Les Halles de Paris connaîtront mercredi 15 décembre une nouvelle phase de leur histoire chahutée avec l'annonce par Bertrand Delanoë du choix de l’architecte qui réaménagera ce quartier. Une chose est certaine, ce réaménagement s’impose désormais comme une évidence.

De l’avis de nombreux observateurs, un des quatre architectes sélectionnés fait figure de favori : le Français David Mangin, avec son toit géant (en photo), mais il serait talonné par le Néerlandais Rem Koolhaas et ses "émergences colorées". Un choix entre raison (Mangin) et coeur (Koolhaas), "classique" et "baroque", commentait un proche du dossier.
Les deux autres projets sont signés du Français Jean Nouvel ("prairie suspendue") et du Néerlandais Winy Maas ("vitrail vertical"). Ce dernier, dont le plan est impraticable techniquement, paraît hors course. Par ailleurs, dans l'entourage de Jean Nouvel, l'optimisme n'était pas de mise.
Ce n’est bien sûr qu’un pronostic. Car le maire de la capitale a gardé le secret sur sa ou ses préférences entre les quatre propositions architecturales en lice et une surprise ne peut être exclue.

"On proclamera un nom d'architecte, mais il sera avant tout un coordinateur", selon une source municipale citée par l'AFP.
Selon des proches du dossier, M. Delanoë pourrait annoncer "c'est X, mais son projet doit être revu" ou "c'est X, mais il devra travailler avec Y". Rappelons qu’en octobre, l'adjoint à l'Urbanisme Jean-Pierre Caffet avait dit que le marché de maîtrise d'oeuvre pourrait aller à "un ou deux des candidats".
Certains imaginent encore que le maire reporte sa décision, par exemple après celle du Comité international olympique sur les Jeux de 2012, le 6 juillet 2005.

A la SEM-centre, qui a piloté le dossier, on estime que le projet final aura peu à voir avec les maquettes présentées au public.
"Tout commence le 15 décembre", lance Alain Le Garrec (PS), président de cette société d'économie mixte.

A cette date, le maire, qui s'exprimera après une réunion décisive de la commission d'appel d'offres (où les socialistes sont majoritaires), expliquera ce qu'il veut pour les Halles.
Coeur et ex-ventre de Paris, cet espace compliqué, traumatisé par la destruction des pavillons Baltard dans les années 70, collectionne les records : plus grande gare d'Europe (800.000 passagers/jour), plus grand centre commercial de Paris, plus grande Fnac du monde, plus grand complexe cinématographique européen...

Pour ce lieu stratégique, les débats ont fait rage. Pas facile de combiner les demandes "a minima" des riverains, la continuité des métros et RER, l'hostilité des alliés Verts du maire à toute densification, les nécessités commerciales,... Unibail, puissant gestionnaire de la zone commerciale, a fait valoir que ce devait être Mangin ou "la guerre", relève-t-on à la SEM-Centre.

Les quatre équipes avaient été choisies en avril parmi 32 ayant répondu à un appel d'offres européen ("marché de définitions", très flexible). En octobre, elles avaient rendu une version revue à la baisse et aucun projet n'a fait l'unanimité. "Je suis déçu", dit Jean-François Legaret, maire UMP du Ier, pour qui tous les plans manquent de vision.
Pour Christophe Girard, l’adjoint Vert du maire de Paris, "ce sera toujours mieux qu'avant".

Car le coeur de Paris, qui abrite notamment le Forum des Halles, premier centre commercial de centre-ville en France, est victime d'erreurs urbanistiques, de dysfonctionnements et d'un vieillissement précoce, qui rendent impérative une intervention sur ce site.
Les pavillons imaginés par l'architecte Jean Willerval (les "parapluies"), outre leur dessin contesté dès l'origine et très daté, sont attaqués par la corrosion. Leurs recoins sont inadaptés à un des sites les plus passants de Paris (sécurité, déchets, urine...) et leur entretien est difficile et coûteux.
Leurs terrasses - qui présentent des problèmes d'étanchéité - abritent des équipements pour lesquels ils n'étaient pas faits (conservatoire dans ce qui devait être une serre...).

Côté transport, la situation est tout aussi critique. Les accès au métro et RER sont insuffisants. L'essentiel des passages se fait par un escalier roulant unique, très "anxiogène", pris d'assaut aux heures de pointe.
La salle des échanges de la gare RER est malcommode, il est difficile de s'y orienter, avec des correspondances (3 RER, 5 métros) complexes. Plus graves, les conditions d'évacuation doivent être mises aux normes, comme le désenfumage. Enfin, l'accessibilité aux personnes handicapées, âgées ou avec enfants est à revoir.

A l’extérieur, le jardin offre des cheminements compliqués, barrés par le "cratère" du premier forum. Morcelé, il n'offre que 44% de surface végétalisée praticable.
Bref, autant d’arguments qui plaident pour un réaménagement impératif.

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