Le projet estimé à 30 milliards d'euros "hors matériel roulant", d'après le dernier rapport Auzannet a été revu à la baisse par le Premier ministre. Jean-Marc Ayrault a tranché définitivement ce mercredi 6 mars, au prix de quelques économies, donnant ainsi un nouveau coup de frein au pharaonique Grand Paris dont rêvait Nicolas Sarkozy. "Trois milliards d'euros d'économies sont à réaliser sur le projet de remodelage du réseau ferré francilien", a affirmé Jean-Marc Ayrault. Si la révolution ferroviaire elle-même, destinée à désengorger un réseau vieilli et saturé qu'empruntent quotidiennement plus de 8,5 millions de voyageurs, n'est pas remise en cause, elle devra se faire à coût réduit, a-t-il insisté dans son discours.

 

Un coût de 26,5 milliards d'euros
Le coût de ce "Grand Paris Express", estimé en 2008 par le gouvernement Sarkozy à 20,5 milliards d'euros, sera finalement de 26,5 milliards d'euros. "La SGP, établissement public en charge des infrastructures de transport, devra présenter un plan permettant de réduire la facture de trois milliards", a-t-il complété.
"Le projet coûte, en effet, beaucoup plus cher que ce qui avait été annoncé par le gouvernement précédent", a-t-il aussi reconnu. Et d'expliquer : "Nous avons toutefois décidé de l'optimiser, notamment en développant des métros aux capacités adaptées là où c'est justifié, et nous pourrons économiser trois milliards d'euros".

 

Certains tronçons, notamment la desserte du plateau de Saclay, à une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale, ne nécessitent pas un transport de très grande capacité, nous a signalé une source proche du projet. Sur ces itinéraires, un transport automatique de capacité adaptée sera une bien meilleure solution, confie-t-elle.

 

Le Grand Paris, une aubaine économique ?
"C'est une très bonne nouvelle pour les 'enclavés', ces banlieusards vivant à quelques kilomètres à vol d'oiseau de Paris, mais qui mettent parfois deux heures à rejoindre le centre de la capitale", nous signale Philippe Laurent, vice-président de Paris Métropole. Ainsi des communes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, seront raccordées à la ligne 16. Signe du besoin en transport, le "supermétro" devrait accueillir deux millions de personnes par jour, contre trois millions pour l'ensemble du réseau existant aujourd'hui.

 

Le projet doit aussi représenter un levier de développement économique. Avec 150.000 emplois directs et indirects générés par ce projet de transport, le Nouveau Grand Paris doit tirer la croissance. Selon le comité scientifique de la Société du Grand Paris, les gains potentiels finaux se situeraient entre 39 et 100 milliards d'euros. De quoi accélérer la croissance en Ile-de-France, qui passerait de 2% par an entre 2015 et 2020, à 3% après 2030. La Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France a récemment rappelé aussi que ce dernier générera des retombées économiques conséquentes, de l'ordre de 60 milliards d'euros de recettes fiscales pour les finances publiques.

 

 

Les sociétés immobilières y voient déjà une sacrée aubaine : l'aménagement des zones économiques autour des gares, les logements supplémentaires promettent de beaux bénéfices. Sur le tracé du futur métro, la valeur de certains biens a déjà augmenté de 6%, a déjà souligné la banque d'affaires JP Morgan.

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