La liaison ferroviaire sous les Alpes, entre Lyon et Turin fait donc partie des projets qui sont mis en pause par le président de la République. Le temps de définir des priorités budgétaires dans le secteur des transports, indique Elisabeth Borne.

Le chef de l'Etat avait annoncé, le 1er juillet dernier à Rennes, que la priorité de son quinquennat serait donnée aux transports du quotidien plutôt qu'aux grands projets d'infrastructures. Après le canal Seine-Nord Europe, c'est au tour du projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin de faire l'objet d'une réflexion sur une éventuelle pause. La ministre des Transports elle-même l'a affirmé ce 19 juillet 2017.

 

 

Elisabeth Borne a toutefois mentionné les spécificités de ce projet, "financé à 40 % par l'Union Européenne, mais aussi à 35 % par l'Italie" et qui "fait partie des réseaux transeuropéens". La décision concernant la suite à donner ne saurait donc être unilatérale. Il est prévu que des Assises de la mobilité soient organisées à Paris au mois de septembre, afin de préparer "une grande loi d'orientation sur les mobilités". Cette dernière devrait ensuite être présentée au Parlement pour y être débattue au premier semestre 2018. Des arbitrages entre les différents projets (liaisons ferroviaires, nouvelles lignes à grande vitesse, canaux, autoroutes) seront rendus à ce moment. La ministre précise : "Nous allons nous contraindre à équilibrer de façon prévisionnelle, année par année et dans la loi, nos programmes d'investissements. Et ces choix structurants, qui peuvent être difficiles comme on peut l'imaginer, c'est bien le Parlement qui les portera".

 

Un projet déjà entamé

 

 

Pour rappel, 81 appels d'offres d'un montant total de 5,5 milliards d'euros ont été présentés à 400 entreprises il y a exactement un mois, par la société maître d'ouvrage du tunnel dite TELT. Ces marchés, répartis en 12 chantiers (9 pour les travaux y compris les connexions au réseau existant) et trois pour des activités connexes (valorisation des déblais, sécurité, installations et équipements), pourraient impliquer plus de 8.000 personnes, de façon directe et indirecte. Des entreprises interviennent déjà sur site, puisque le tunnelier de la galerie de reconnaissance de 9 km de long avait été inaugurée le 21 juillet 2016, par Manuel Valls, en présence du mandataire du groupement TELT et Spie Batignolles TPCI/Sotrabas/Eiffage TP/Ghella/CMC di Ravenna/Cogeis. Près de 450 ouvriers étaient déjà mobilisés sur site en période de pointe. le gestionnaire se veut rassurant : pour lui, "pause" ne signifie pas "suspension". Il détaille : "Ce n'est pas une suspension de l'activité, c'est à dire des chantiers de reconnaissance qui sont engagés. Il s'agit d'engager une réflexion pour poser le cadre général de la pérennisation des financements à moyen et long terme". Le calendrier resterait donc inchangé.

 

L'annonce de la temporisation a été saluée par Eric Piolle, le maire de Grenoble. Ce dernier, qui avait retiré le financement de sa ville au projet en 2016, évoque "une sage décision". Pour lui aussi, "la priorité doit être donnée sans plus attendre au maintien du réseau ferré du quotidien, trop souvent fragilisé, et aux travaux sur les lignes TER". Daniel Ibanez, qui coordonne les plus farouches opposants au projet de liaison ferroviaire, estime même que "le bon sens c'est d'arrêter ce projet". D'autres élus locaux, au contraire, comme la députée de Savoie ou le maire de Chamonix, se sont déclarés favorables au projet, soulignant l'importance du fret ferroviaire pour désengorger les vallées alpines et lutter contre la pollution liée aux camions. Tous demandent des éclaircissements à l'exécutif.

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