DÉBAT. Ce 16 février 2020, environ 300 personnalités ont signé dans la presse une tribune commune alertant sur la nécessaire transition écologique et énergétique que doit opérer, selon elles, le secteur du bâtiment et des travaux publics. Quelques propositions ont été formulées à la clé.

La veille du blocage de plusieurs cimenteries parisiennes par des militants d'Extinction Rébellion venus dénoncer l'impact du béton sur l'environnement, environ 300 personnalités ont signé dans le Journal du Dimanche une tribune commune alertant sur la nécessaire transition écologique et énergétique que doit opérer, selon elles, le secteur du bâtiment et des travaux publics. Parmi les signataires, on retrouve des responsables politiques, notamment des parlementaires de la France Insoumise, mais également des artisans, des entrepreneurs, des ingénieurs ou encore des architectes. Tous appellent à un débat public et formulent à la clé quelques propositions. Leur tribune débute par un constat d'"urgence à décarboner en profondeur les secteurs des transports, de l'agriculture et du BTP", ajoutant qu'"au-delà des niaiseries culpabilisantes habituelles, aucun débat sérieux n'a eu lieu, ne fût-ce que pour informer les citoyens des choix de société qui s'offrent à eux". L'argumentaire des signataires se fonde notamment "sur la base du travail d'une centaine d'experts", selon lequel "il a été démontré que l'on pourrait économiser 90 millions de tonnes équivalent carbone en dix ans et ainsi diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France rien qu'en changeant nos matériaux et systèmes constructifs".

 

 

Le ciment, l'acier et la brique mis en cause, face au bois et à la terre

 

Les 300 personnalités affirment que si les émissions de GES atteignent un niveau élevé dans l'Hexagone, "c'est à cause des matériaux comme le ciment, l'acier, la brique cuite et les polystyrènes qui sont chauffés pour être produits". Ils précisent : "Ces chiffres d'émissions peuvent donc se réduire drastiquement si l'on remplace ces matériaux cuits par des matériaux crus : du bois, de la fibre et de la terre crue... Par ailleurs, changer nos matériaux de construction permet non seulement de diminuer les émissions de CO2 mais aussi d'en stocker. Le bois et les fibres, en lien avec le processus de la photosynthèse, continuent de le faire tant qu'ils ne sont pas putréfiés ou incinérés."

 

 

Pour le reste, la tribune dénonce également l'impact environnemental des systèmes de ventilation et de climatisation, et plus largement celui de l'exploitation des bâtiments. In fine, les professionnels, spécialistes et politiques signataires demandent que quatre propositions soient étudiées de plus près par la puissance publique : "l'ouverture de plusieurs lycées professionnels spécialisés en éco-construction qui formeraient aux techniques d'isolation en fibres et de construction en terre crue ; la mise en place d'un indicateur précisant la quantité de carbone stockée dans le bâtiment ; l'utilisation de fibres végétales dans les habitations mal isolées pour lutter contre la précarité énergétique ; la remise au Parlement d'un rapport sur l'opportunité de développer des alternatives aux matériaux cuits".

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