La complexité accrue des projets, qui doivent désormais répondre à de multiples questions liées au développement durable, entraîne nécessairement le recours à des outils toujours plus performants et à des plateformes de mutualisation. Ce qui a une incidence technique : tous les intervenants ne disposant pas des mêmes logiciels, il est cependant nécessaire que tous puissent interagir. "D'où la nécessité de standards ouverts", déclare le responsable du programme numérique au CSTB. Un avis partagé par Pierre Mit, qui explique : "Ce qui est prôné par les organismes et les administrations, c'est la notion d'Open BIM, qui n'oblige pas à recourir à certains logiciels. La donnée est libre, nous voulons de l'open data, nous ne pouvons pas nous enfermer dans des formats propriétaires, même si ces derniers peuvent être utiles pour de grosses sociétés intégrées". Une tendance que suivent les développeurs de solutions informatiques comme Nemetschek Allplan avec son BIM+, au format IFC Open BIM. "L'outil permet de stocker, partager, visualiser, échanger et de se connecter autour de la maquette numérique", explique l'éditeur.
"L'outil est fait pour être utilisé jusqu'à la déconstruction d'un bâtiment ou sa réhabilitation", poursuit Pierre Mit. "Il sera utilisé pendant un an en conception, pendant deux ans en construction, mais, au niveau de l'exploitation, ce sera pendant 30 ans !". Une mine d'informations précieuse pour mieux connaître le patrimoine immobilier et maîtriser les risques. "Une bonne gestion documentaire c'est du temps gagné et une fiabilité accrue", estime le président de l'Untec. Et ce serait surtout une source d'économies, car le coût de la perte d'informations serait important. "Il faut refaire des plans, régler les malfaçons… La plus-value d'une parfaite information d'un bien vendu peut se monter à plusieurs centaines de milliers d'euros sur une seule opération !", conclut Pierre Mit. "Effectivement, il y a une prise de conscience de l'importance et de la valeur de l'information fiabilisée, géo-localisée", renchérit Souheil Soubra du CSTB.

 

Une maquette pas encore généralisée
De nombreuses étapes restent à atteindre : au niveau des composants industriels notamment, dont les caractéristiques et données techniques doivent impérativement être renseignées. Ceci afin que les bureaux d'études puissent disposer d'informations complètes, bénéficier de simulations très détaillées pour permettre un passage au chantier facilité, représentant bien la complexité constructive des projets. Quant à la généralisation du BIM, elle n'est pas pour tout de suite. "Il faut que les Hommes changent leur mentalité et leur façon de travailler. Pas encore bien intégré, il est nécessaire de s'approprier ce nouveau mode de conception, ce qui n'est pas encore une pratique courante", déplore Pierre Mit. "Les architectes doivent s'y mettre et être le support de cette maquette numérique !".

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