CULTURE. Une exposition dédiée au travail de Norman Foster, figure incontournable de l'architecture, va bientôt voir le jour à Paris. Batiactu vous dévoile les secrets de cette future installation.

L'exposition promet d'être exceptionnelle. Le Centre Pompidou, à Paris, consacrera une rétrospective à Norman Foster du 10 mai au 7 août 2023. L'architecte, figure majeure mondiale dans son domaine, a signé une multitude d'ouvrages célèbres dans le monde. L'exposition parisienne dévoilera, dans un espace de 2.200 m², les différentes périodes du travail du Britannique et ses réalisations incontournables, comme le viaduc de Millau, le Carré d'Art (Nîmes), le siège de la Hongkong and Shanghai Banking Corporation ou encore les rénovations du British Museum (Londres) et du Reichstag (Berlin).

 

Au total, une centaine de projets de l'architecte sera présentée dans une galerie du musée parisien. La scénographie est assurée par Norman Foster lui-même. "J'aime à dire que cette exposition est une 'futurspective' plutôt qu'une rétrospective car nous parlons de durabilité. Par ailleurs, Frédéric Migayrou [commissaire de cette exposition] m'a encouragé à regarder mes 60 années de pratique architecturale", confie lors d'un point presse Norman Foster, prix Pritzker.

 

Une collection foisonnante de documents

 

Nature, histoire, mobilité, ville en hauteur… De nombreux sujets chers à l'architecte sont abordés. "L'exposition, qui se divise en huit thématiques, est aussi dense que la ville qui lui fait face", assure Frédéric Migayrou. Quatre cents dessins, dont ses premiers élaborés lorsqu'il avait 15 ans, des photographies, maquettes, prototypes, et des carnets de travail de l'architecte seront exposés. "D'aussi loin que je me souvienne, le croquis et le dessin ont toujours fait partie de ma vie. Pour moi, tout commence par un croquis, qui se mue en outil de communication au cours du long processus qui s'ensuit, au sein de l'agence et sur le chantier", affirme Norman Foster.

 

L'idée derrière cette exposition est de montrer la pluralité du travail de l'octogénaire. Maisons individuelles, musées, gratte-ciel, aménagements urbains, aéroports, écoles, sièges d'entreprise, lignes de métro, installations maritimes… L'homme est un touche-à-tout. Son agence, Foster + Partners, est l'auteure de plus de 400 projets. "Il est considéré comme une figure importante du courant high-tech, en raison du haut degré d'innovation technologique dont témoignent ses constructions", rappelle Frédéric Migayrou. Ce qui n'empêche pas Norman Foster, outre mesure, de développer une compréhension systémique globale de la nature, en conciliant progrès technologique et approche écologique durable.

 

Nature, urbanité et patrimoine

 

De ses débuts, en 1963, à aujourd'hui, il est célébré à travers les décennies. "Norman Foster intègre son architecture dans un contexte", insiste Frédéric Migayrou. "C'est l'une des idées fondamentales de l'architecte, tout comme celle d'instaurer un dialogue entre ses projets et l'Histoire." L'architecte considère, en effet, qu'il vaut mieux réhabiliter un bâtiment existant que d'en construire un neuf.

 

Viaduc de Millau Norman Foster
Viaduc de Millau, conçu par Norman Foster. © Daniel Jamme, Eiffage

 

Il réfléchit aussi à l'identité des villes et à intégrer soigneusement ses projets dans leur environnement, en redessinant, par exemple, la célèbre place de Trafalgar Square, à Londres. Ainsi, l'urbanité mais aussi la nature, deux mondes "parallèles" qui "se croisent de manière créative", selon l'architecte, sont étudiées dans cette exposition. Norman Foster croit qu'il est possible de préserver la nature en construisant "des agglomérations urbaines denses", et ce, en "garantissant l'intimité des habitants".

 

De l'importance de densifier les villes

 

Un autre sujet majeur, c'est celui de la ville en hauteur. "Une communauté verticale, bien desservie par les transports publics, peut être un modèle de développement durable", estime celui qui a dessiné de nombreux gratte-ciel. Il a notamment conçu la tour Hearst (New York) et sa structure à maille triangulaire verticale en acier, et "The Gherkin" (le cornichon), l'un des immeubles emblématiques du quartier financier de la City à Londres. "Nous avons été les premiers à remettre en question la tour traditionnelle, avec son noyau central d'installations mécaniques, de circulation et de structure, et à créer des espaces ouverts, superposés, flexibles et offrant de larges vues", témoigne-t-il.

 

Norman Foster The Gherkin Londres
St Mary Axe, alias "The Gherkin", à Londres. © Nigel Young, Foster + Partners

 

Norman Foster, c'est aussi une infinité de projets de réseaux et de mobilités. Il a travaillé sur une vingtaine d'aéroports (Mexico, Marseille, Amman, etc.), des gares et lignes de métro (Sydney, Toronto) mais aussi des infrastructures plus étonnantes, comme des microcentrales nucléaires aux Etats-Unis, un système aéroportuaire pour les drones en Afrique et des habitations lunaires et martiennes pour la Nasa et l'Agence spatiale européenne.

 

Aux visiteurs qui ne connaîtraient que quelques-unes de ses réalisations majeures, Norman Foster souhaite "leur révéler le processus derrière ces ouvrages", "leur donner un aperçu des différentes versions que nous pouvons imaginer d'un projet" et montrer qu'une architecture "naît toujours d'un dessin".

 

 

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