RÉACTION. Après que l'État a clairement affirmé le rôle positif de l'électricité dans le Bâtiment, via la future RE2020, la filière gaz assure à Batiactu qu'elle continuera d'avancer ses arguments durant la phase de préparation du texte.

"Nous allons continuer à nous battre." Ce sont les propos de Bernard Aulagne, président de Coénove, association réunissant les acteurs de la filière gaz, contacté par Batiactu. Ce 3 décembre, lors du colloque de l'Union française de l'électricité, l'administration a en effet assumé vouloir soutenir l'énergie électrique dans la future réglementation environnementale 2020 (RE2020). Coénove regrette notamment la manière de faire. "Nous trouvons inconvenant, si ce n'est choquant, que l'administration choisisse un colloque de l'UFE pour déclarer sa flamme à l'électricité", observe Bernard Aulagne.

 

Une première alerte en avril 2019

 

Avant de préciser que, sur le fond, il n'est pas surpris. "La première note de cadrage datant d'avril [lire notre article ici, NDLR] proposait déjà de baisser le coefficient d'énergie primaire à 2,1, finalement il semblerait que cela soit 2,3..." Une décision "artificielle", juge Coénove, qui n'aurait que pour but de favoriser le retour de l'effet-joule dans les bâtiments et en sortir le gaz. "L'Union européenne a proposé une méthode objective pour calculer ce facteur de conversion : pourquoi ne l'appliquons-nous pas et y instaurant une clause de revoyure tous les cinq ans ?"

 

 

Quant au contenu carbone de l'électricité, qui pourrait être fixé à 80 grammes CO2/kW.h, "tous les spécialistes savent que quand il st utilisé pour le chauffage, ce chiffre est supérieur, notamment lors de la pointe d'hiver", assure Coénove. Enfin, l'argument avancé par la DGEC, selon lequel la RT2012 aurait favorisé le gaz, ne tient pas : "La pompe à chaleur ne souffre pas de la réglementation actuelle ; il s'agit bien avec la RE2020 de signer le retour du convecteur électrique. J'espérais que l'État aurait une vision plus équilibrée, sans favoriser une énergie par rapport à une autre, cela ne semble pas être le cas." L'association avait proposé, il y a quelques mois, un scénario alternatif à "l'électrification massive" pour atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone 2050. "L'électricité n'a pas le monopole de la décarbonation : d'autres solutions existent comme le gaz vert, mais encore faut-il que les pouvoirs publics ne nous mettent pas des bâtons dans les roues...", rappelle Bernard Aulagne.

 

Certains voient dans le soutien de l'État à l'électricité une manière de préparer le terrain à la construction de nouveaux EPR, idée qui semble de plus en plus être dans l'air ces temps-ci. "Quoi qu'il en soit, lorsque l'on voit le coût et les retards engrangés par l'EPR de Flamanville, cela pose question...", commente le président de Coénove.

Pour l'association Équilibre des énergies, les propos de la DGEC "ne devraient choquer personne"
Contactée par Batiactu, l'association Equilibre des énergies (Eden) accueille favorablement la prise de position de la DGEC. "Cette déclaration ne nous étonne pas et ne devrait choquer personne: la stratégie énergie-climat, en instance d'approbation au travers de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), reconnaît que la part de l'électricité dans le bilan en énergie finale de la nation devra doubler d'ici 2050 si l'on veut parvenir à la neutralité carbone", nous explique Jean-Pierre Hauet, président du Comité scientifique, économique, environnemental et sociétal d'Eden. "Il faut bien que cette réalité se traduise dans les faits, ce qui évidemment implique un changement de portage important dans les secteurs clés que sont la mobilité et le bâtiment. Ceci est parfaitement admis dans le cas du véhicule électrique mais est toujours contesté dans le cas du logement où le gaz fossile occupe aujourd'hui 75% du marché en logements collectifs et où la trajectoire carbone est très en retard sur les prévisions."

 

Eden, pour rééquilibrer les énergies, appelle également à supprimer le coefficient d'énergie primaire. "Cet indicateur est trompeur et conduit à des choix non conformes à l'intérêt général", explique Jean-Pierre Hauet. "L'énergie consommée devrait être le seul critère utilisé pour déterminer la performance énergétique des bâtiments, neufs comme existants. Si malgré tout, on persiste à vouloir conserver encore un temps le vieux critère de l'énergie primaire, il faut que le coefficient soit aligné, a minima, sur le coefficient proposé par défaut pour l'Union européenne, c'est-à-dire qu'il soit ramené de 2,58 à 2,1. Sinon, nous continuerons pendant des années à diverger par rapport aux objectifs. Rappelons qu'en Suède, qui a un mix électrique et énergétique assez similaire à celui de la France, le coefficient est de 1,6."

 

Autre réaction aux propos de la DGEC, celle de l'organisation Enerplan, défendant les intérêts du photovoltaïque, sur les réseaux sociaux, via sa vice-présidente et son délégué général :

 

 

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