Les artisans du bâtiment ne décolèrent pas. Cette fois-ci, c'est contre les stationnements, embouteillages et autres contraventions qu'ils pestent. A Paris, Montpellier ou Toulouse, si le coût des amendes peut être répercuté sur la facture des clients, certaines entreprises refusent carrément de travailler sur les chantiers en centre-ville. Décryptage.

Les artisans ont trouvé un autre sujet de discorde: le stationnement en centre-ville. A Paris, où près de 86.000 places de stationnement ont été supprimées depuis 2001, selon Le Figaro, les professionnels, qui interviennent en centre-ville, finissent donc souvent par se garer où ils peuvent ou par "monopoliser" des espaces de livraisons au-delà des 20 minutes réglementaires.

 

"Des espaces livraisons squattés par des voitures de particulier, des accès de moins en moins faciles dans le centre-ville de Paris, mon entreprise de plomberie et chauffagiste installée à Villeneuve-Le-Roi (Val-de-Marne) est concernée régulièrement, nous confie Daniel Attali, représentant de la section chauffage-plomberie-couverture à la Capeb Paris et grande couronne. C'est un problème supplémentaire qui s'ajoute aux charges quotidiennes : compte-tenu de ma petite flotte (Ndlr : 2 véhicules), cela représente 1.000 euros de perdu à l'année."

 

Nouveau visage des centre-villes
En effet, les artisans partagent la même "galère", que ce soit à Paris, Montpellier ou Toulouse aussi. "Aujourd'hui, nous constatons bien que les nouvelles politiques d'urbanisme des grandes villes laissent moins de place à la voiture: piétonnisation de quartiers, aménagement de stations de vélos ou voitures en libre-service, nous explique à son tour Aline Bedouret, présidente de la Capeb Haute-Garonne. Cela devient atroce à Toulouse, nos artisans ne peuvent plus stationner durant les travaux d'urgence comme les fuites d'eau ou coupures de gaz… Sans compter les longs travaux de rénovation en centre-ville." Or, malgré la charte consacrée au "Stationnement des professionnels de l'urgence et de la maintenance à domicile" qui a été mise en vigueur en 2012, la Capeb Haute-Garonne estime que cette mesure "n'est pas suffisante car elle met selon elle beaucoup de temps à se mettre en place. La municipalité doit réagir vite surtout pour les travaux d'urgence."

 

Même son de cloche à Montpellier, mais un peu plus modéré, de Pascal Christol, chargé du service économique de la Capeb Hérault :
" Beaucoup de nos adhérents préfèrent travailler à l'extérieur du centre-ville, car certains savent bien qu'il s'agit d'une ville ventouse, là où les voitures restent stationnées dans les rues. D'autres optent désormais pour un scooter, une moto aménagée ou bien pour un petit véhicule électrique pouvant contenir 200 kg de charges utiles…" Et d'ajouter : "Certes, à Montpellier, nous avons accès à des stationnements pour pouvoir intervenir trois fois dans la journée sur un créneau de 1h30 mais cela ne suffit pas…" Par ailleurs, la grande ville héraultaise compte sur un nouveau système "PIAF", un horodateur embarqué, qui facturera bientôt le temps de stationnement effectif.

 

Un impôt sur les factures ?
Chaque agglomération a sa méthode pour faciliter le travail des artisans. Par exemple à Bordeaux, la mairie a décidé, en 2006, d'allonger la durée du stationnement et multiplié les aires de manutention. "A Paris, la mairie se dit très attentive à la situation et propose des cartes Sésame pour les artisans, nous indique Daniel Attali, de la Capeb Grand Paris. Cela permet de stationner pendant 10 heures consécutives sur le même emplacement au tarif de 0,65€ par jour. Et malheureusement la carte Sésame est certes une aide…. Mais ce n'est pas la solution."

 

 

Le fameux "macaron" est aussi disponible pour les dépannages d'urgence, offrant une 'certaine tolérance' de stationnement. "Nous attendons de voir ce que proposera prochainement la Ville et ses partenaires du commerce, de la distribution et du transport au cours du mois de septembre. Nous voulons la même place réservée et aux taxis et aux ambulances…", conclut l'artisan francilien. De son côté, la mairie de Paris souligne à Batiactu: "Dans ce cadre, un travail spécifique a été mis en place avec les Chambres consulaires pour mieux connaître les besoins des professionnels mobiles, ce travail constructif permet de réfléchir ensemble aux solutions envisageables, les résultats de cette étude sont attendus pour la fin de l'année.

 

Concernant les additions de contraventions, qui se retrouveraient directement sur la facture du client, les Capeb interrogées n'en disent pas davantage. Un artisan indique : "Cela peut se négocier mais au cas par cas avec le client." "Je ne pense pas que nos artisans adhérents augmentent leurs tarifs lorsqu'ils interviennent en centre-ville", intervient Aline Bedouret, à Toulouse. Mais, je le répète ce n'est pas une partie gagnée à l'encontre de la municipalité… Parmi nos contrariétés actuelles qui seront relayées le vendredi 13 septembre dans la rue, celle-ci en fait partie. C'est bien l'autre gros souci de l'artisan ! ".

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