CHANTIERS. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) a dressé ce 23 janvier 2020 un point d'étape sur sa mission en vue des Jeux Olympiques de 2024 : après avoir embarqué partenaires et citoyens sur le projet, elle doit maintenant finaliser l'organisation des chantiers avant de lancer les premiers coups de pioches. Transition énergétique, recyclage des matériaux et îlots de fraîcheur font partie du programme.

Les futurs sites des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 se précisent. Ce 23 janvier 2020, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) a dressé un point d'étape sur sa mission, qui est de livrer les équipements sportifs en temps et en heure. Pour le directeur général exécutif de la structure, Nicolas Ferrand, les choses se présentent bien : "On en est au tiers de notre mission". En 2019, les consultations promoteurs du village olympique et du village des médias ont été lancées, parallèlement à une démarche d'adhésion menée auprès des citoyens : d'après la Solidéo, quelque 3.500 conversations se sont tenues avec les riverains aux abords des futurs sites, et pas moins de 70 groupes de citoyens se sont constitués pour donner leurs avis sur les chantiers des ouvrages. Comités, gouvernance... l'année 2019 aura donc été celle de la mise en place des différents éléments pour la bonne tenue des JO. Jusqu'à fin 2023, le chantier de construction des ouvrages va donc pouvoir débuter. "Je voudrais retenir deux choses : d'une part, tout l'écosystème nécessaire pour réaliser les ouvrages est mobilisé, aligné avec des objectifs clairs, et d'autre part, on est parfaitement à l'heure, dans le temps du calendrier qu'on s'était fixé", assure Nicolas Ferrand.

 

 

L'année 2020 qui commence verra les JO se dérouler à Tokyo. Sous nos latitudes, la Solidéo doit faire face à trois enjeux : finir la conception des ouvrages, répondre aux besoins d'emploi et concrétiser son engagement environnemental. "Fin 2020, l'esthétique pérenne des ouvrages sera connue", assure le directeur général exécutif. Niveau chantiers, le calendrier sera pour le moins chargé : plusieurs mois de travaux vont être nécessaires pour déconstruire certains bâtiments du village olympique et paralympique (qui compterait environ 14.500 lits), réparti sur les communes séquano-dionysiennes de Saint-Denis, Saint-Ouen et L'Île-Saint-Denis. Les travaux d'aménagement des terrains débuteront pour leur part au cours du printemps, pour un début d'édification programmé au premier trimestre 2021. Mais un "bon fonctionnement urbain" sera indispensable au vu du chevauchement de projets dans certaines zones : "Il y aura 47 chantiers différents sur 12 km² rien que dans le secteur du Grand Pleyel, entre les JO, le Grand Paris Express..."

 

"Les JO doivent être un accélérateur de la transition énergétique"

 

L'autre enjeu est donc celui de la disponibilité de la main-d'oeuvre : 11.700 emplois seront ainsi mobilisés en Île-de-France pour bâtir les équipements olympiques, dans un secteur du BTP déjà en tension sur le plan de la main-d'oeuvre. "Ce n'est pas exactement les mêmes emplois du bâtiment et des travaux publics ; ce sont des emplois davantage axés sur la conception", relève cependant Nicolas Ferrand. "Mais nos emplois font partie des futurs 68.000 emplois qu'il y aura à pourvoir en Île-de-France d'ici 2024." Dans deux études prospectives réalisées en décembre 2019 par la Fédération régionale des travaux publics (FRTP), les professionnels du secteur ont effectivement chiffré leurs besoins en effectifs, dans un marché francilien qui reste malgré tout en surchauffe. Ceci dit, les métiers recherchés par les constructeurs des ouvrages olympiques doivent s'illustrer dans les constructions bois et certaines techniques d'économies d'énergies.

 

"Les JO doivent être un accélérateur de la transition énergétique et on doit pouvoir prouver qu'il est possible de construire autrement, avec le bois, le béton bas-carbone, la réversibilité...", explique Nicolas Ferrand, avec le souhait que les champions nationaux du BTP montrent aussi la vitrine du savoir-faire français. Cette édition des JO se présente comme la première "alignée" sur l'Accord de Paris, mettant en avant la baisse de 40% de l'impact carbone du village olympique en 2024, précédant ainsi de 6 ans l'objectif fixé par la COP21 (2030). "Avec le village olympique, on peut avoir presque 10 ans d'avance sur la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) du Gouvernement, et on le concrétisera en 2021", a-t-il également avancé. Pour rappel, les textes définitifs de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et de la SNBC ont été officiellement dévoilés par l'exécutif ce 20 janvier. Dans le registre de l'économie circulaire, la Solidéo ambitionne de recycler 50% des matériaux de construction sur place. "Pour nous, 2020 est une année-charnière, c'est l'année du passage au réel, de la concrétisation des ambitions", conclut son directeur général exécutif.

 

Utiliser la Seine pour l'approvisionnement en matériaux et l'évacuation des déblais

 

En termes de transition énergétique et d'adaptation au changement climatique, la réflexion des équipes de Solidéo porte notamment sur les rafraîchissements extérieurs : l'idée consiste à bénéficier d'un double courant de chaud et de froid avec de la géothermie, soit par un système de double flux, soit par un plancher chauffant-rafraîchissant. Plusieurs solutions seront testées sur le terrain, mais l'ambition est aussi de créer des îlots de fraîcheur en se basant sur la végétation et l'eau, qui sera évidemment présente avec la Seine. Le fleuve qui sera par ailleurs utilisé pour l'approvisionnement en matériaux mais aussi pour l'évacuation des 400.000 m3 de déblais, la Solidéo obligeant les maîtres d'oeuvre à utiliser la voie d'eau. Au total, 500.000 tonnes de terres devront être évacuées en 48 mois. Dans le domaine de l'emploi, les constructeurs limiteront le recours aux travailleurs détachés "dans la mesure du possible", et planchent actuellement sur les questions de qualité de vie, et plus précisément de logement, des ouvriers. Enfin, des accords à l'amiable ont été passés avec toutes les entreprises implantées sur la future zone du village olympique et qui doivent de fait déménager au fur et à mesure, à l'exception d'une salle de sport et d'un studio de télévision.

 


Quel calendrier pour les grands ouvrages olympiques ?

 

D'après la Solidéo, les travaux de construction et d'aménagement du village olympique prendront place de 2021 à 2023. Le 1er mars 2024, le site sera mis à disposition de Paris 2024 par les opérateurs immobiliers. Une fois les JO passés, le village sera restitué le 1er novembre 2024 aux opérateurs, qui démarreront à ce moment-là les chantiers de réversibilité. Ces derniers s'achèveront en 2025 et permettront de reconvertir des logements d'athlètes en logements étudiants, familiaux, bureaux et locaux d'activités. In fine, la Solidéo vise un quartier reconverti pour 6.000 habitants et 6.000 salariés.

 

 

Le centre des médias s'étendra pour sa part sur les communes de Dugny, Le Bourget et La Courneuve, toujours en Seine-Saint-Denis. En mai 2020, les promoteurs seront sélectionnés par la Solidéo, pour un dépôt des permis de construire au 4e trimestre, et un lancement des travaux au 3e trimestre 2021.

 

En outre, les promoteurs du centre aquatique olympique de Saint-Denis seront choisis au 2e trimestre 2020 par la métropole du Grand Paris, tandis que ceux de l'Arena 2, située à la Porte de la Chapelle, à Paris, seront sélectionnés à la même période mais par la Ville de Paris.

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