ÉCONOMIE. Le directeur général du groupe de matériaux de construction, Benoît Bazin, souhaite que la France adopte une "logique d'investissement" sur 10 ans pour faire passer les chantiers de rénovation énergétique à la vitesse supérieure. Le dirigeant a également appelé de ses voeux un "plan massif" pour faire baisser la facture énergétique des bâtiments publics.

La France n'investit pas assez dans sa politique de rénovation énergétique des logements : voici le principal message porté par le directeur général de Saint-Gobain, Benoît Bazin, lors de la cérémonie des voeux du groupe spécialisé dans les matériaux de construction ce 5 janvier. "Au XXIe siècle, quand il y a un sujet majeur d'investissement pour la planète, il faut entrer dans une logique d'investissement, s'engager de façon pluriannuelle", a déclaré le dirigeant, d'après des propos rapportés par l'Agence France Presse.

 

 

Le géant du CAC40 attend donc que les pouvoirs publics prennent cette voie en étalant l'effort sur 10 ans, afin de faire passer les chantiers de rénovation énergétique à la vitesse supérieure et de donner suffisamment de visibilité aux professionnels du bâtiment, lesquels ont en outre besoin de financer un important plan de formation pour pouvoir suivre la cadence. "Je sais que c'est très difficile pour les collectivités d'entrer dans une logique pluriannuelle alors qu'on est sur des annuités budgétaires en comptabilité publique", a reconnu Benoît Bazin.

 

D'après le patron de Saint-Gobain, le plan France 2030 "planifiait un peu la programmation climatique mais pas assez celle des compétences". Le secteur de la construction se situe "au carrefour stratégique des sujets énergétiques et climatiques" et doit par conséquent gagner en compétences, notamment sur la décarbonation de ses matériaux ou l'analyse de leur cycle de vie. Ce qui implique de procéder à un grand nombre de recrutements dans la filière.

 

Des financements et des compétences

 

Benoît Bazin avait déjà demandé à l'automne dernier la mise en oeuvre d'un "plan Marshall" de la rénovation énergétique, qui "n'existe pas" à l'heure actuelle selon lui. Il défendait alors que le budget de Ma prime rénov' soit augmenté à 10 milliards d'euros en 2023, ce sans ajouter de dépenses nouvelles. L'idée était de ponctionner l'enveloppe budgétaire du bouclier tarifaire contre l'envolée des prix énergétiques, dans l'optique de faciliter le lancement de grands plans de rénovation et d'isolation des parcs public et privé.

 

 

Mais entre-temps, le projet de loi de Finances 2023 n'a accru le budget de Ma prime rénov' que de 500.000 euros, pour atteindre un total de 2,5 milliards d'euros sur l'exercice 2023. Insuffisant pour le directeur général de Saint-Gobain : "Nous plaidons pour un plan massif pour faire baisser la facture énergétique des bâtiments publics, écoles, hôpitaux, et augmenter le confort des gens qui sont à l'intérieur", a-t-il indiqué.

 

Dans le secteur du logement, "lorsque tout le parc sera au standard basse consommation, la France n'aura plus besoin d'importer de gaz du tout", a pour sa part avancé Thierry Fournier, directeur général de Saint-Gobain pour l'Europe du Sud. Le responsable a souligné que le parc actuel de 36 millions de logements français compte "plus de 5 millions [de] passoires énergétiques".

actionclactionfp