Concernant la politique de maintenance des centrales nucléaires françaises, la juridiction financière juge que "la politique (a été) remise à niveau" mais que "des incertitudes (restent) à lever". Rappelons qu'un programme dit de "Grand Carénage" a été lancé par EDF pour la période 2014-2025, afin d'améliorer la sûreté des installations atomiques, suite à la catastrophe de Fukushima, et de prolonger la durée de vie des centrales au-delà des 40 années d'exploitation initialement prévues. Si ce programme est estimé à 56,4 Mrds € par l'énergéticien national, montant qui correspond au seul montant des investissements prévus sur les 11 ans, la Cour des comptes adopte un point de vue plus large, d'abord sur la période, étendue jusqu'en 2030, et qui prend en compte les opérations d'entretien. Les deux évaluations se complètent, avec des investissements évalués à 75 Mrds € et des dépenses d'exploitation de 25 Mrds €, soit 100 Mrds € au total "pour maintenir le parc actuel en état de répondre à la consommation électrique et aux normes de sûreté nucléaire".

 

La Cour des comptes estime que, jusqu'à présent, la politique d'EDF a permis de répondre aux besoins dans de bonnes conditions de sécurité, même si le recours à l'externalisation s'est accru. "L'entreprise a pu enrayer, au prix d'un effort d'investissement accentué après 2007, la dégradation des indicateurs de performance du parc, due pour l'essentiel à un sous-investissement dans les années 2000 et à des faiblesses dans l'organisation des arrêts de tranche", précisent les spécialistes de l'argent public. Ils poursuivent : "Malgré les incertitudes identifiées à ce jour, estimées environ à 13,3 Mrds €, les effets de ce programme de maintenance sur le coût de production de l'électricité nucléaire sont limités". En matière d'emploi, le secteur représente environ 220.000 emplois directs et indirects, pour un chiffre d'affaires global de 46 Mrds € (dont 12 % à l'export) et il serait nécessaire de recruter 110.000 salariés d'ici à 2020, afin de répondre aux besoins. La Cour des comptes formule différentes recommandations, dont l'identification des impacts industriels et financiers de la Programmation pluriannuelle de l'énergie, et l'intensification des recrutements et des efforts de formation de la part des acteurs de la filière, publics et privés, afin de combler les pénuries identifiées.

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