Le moment de vérité approche pour le Grand Paris Express. Alors que le Premier ministre dévoilera, le mercredi 6 mars, ses arbitrages sur le financement et le nouveau calendrier du futur supermétro en rocade autour de Paris, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France rappelle que ce dernier générera des retombées économiques conséquentes, de l'ordre de 60 milliards d'euros de recettes fiscales pour les finances publiques. Explications.

Le mercredi 6 mars 2013, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault rendra publiquement ses arbitrages sur le financement et le nouveau calendrier du futur supermétro en rocade autour de Paris. Pour le moment, tout reste suspendu aux décisions finales de Matignon, mais aussi au Conseil d'Etat qui n'a pas encore rendu public son avis, émis le jeudi 28 février, à savoir si le schéma remanié reste dans la limite de la loi votée en 2010. C'est, en effet, un immense chantier de 30 milliards d'euros qui comprend 200 kilomètres de réseau de transport express, desservant 72 gares et plusieurs nouveaux pôles d'excellence et d'innovation.

 

Pour éclairer le débat, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France a demandé à ses propres experts d'évaluer l'impact du futur grand réseau de transport sur la productivité et l'attractivité des entreprises, le gain lié aux investissements immobiliers, l'accroissement de l'emploi en Ile-de-France et les effets des innovations qui sortiront des différents 'clusters' envisagés.

 

Une accélération de la croissance
Au final, l'établissement public a élaboré un "scénario d'accélération progressive de la croissance francilienne qui passera de 2 % par an entre 2015 et 2020, à 2,5 % par an jusqu'en 2030 puis 3 % au-delà". Dans la mesure où l'Ile-de-France enregistre le tiers du PIB national, ce point de croissance supplémentaire accroîtra, à l'horizon 2030, la croissance de l'Hexagone de 0,3 point, à 2,3 % en moyenne par an, affirment les experts de la CCI francilienne. Ce qui représente un surplus de PIB de 140 milliards d'euros. Et finalement, le surcroît de recettes fiscales pour l'État s'élèvera d'après la CCI de Paris à hauteur de 60 milliards d'euros, soit bien plus que le coût des infrastructures, (Ndlr : le coût du Grand Paris Express est estimé aux alentours de 30 milliards d'euros).

 

Le comité scientifique de la Société du Grand Paris (SGP) avait indiqué, d'ailleurs, en octobre 2012, que trois valorisations sont possibles, d'après les gains de temps pour les usagers, les effets sur l'environnement, la valorisation des nouveaux emplois créés ou l'impact sur l'urbanisme, allant de 39,4 milliards d'euros d'avantages à 102,9 milliards avec un scénario de 73,45 milliards.

 

Dès lors que cela génèrerait des coûts supplémentaires, repousser le calendrier de réalisation entraînerait une réelle dégradation de la compétitivité et de l'attractivité de la région capitale, conclut la CCI. "Les lacunes en termes de desserte des grands équipements structurants, au premier rang desquels les aéroports internationaux, pénaliseraient particulièrement l'activité économique", ajoute-telle.

 

Et au président Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI de région Paris Ile-de-France de signaler dans un communiqué du 31 janvier : "Les acteurs économiques sont inquiets du morcellement du projet, avec un calendrier qui pourrait fortement s'allonger, ne correspondant ni à l'ambition initiale du Grand Paris, ni aux modalités de réalisation prévues." Rendez-vous le 6 mars prochain…

 

Les sénateurs PS franciliens veulent tout le réseau et plus de contribution des entreprises
Alors que de nombreux acteurs s'activent encore pour chiffrer les retombées économiques du Grand Paris Express, les sénateurs socialistes de l'Ile-de-France ont fait part jeudi 28 février à Jean-Marc Ayrault de leur vision qui, selon eux, doit permettre le financement de l'ensemble du futur métro automatique tout en améliorant l'existant grâce notamment à une contribution renforcée des entreprises. "Il faut le Grand Paris Express mais pas au détriment des autres composantes de l'accord de 2011" sur le réseau déjà existant à rénover et prolonger (RER, métro, tramways, bus), écrivent les sénateurs dans cette contribution rendue publique, qui rappellent aussi "le bouclage indispensable de la Francilienne" et le "développement du trafic fluvial".

 

"Le délai de 2025 n'est pas tenable"
Au vu des surcoûts prévisibles dans un projet de cette ampleur et de la sous-estimation initiale "dont s'est rendu coupable le précédent Gouvernement", les sénateurs ont conscience que le délai de 2025 n'est pas tenable et parlent d'un "délai suffisamment raisonnable (...) qu'ils situent au maximum à l'horizon 2030". Cette prise de position des sénateurs PS intervient après d'autres initiatives d'élus franciliens - le groupe PS à l'Assemblée nationale, des députés UMP, un groupe de sept élus de tous bords (UMP, PS, PCF, EELV) - tous désireux d'influencer les arbitrages de Matignon.

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