ENTREPRISES. Face aux inquiétudes croissantes autour du remboursement des Prêts garantis par l'Etat, Bruno Le Maire a indiqué que l'Etat négocie actuellement avec les banques le taux le plus avantageux possible. Le ministre de l'Economie ouvre aussi la porte à d'autres outils de soutien aux entreprises, notamment les plus petites.

Alors que la rentrée de septembre se rapproche et que les perspectives économiques et sociales pour la fin de l'année sont loin d'être encourageantes, le Gouvernement insiste une nouvelle fois sur la batterie de mesures mise en place dès le confinement sanitaire de mars dernier et assure suivre la situation de près. Dans une interview donnée à nos confrères des Echos, Bruno Le Maire a rappelé que la France doit faire face à "la crise économique la plus grave de l'histoire contemporaine" et que "des incertitudes réelles" continuent à planer sur l'économie nationale. Dans ces conditions, le ministre maintient ses prévisions de croissance à -11% pour l'année 2020, tout en restant prudent sur d'éventuels chiffres pour 2021.

 

Reprenant le message officiel appelant les Français à mobiliser leur épargne de précaution accumulée depuis le début de la crise - estimée à quelque 100 milliards d'euros - pour relancer l'économie, le locataire de Bercy a par ailleurs assuré que les impôts n'augmenteront pas et que les baisses décidées auront bel et bien lieu. "L'impôt sur les sociétés atteindra 25% pour toutes les entreprises en 2022", a-t-il précisé au quotidien économique, en confirmant au passage la baisse des impôts de production qui avait fait l'objet d'un cafouillage gouvernemental. Pour rappel, ceux-ci devraient diminuer de 10 milliards d'euros en 2021, puis encore de 10 milliards en 2022, représentant donc au bout du compte une baisse cumulée de 20 milliards. A ce sujet, l'exécutif a décidé "de privilégier la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)", en compensant "entièrement la perte de recettes régionales par une fraction de la TVA".

 

La Fédération française du bâtiment demande toujours une "annulation ou une réduction des charges fiscales et sociales"

 

Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), a livré ce 25 août sur Radio classique son analyse de la situation, à quelques jours de l'annonce d'un plan de relance de l'économie qui sera notamment consacré au secteur de la construction. "Ce que l'on entend depuis quelques semaines est plutôt positif", assure-t-il, faisant référence à l'élargissement de MaPrimeRénov. Mais la FFB souhaite que le neuf ne soit pas oublié, et demande aussi une simplification de l'obtention des permis de construire et un rétablissement du PTZ tel qu'il existait avant l'ère Macron.

 

Quant à l'état de santé financière des entreprises de bâtiment, Olivier Salleron rappelle le poids des surcoûts qu'elles ont dû supporter ces derniers mois, pouvant aller jusqu'à 15% d'une opération. "Les reports de charges fiscales, les prêts garantis par l'État, c'est très bien, mais il nous faudra les rembourser dans quelques mois", ajoute-t-il. D'autant que le port du masque sur les chantiers entraîne par ailleurs une perte de productivité mécanique.

 

Un dispositif de prêts à long terme en réflexion pour les PME trop endettées

 

Sur le remboursement des Prêts garantis par l'État, les fameux PGE, sujet qui cristallise les inquiétudes des artisans et petites entreprises qui on dû en souscrire un pour récupérer une bouffée d'oxygène, Bruno Le Maire assure négocier avec les banques depuis quelques temps "un taux le plus attractif possible au-delà de la première année". Sans donner plus de précisions, le ministre avance "une fourchette de 1 à 3% pour les TPE et les PME, en fonction de la durée de la prolongation du prêt". Les plus petites structures représentent en effet 95% des entreprises qui ont eu recours à un PGE, et "beaucoup ne seront pas en mesure de rembourser" leur prêt un an après la souscription, soit en mars ou avril 2021.

 

Interrogé sur l'instauration d'autres outils financiers pour soutenir le tissu économique, le locataire de Bercy confirme qu'un dispositif de prêts à long terme est en réflexion. Destinés aux PME qui afficheraient un endettement trop important, ceux-ci seraient d'une durée d'au moins 7 ans, et "compteront dans les fonds propres des entreprises, mais sans participation à la gouvernance". Ce système serait cependant doté de contreparties, "notamment environnementales", en promouvant la baisse de l'empreinte carbone et "la bonne gouvernance" des entreprises.

 

 

Un "régime d'assurance-pandémie" mis en consultation publique

 

"Pour que l"économie se redresse, nous devons prendre des risques. Pour cela, l'Etat doit jouer un rôle qu'il n'a plus joué depuis longtemps. Il doit être l'assureur en dernier ressort de l'économie", a insisté le ministre dans les colonnes des Echos. C'est dans cette optique que le Gouvernement travaille également à un "régime d'assurance-pandémie", actuellement en discussion avec les assureurs, pour éviter les écueils juridiques des couvertures existantes si une épidémie à large échelle devait se déclencher de nouveau. Ce futur régime assurantiel fait l'objet d'une consultation publique qui vient d'être lancée, Bruno Le Maire espérant un accord "dans les 6 mois".

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