La ministre de l'Environnement a donné son accord de principe pour porter de 40 à 50 ans la durée d'exploitation des centrales nucléaires, sous réserve d'une acceptation par l'Autorité de sûreté nucléaire. Une décision qui scandalise les écologistes, malgré l'assurance de Ségolène Royal, que la part de l'atome dans l'électricité française sera bien ramenée de 75 à 50 %.

Sur l'antenne de France 3, Ségolène Royal a affirmé être prête à prolonger, de dix ans, la durée de vie des centrales nucléaires françaises, "sous réserve de l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire". La ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer, qui préside également la COP21 depuis une douzaine de jours, explique cette décision : "Les centrales exploitées par EDF sont déjà amorties, et donc produiront une électricité meilleur marché". Le président d'EDF, Jean-Bernard Lévy, avait déjà dévoilé, à la mi-février, que "l'Etat a donné son accord pour que nous modernisions le parc actuel de façon à ce que la durée de vie qui a été conçue pour 40 ans, nous la montions à 50 et 60 ans, sous réserve que la sécurité nucléaire soit garantie". L'Agence a d'ores et déjà fait savoir qu'une telle décision ne serait pas prise avant 2018.

 

L'atome et/ou les renouvelables ?

 

L'annonce n'entrerait pas, selon la ministre, en opposition avec l'esprit de la loi de Transition énergétique (LTE). Cette dernière prévoit que la part de l'électronucléaire dans la production française soit ramenée de 75 % à 50 % dans les dix ans, grâce à une montée en puissance concomitante des EnR. Le parc des centrales actuelles, au nombre de dix-huit, atteint les 63,2 GW de capacités grâce à 58 réacteurs. Les plus anciennes centrales, Fessenheim (Haut-Rhin) et Bugey (Ain), avaient été construites au début des années 1970 pour une entrée en service en 1977-1978. Elles approchent donc de la limite théorique pour leur exploitation et il est prévu que la première soit fermée à l'horizon de 2017 ou 2018, au moment où l'EPR de Flamanville entrera en service et pourra compenser la perte de production. Jean-Bernard Lévy avait également précisé, en février : "Il n'y a pas d'autre fermeture de prévue dans les dix ans à venir", écartant de facto celle de la centrale de Bugey.

 

Les réactions des écologistes ne se sont pas fait attendre. David Cormand, le nouveau secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts a twitté : "Après Notre Dame des Landes, j'apprends que Ségolène Royal met à mort la LTE en prolongeant les centrales nucléaires de 10 ans. L'écologie c'est fini". De son côté, le Syndicat des énergies renouvelables, contacté par Batiactu, souhaite attendre les débats sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) qui doivent intervenir au début de mois de mars, afin d'en savoir plus sur les modalités de ce maintien en production des centrales, qui pourrait potentiellement ralentir la transition vers les renouvelables.

actionclactionfp