En matière de logement des équipes gouvernementales, la France fait figure d'exception, les ministres des autres pays européens disposant assez rarement d'un logement de fonction. Tour d'Europe des pratiques en vigueur.

Face à l'ampleur de la polémique autour de l'appartement d'Hervé Gaymard, le gouvernement veut jouer la transparence pour le logement des ministres, conscient du caractère politiquement très sensible de cette affaire dans l'opinion publique.
A peine le Canard Enchaîné a-t-il révélé mercredi que le ministre de l'Economie logeait avec sa femme et ses huit enfants aux frais de l'Etat pour 14.000 euros par mois, dans un duplex de 600 m2 d'un quartier huppé de Paris, que M. Gaymard annonçait le soir même qu'il déménageait et que le Premier ministre édictait de nouvelles règles à ses ministres.
Désormais, a fait savoir Jean-Pierre Raffarin, la prise en charge par l'Etat des appartements des ministres ne logeant pas au sein de leur ministère se limitera à 80 m2, plus 20 m2 par enfant à charge. Il a donné deux mois à son équipe pour se conformer à cette règle, chaque ministre concerné devant déménager ou payer lui-même "les surfaces excédentaires".

Mais qu'en est-il chez nos voisins ? Les ministres européens sont-ils tous logés à la même enseigne ?
A la différence de leurs collègues français, les ministres des autres pays européens disposent assez rarement d'un logement de fonction, seul le chef de l'Etat ou le Premier ministre bénéficiant d'une résidence officielle.

Dans un certain nombre de pays - Royaume-Uni, Danemark, Hongrie, Belgique - ils perçoivent toutefois des indemnités de logement, comme les parlementaires, ou jouissent d'avantages fiscaux - Suède- s'ils résident en province et ont besoin d'un pied-à-terre près de leur ministère.

En Allemagne, les ministres, mieux payés que leurs homologues français, payent eux-mêmes le loyer de leur logement de fonction. La plupart d'entre eux réside toutefois dans leur propre domicile.
En Italie, comme en Autriche, ils ne disposent ni d'appartements de fonction ni d'indemnités de logement. "Les ministres sont des citoyens privés et ne jouissent pas d'avantages", souligne la présidence du Conseil des ministres à Rome.

Seules quatre personnalités italiennes, le président de la République, le chef du gouvernement et les présidents de la Chambre des députés et du Sénat disposent de logements de fonction.

Au Royaume-Uni, où les membres du gouvernement sont choisis obligatoirement parmi les parlementaires, les ministres qui ne sont pas élus de Londres perçoivent la même allocation de logement dans la capitale que leurs collègues députés ou lords, soit un maximum de 30.200 euros (20.902 GBP) par an.

Le Premier ministre est logé au n°10, Downing Street et dispose de la résidence de week-end de Chequers, près de Londres. Le ministre des Affaires étrangères bénéficie aussi d'une résidence de campagne.

Le gouvernement attribue enfin des logements de façon discrétionnaire à quelques membres du Cabinet (les principaux ministres), notamment pour des raisons de sécurité. Le ministre de l'Intérieur, par exemple, est toujours logé.

En Norvège, les ministres dont la résidence principale est en dehors d'Oslo peuvent être logés dans le parc immobilier public, la taille du logement dépendant de celle de leur famille, comme désormais en France.

En Espagne, les ministères les plus anciens disposent d'un logement de fonction. Les ministres qui ne souhaitent pas l'occuper doivent payer de leur poche le loyer de leur appartement, comme c'est le cas dans les ministères sans logement de fonction, selon le ministère espagnol de l'Administration.

Aux Pays-Bas, seul le Premier ministre dispose d'une résidence officielle. Les membres du gouvernement résidant à plus de 50 km de leur ministère peuvent louer un pied-à-terre à moins de 25 km qui est pris en charge par l'Etat à condition que cela reste "dans les limites de la décence", selon un porte-parole gouvernemental.

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