SÉCURITÉ. Après avoir été alertée par EDF, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) estime que les réacteurs atomiques présentant des anomalies peuvent continuer à fonctionner en l'état. De son côté, l'énergéticien assure poursuivre "ses échanges techniques" mais a dû revoir légèrement à la baisse ses perspectives de production nucléaire pour l'année 2019.

Plus de peur que de mal. Dans une note d'information publiée ce 24 octobre 2019, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) revient sur le signalement, par EDF, d'un "écart au référentiel technique" concernant la fabrication d'équipements sous pression de centrales nucléaires, majoritairement des générateurs de vapeur. Causé par le non-respect d'un intervalle de température requis sur la totalité de la surface à traiter lors du détensionnement appliqué aux soudures situées entre plusieurs composants, ce phénomène a été détecté par le constructeur Framatome sur la ligne de production de son usine de Saint-Marcel (Saône-et-Loire). Ce sont ainsi 18 générateurs de vapeur de réacteurs actuellement exploités qui ont été impactés par cet écart : Bugey 3, Fessenheim 2, Dampierre 4, Blayais 3, Blayais 4 et Paluel 2, sans oublier les générateurs en cours d'installation sur Gravelines 5. Une vingtaine d'autres équipements, toujours en fabrication ou en train d'être évalués, sont aussi concernés, à l'instar des générateurs de vapeur et du pressuriseur du réacteur EPR de Flamanville, dont la facture totale s'est encore alourdie.

 

 

Par conséquent, l'ASN a réalisé deux inspections le 18 septembre 2019 pour s'assurer "du périmètre des équipements concernés et des modalités de traitement de l'écart". En parallèle, EDF et sa filiale Framatome lui ont transmis des documents indiquant que "l'intégrité des équipements n'était pas remise en cause". Ce qui amène l'Autorité à la conclusion suivante : "Sur la base de ces éléments et après analyse, l'ASN estime que les réacteurs concernés peuvent continuer à fonctionner en l'état". Pour autant, les ingénieurs de l'Autorité ont demandé à l'énergéticien d'effectuer "des caractérisations des soudures concernées, notamment via des essais non-destructifs et des mesures d'épaisseurs", au moment des arrêts programmés de ces réacteurs, qui doivent s'étaler jusqu'à l'été 2020. De plus, "EDF devra engager un programme de travail afin de caractériser de manière détaillée les opérations réalisées au moment de la fabrication et les phénomènes constatés, à partir de maquettes, pour les différentes configurations des équipements", le tout sous contrôle de l'ASN. Dernière demande de celle-ci envers l'énergéticien : réaliser "une analyse des causes de cette situation, qui résulte principalement d'une qualification inadaptée du procédé de traitement thermique préalablement à sa mise en œuvre". Autant dire qu'EDF reste encore sous étroite surveillance de la structure publique.

 

Une production nucléaire légèrement plus faible que prévu pour la France en 2019

 

 

Celui-ci a d'ailleurs réagi dès le 25 octobre, en prenant acte de la décision de l'ASN. Par voie de communiqué, l'énergéticien a indiqué "[poursuivre] ses échanges techniques avec l'ASN sur ce dossier" et réaliser "des contrôles physiques" sur les soudures concernées des générateurs de vapeur de Blayais 4 (arrêté pour cause de rechargement de combustible nucléaire) et ceux, en cours de montage, de Gravelines 5. Des évaluations qui seront étendues aux équipements des réacteurs de Paluel 2 le 26 octobre 2019, de Dampierre 4 en janvier 2020, de Bugey 3 en avril 2020 et de Blayais 3 en mai 2020, lorsqu'ils seront à leur tour arrêtés pour procéder au rechargement de combustible. Selon EDF, la tenue de ces contrôles ne devrait d'ailleurs pas prolonger la durée de ces arrêts techniques. "Concernant Fessenheim 2, des éléments complémentaires confirmant l'intégrité du matériel concerné seront transmis prochainement à l'ASN", détaille le groupe. "S'agissant des équipements de l'EPR de Flamanville 3, ces contrôles seront réalisés après la phase des essais à chaud en cours."

 

Dans le même communiqué, EDF revient sur les perspectives de la production nucléaire française pour l'année 2019. En fait, de nombreux évènements - prévus pour certains, imprévus pour d'autres - ont conduit l'énergéticien à revoir très légèrement à la baisse le chiffre initial : avec 7 visites décennales, les opérations de contrôle et d'entretien mentionnées plus haut, "l'arrêt fortuit de Flamanville 1 pour la réalisation de travaux de maintenance sur les diesels" et "des conditions météorologiques ayant conduit à une modulation plus forte que prévue des réacteurs", le groupe table donc désormais sur une production annuelle d'environ 390 TWh pour l'année 2019, contre 395 TWh initialement. "Les objectifs financiers pour 2019 et ambitions 2020 restent inchangés", conclut toutefois le communiqué.

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