors-site

 

D'où la quinzaine de propositions issues du rapport Michel-Rivaton, afin d'établir le "juste coût" des opérations de construction, de favoriser l'innovation industrielle, d'améliorer l'accès à la commande publique, de réaménager le cadre juridique du BTP, et enfin d'adapter la formation initiale et continue aux enjeux de la construction hors-site. Pour Robin Rivaton, il n'y a "pas d'opposition entre différents systèmes constructifs", ils sont tous complémentaires et font valoir des atouts qui leur sont chacun propres. Citant l'exemple de la préfabrication des années 1950-1960 qui a été une réussite sur le plan social, car elle a permis de loger décemment la population de l'après-guerre, mais un échec sur le plan architectural, avec des ensembles urbanistiques peu heureux, il assure d'ailleurs que le hors-site ne présente aucun risque d'une quelconque uniformisation des styles.

 

Le co-auteur du rapport, qui reconnaît que le hors-site possède "un coût financier non-négligeable", estime dans le même temps que "tout le monde peut s'y mettre"... en ayant tout de même conscience que l'investissement de départ est de l'ordre de "plusieurs dizaines de millions d'euros". Bien sûr, au vu de toutes les répercussions que le hors-site pourrait avoir, l'impact sur l'emploi dans le bâtiment serait dans tous les cas positif. Les collectivités territoriales dans le public, et les donneurs d'ordre dans le privé, sont tous deux invités à jouer un rôle "d'aiguillon" pour orienter les investissements et le développement industriel dans le domaine.

 

 

"Plus de transparence"

 

Ainsi, "la France a toute sa place pour jouer un rôle important dans la filière de la construction industrialisée à l'échelle mondiale", selon Robin Rivaton. Mais pour ce faire, "il faut donner plus de transparence à ce secteur en mettant en valeur ses atouts, en soutenant l'offre avec des outils de financement et des aides publiques, et en formant et en informant, afin de présenter et d'expliquer ce mode constructif, ses enjeux et ses conséquences".

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