Dessinée par Roger Taillibert et inaugurée le 4 juin 1972, l'enceinte emblématique de la porte d'Auteuil vient de souffler ses quarante bougies. Retour sur la construction d'un des premiers édifices en béton précontraint qui se trouve aujourd'hui au centre d'une nouvelle polémique. Rénover ou reconstruire, l'avenir du Parc des Princes reste incertain… Décryptage.

« Inauguré le 4 juin 1972 - par la victoire de le l'OM en finale de Coupe de France face au SC Bastia - le Parc des Princes imaginé par Roger Taillibert a la particularité d'être doté d'une architecture avant-gardiste pour l'époque », nous explique d'emblée Jacques Monthioux, directeur du patrimoine et de l'architecture de la mairie de Paris.

 

Confort et visibilité sont ainsi les maîtres-mots de Roger Taillibert, l'architecte chargé du projet. Edifié à l'emplacement de l'ancien stade vélodrome (1897), il devient, à cette époque, le premier stade d'Europe à se munir d'un éclairage intégré au toit et à permettre aux spectateurs de ne jamais être placés à plus de 45 mètres des lignes de touche.

 

A cheval sur le périphérique
En 1967, porte d'Auteuil, se trouve le stade vélodrome. Cette même année, le général de Gaulle décide qu'un stade doit être construit à la place pour accueillir des matches de football et de rugby. Mais l'ancien Stade Vélodrome était condamné par le passage du boulevard périphérique. « La proposition de le faire passer sous le stade fut acceptée par le Conseil de Paris, présidé par le Préfet Doublet », se souvient Jacques Monthioux. L'histoire du Parc des Princes débute. Devant l'exigence de la loi Borotra imposant la non-destruction des espaces sportifs ou leur reconstruction, le défi de cette réalisation allait apparaître dans les recherches de l'architecte Roger Taillibert. Les championnats de France se poursuivant, le projet choisi par la Direction des Sports de la Ville et le Ministère des Sports a imposé à cette période une démolition partielle du stade existant et la continuité des matches. L'architecte se trouva dans l'obligation de concevoir une structure pouvant être construite partiellement.

 

Trois tranches de travaux
« Le projet devait être réalisé en trois tranches de travaux», rappelle M. Monthioux. Ces contraintes pour l'architecte étaient incontournables et étaient un défi technique et financier. En effet, le stade a été réalisé en 29 mois, au lieu de 12 prévus au départ, et pour deux fois plus cher, 23 M € au final. « Lorsqu'on observe le temps de réalisation actuelle de la modernisation du Jean-Bouin, équivalente à 30 mois, nous nous rendons compte que l'entreprise Bouygues à l'époque ne perdait pas de temps », estime M. Monthioux. Et d'ajouter : « La complexité du chantier a expliqué ces dépassements. Le passage du boulevard périphérique sous le stade a nécessité la construction de piliers souterrains encadrant le tunnel routier pour supporter le béton et l'acier de l'enceinte.» Ce qui représente des chiffres astronomiques, en effet, 77.000 m3 de béton et 7.000 tonnes d'acier !

 

Forte de toutes ces difficultés déjà subies, l'équipe formée d'architectes et d'ingénieurs a prouvé qu'une architecture constructiviste pouvait être réalisée : faire un stade en béton. Le premier élément achevé sur un maillage de poutre recevant cette structure, la réalisation de la première tranche fut vite terminée. « Il est certain que le maillage de ces poutres a été important », souligne M. Monthioux. Pour rappel, chaque poutre comportait 250 m3 de béton et l'ancrage des portiques comportait un ferraillage spectaculaire nécessitant plus de 250 kg d'acier au m3.

 

L'architecte a, par ailleurs, imaginé une structure sans étais qui soutient les 17.000 m² de toiture. « Ce système très performant rend inutiles les poteaux porteurs et assure une visibilité parfaite, ajoute M. Monthioux. L'ossature comporte tout de même 50 portiques de 25 tonnes chacun, en porte-à-faux, reliés entre eux par un bandeau que l'on surnomme horizontal à 28 m de hauteur. » Et de souligner : « Les règlements du béton n'autorisaient que des porte-à-faux de 20 mètres et on était à près de 50 mètres. »

 

Le Parc des Princes en chiffres
Premier contact : septembre 1967
Lancement du chantier : 1968
Inauguration : 4 juin 1972
Coût : 23 M € en 1972
Béton : 77.000 m3
Acier : 7.000 tonnes d'acier
Acier : 600 tonnes précontraintes
La jauge actuelle : 47.929 places maximum

 

Découvrez en page 2 l'histoire de la conception du Parc Des Princes et l'avenir de l'enceinte

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