INTERVIEW EXCLUSIVE. A quelques heures du match inaugural de l'Euro-2016 de football, Thierry Braillard, secrétaire d'Etat aux Sports, considère que "cet événement a été le moyen de contribuer à une modernisation du parc des stades français." Et de nous confirmer que "tous les signaux sont au vert." .

Batiactu : Dans quelques jours, le coup d'envoi de l'Euro-2016 de football sera donné dans l'ensemble des dix stades français. Un programme de travaux pour rénover et repenser les principales enceintes sportives en France, s'élevant à 1,7 milliard d'eurosn était-il indispensable ?

 

Thierry Braillard : Cet événement a été le moyen de contribuer à une modernisation du parc des stades français dont le standard moyen était en-deçà de celui de pays européens proches tels que l'Angleterre, l'Allemagne.

 

L'Etat a ainsi pu mobiliser une enveloppe de 152 millions d'euros allouée aux collectivités locales en charge de la construction et rénovation des stades dans le cadre de sa participation au financement des stades de l'Euro, via le Centre national de développement pour le sport (CNDS).

 

Au total, grâce notamment à des 'clauses d'insertion', je me félicite que plus de 500.000 heures de travail aient été recensées à ce jour, et près de 100.000 personnes impliquées principalement dans la phase de construction ou de rénovation des stades.

 

Batiactu : Quel regard portez-vous sur ces stades de nouvelle génération ?
Thierry Braillard :
L'organisation de l'Euro-2016 a été un formidable levier afin de doter la France d'enceintes de nouvelle génération, lui permettant ainsi de combler une partie de son retard avec ses voisins européens en la matière.

 

Innovantes non seulement au travers de leur financement - financement entièrement assuré par le club propriétaire (Parc OL), PPP (Lille, Nice, Bordeaux), mise en place de contrats de naming (Nice, Bordeaux) -, ces enceintes neuves mettent en lumière les dernières innovations techniques et technologiques et assurent la promotion internationale du savoir-faire français en la matière. Elles constituent en cela une vitrine de ce savoir-faire que l'organisation d'un évènement tel que l'Euro saura plus que mettre en valeur.

 

S'agissant de ces innovations, elles s'avèrent être multidimensionnelles et concernent notamment des thématiques liées au développement durable, à la connectivité, à l'accueil de compétitions sportives de toute autre nature que celles hébergées par un stade de football, à la technologie architecturale, etc.

 

Batiactu : Quel rôle a joué la qualité architecturale des stades dans les candidatures ?
Thierry Braillard :
Le choix appartient aux porteurs de projets que sont les collectivités locales. Les maîtres d'ouvrage ont ainsi fixé les critères de la sélection des projets qui ont pu être déterminants dans la qualité des équipements de l'Euro-2016. Mais je suis satisfait de constater l'excellence des projets retenus et mis en œuvre.

 

Batiactu : Face à la menace terroriste, vous promettez que la sécurité sera "optimale", que ce soit dans les enceintes sportives, dans les sites qui hébergeront les équipes ou dans les fan-zones. La sécurisation des stades est-elle remplie aujourd'hui ?
Thierry Braillard :
Avant même les événements qui ont touché la France en 2015 et la Belgique en mars 2016, le ministère de l'intérieur avait, avec l'organisateur Euro 2016 SAS, conçu des dispositifs permettant de répondre à de hauts niveaux d'intensité. D'ailleurs, dès septembre dernier le ministre de l'Intérieur a signé un protocole avec la Fédération française de Football répartissant les tâches de chacun en matière de sécurité et de secours.

 

La sécurisation des stades avec plus de stadiers par rapport à un match international classique, des palpations systématiques avec détecteur de métaux, un pré-filtrage très en amont qui s'appuie sur des forces de police, des services d'intervention pré-positionnés dans les stades et de nombreux renforts, notamment en forces mobiles, à l'extérieur des stades, répond aux plus grandes exigences en matière de sécurisation.

 

Batiactu : En fin d'année, vous avez créé une commission sur la gestion des enceintes sportives, où en est-on ? Et quelle en est la finalité ?
Thierry Braillard :
Lancée le 2 octobre 2015, la Grande Conférence sur le Sport Professionnel Français a abouti, après sept mois d'intenses travaux menés au sein de chacun des six groupes de travail mis en place, à un rapport qui m'a été rendu le 19 avril 2016.

 

 

L'un de ces groupes de travail, dédié à l'exploitation des enceintes sportives, a basé ses travaux sur un constat unanimement partagé (et renforcé au fil des auditions menées) : celui d'une sous-exploitation des enceintes sportives dédiées au sport professionnel français.

 

Ainsi, dans l'optique de remédier à cette carence, 15 propositions concrètes ont été structurées autour de 3 objectifs : sécuriser les relations entre les collectivités territoriales et les clubs; optimiser l'exploitation des enceintes sportives détenues par les collectivités; et favoriser la propriété des enceintes par les clubs professionnels. L'étude de ces propositions devrait mener à l'intégration d'une partie d'entre elles dans une proposition de Loi avant la fin de la mandature.

 

"Les PPP ? Il est néanmoins nécessaire d'y garder une attention particulière."

 

Batiactu : Au final, comptez-vous rompre les PPP ou envisager un nouveau type de contrat ?
Thierry Braillard :
Il est aujourd'hui difficile d'avoir le recul nécessaire pour apporter une réponse aussi catégorique. Les stades ayant fait l'objet d'un contrat de PPP ont été livrés trop récemment pour émettre un jugement définitif sur l'efficacité de ce type de contrat. Il est néanmoins nécessaire d'y garder une attention particulière. En marge des quatre stades de l'Euro-2016, plusieurs autres expériences se sont révélées douloureuses, notamment au Mans et à Grenoble, où des difficultés financières ont entraîné la chute sportive de ces clubs. Dans ces cas précis, les collectivités territoriales se sont retrouvées seules pour supporter le coût financier lié à la signature du PPP.

 

Interview réalisée courant mai 2016, mise à jour ce jeudi 9 juin.

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