Le groupe Point.P, distributeur de matériaux de construction, a lancé une démarche écoresponsable pour l'ensemble de ses moyens de transport. L'objectif est de supprimer 45.000 camions des routes, afin d'économiser 25.000 tonnes d'émissions de CO2, grâce à diverses mesures comme le report sur d'autres moyens de fret, l'amélioration de l'organisation et des moyens techniques.

Afin de réduire l'impact environnemental de son activité, le groupe Point.P, filiale de Saint-Gobain Distribution bâtiment, a lancé la démarche "Evoluvert" de "transport responsable" qui regroupe l'ensemble de ses initiatives en la matière. "Moins de camions, c'est moins de particules et moins de CO2", résume Max-Antoine Grolleron, le directeur Transport de l'entreprise. Car la société souhaite mettre en place une logistique plus vertueuse, afin de réduire les émissions et les nuisances : à terme, en 2017, l'ensemble des mesures qui seront prises permettront d'économiser 25.000 tonnes de gaz carbonique équivalent au retrait de la circulation de plus de 45.000 camions.

 

Agir sur l'organisation et les moyens techniques
"Nous allons agir sur deux leviers : l'organisation, qui sera optimisée afin de réduire le nombre de trajets et la fréquence des livraisons, en trouvant si possible une alternative à la route (rail, voie fluviale ou autoroute de la mer) ; et les moyens techniques, en faisant évoluer la flotte de véhicules", explique le directeur Transport de Point.P. Du côté de l'organisation "amont", c'est-à-dire l'approvisionnement en marchandises depuis les fournisseurs jusqu'aux trois bases logistiques du groupe et aux 2.000 agences, l'optimisation passera par la centralisation des achats et le développement du transport multimodal : la voie fluviale sera développée avec le transport sur barges sur la Seine, entre le port du Havre et la région parisienne. La voie maritime sera privilégiée pour les importations de carrelages en provenance d'Espagne et du Portugal et à destination des régions du Grand Ouest. Le rail ne sera pas oublié, pour l'acheminement de 30 % des volumes de carrelages depuis l'Italie vers les bases logistiques de Miramas (Bouches-du-Rhône) et de Paris.

 

Remorque double-plancher
Remorque double-plancher © Grégoire Noble
"Pour les flux 'aval', c'est-à-dire la livraison de nos clients sur les chantiers, nous allons optimiser la logistique à plusieurs niveaux", précise Max-Antoine Grolleron. Point.P a ainsi formé à l'éco-conduite la majorité de ses chauffeurs et a bridé ses poids lourds à 80 km/h, afin de réduire leur consommation de gasoil d'environ 13 %. La gestion centralisée des flux de transport et la mise en place d'une informatique embarquée reliée à de la géolocalisation, permettent de rationnaliser les tournées et d'augmenter la productivité des camions. "Du côté de la technique, nous avons opté pour des remorques à double planchers dans 60 % de nos tournées, qui augmentent de 30 % le volume de marchandises transportées. Et nous avons actuellement en test six camions GNV (gaz naturel véhicule) qui ont été développés en partenariat avec Iveco, Berto, GNVert et Labatut LVI", poursuit le directeur Transport du groupe. A terme, l'entreprise souhaite mettre en place une flotte de 70 de ces camions qui roulent avec un carburant de substitution composé essentiellement de méthane (naturel ou biogaz), "ce qui nous permettra de proposer un transport 100 % propre dans Paris intramuros et d'imaginer des solutions équivalentes dans de grandes agglomérations comme Marseille, Nantes ou Bordeaux".

 

Abandon de la solution hybride au profit du gaz
En revanche, l'expérimentation d'un camion plateau-grue hybride de 26 tonnes, associant motorisation thermique et électrique n'a pas convaincu le groupe. "Il correspond aux attentes en termes de réduction de la consommation énergétique ou des émissions de CO2 (-20 %) mais il présente un surcoût de 27 % par rapport à un camion classique. La solution n'était donc pas viable économiquement. La démarche Evoluvert doit être équivalente en coût, voilà pourquoi nous privilégions maintenant les camions GNV au sein du groupe. La seule limite reste l'approvisionnement en gaz autour de Paris et en province. Il existe sept stations dans la capitale mais le réseau est insuffisant pour utiliser cette technologie ailleurs", conclut Max Antoine Grolleron, qui estime également que la solution électrique présente pour l'heure une autonomie trop faible et un recyclage des batteries trop incertain.

 

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