ANALYSE. Les conséquences sur l'habitat de l'augmentation et de l'intensification des vagues de chaleur préoccupent 9 Français sur 10, selon une étude. Certains gestes peuvent aider à rendre ces phénomènes météorologiques un peu plus vivables, mais encore faut-il en avoir les moyens.

Si le changement climatique est une préoccupation largement partagée, ses conséquences sur l'habitat le sont tout autant. L'augmentation et l'intensification des vagues de chaleur préoccupent en effet 9 Français sur 10, selon la deuxième édition d'une étude consacrée au sujet, publiée par le groupement Actibaie (métiers des portes, portails, volets et stores affiliés à la Fédération française du bâtiment) et l'institut de sondage Ifop, qui a interrogé pour l'occasion un millier de personnes.

 

 

La concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère bloquant de fait la chaleur à la surface de la terre, les canicules et sécheresses se multiplient, comme en témoignent les 44°C atteints dans les rues de Paris à l'été 2022. Nos compatriotes semblent conscients de ces problématiques : d'après l'enquête, 36% des sondés se disent inquiets par la sécheresse, 32% par la canicule (dont 42% résidant en Île-de-France).

 

Les citadins davantage exposés

 

"La chaleur est une réelle préoccupation pour les Français et ce n'est pas surprenant car elle concerne quasiment tout le territoire métropolitain, particulièrement les zones urbaines les plus peuplées", analyse Vladimir Luzbhin-Asseev, responsable technique du groupement Actibaie. La mission d'information et d'évaluation du conseil municipal parisien sur les mesures d'adaptation à mettre en oeuvre face à un mercure frôlant les 50°C dans la capitale, a récemment confirmé que les citadins étaient davantage exposés au réchauffement climatique.

 

"Le ressenti et les conséquences des vagues de chaleur sont exacerbés en ville, en raison de l'inadaptation des espaces urbains, et plus spécifiquement de l'apparition d'îlots de chaleur", abonde Vladimir Luzbhin-Asseev. Le nécessaire devrait pourtant être fait dès maintenant : les prévisions de Météo France tablent sur un doublement des vagues de chaleur d'ici 2050 avec des épisodes caniculaires plus longs et plus intenses. L'Ifop souligne que 9 Français sur 10 se disent inquiets, et presque 1 sur 3 très inquiets, de ces sombres perspectives.

 

Seulement 30% des Français envisagent des rénovations

 

Comme plusieurs spécialistes ont eu l'occasion de le dire et de le redire, le problème vient en l'occurrence plus de l'ancien que du neuf. Constat partagé par le groupement Actibaie : "Si le confort d'été est bien pris en compte dans la construction neuve depuis 2020, ce n'est pas le cas pour tous les logements construits avant : des isolations peu performantes, des expositions ne répondant pas aux principes de l'architecture bioclimatique, l'absence de stores ou volets participent à rendre certains logements quasi-inhabitables pendant la période estivale", relève Vladimir Luzbhin-Asseev.

 


"Le budget reste le premier frein pour l'adaptation des logements"

 


Qui plus est, un logement bien isolé pour affronter le froid de l'hiver peut se révéler inconfortable lors des chaleurs estivales. Des travaux doivent donc être envisagés, mais encore faut-il en avoir les moyens. Seulement 30% de nos compatriotes planifient des rénovations dans leur logement d'ici cinq ans pour améliorer leur confort d'été, dont deux tiers de propriétaires, et essentiellement de maisons (66%).

 

Ce qui veut donc dire que 70% des Français ne prévoient pas de travaux, principalement à cause du manque de ressources financières (37%). Pour le reste, 14% des personnes interrogées jugent les aides de l'État insuffisantes, quand 12% ne connaissent même pas les dispositifs existants. L'étude pointe également que 30% estiment que leur habitat est déjà adapté aux canicules, et qu'un quart ne considère pas qu'il s'agit d'une priorité. De leur côté, les acteurs du bâtiment alertent pourtant depuis quelques temps sur ce dossier.

 

Gestes simples

 

 

"Le budget reste le premier frein pour l'adaptation des logements", résume Vladimir Luzbhin-Asseev. La nouvelle enveloppe allouée à Ma prime rénov', annoncée aujourd'hui par la Première ministre Élisabeth Borne, contribuera peut-être à améliorer la situation. En attendant, les professionnels rappellent que quelques gestes simples permettent de réduire la température intérieure.

 

Fermer les fenêtres, stores et volets pendant les heures d'ensoleillement, aérer les pièces la nuit font partie des classiques. Toutes les habitations ne sont cependant pas équipées de protections solaires, et le cas échéant, encore faut-il qu'elles soient adaptées et performantes. Selon Vladimir Luzbhin-Asseev, la fermeture des fenêtres, stores et volets peut engendrer un gain de confort "pouvant aller jusqu'à 5°C comparé à la température extérieure, 10°C pour des solutions automatisées".

 

Utiliser un ventilateur, dans une moindre mesure un climatiseur (qui contribue au réchauffement climatique), est également conseillé, tout comme végétaliser les abords du logement. Dans tous les cas, "si un quart des Français envisage de faire des travaux ou de déménager, c'est que l'enjeu est bien réel", conclut le technicien.

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