Si le secteur du matériel de chantier semble bien se porter en France - le renouvellement du parc pesant 8 Md€ en 2011 - le marché international redémarre aujourd'hui sur des bases géographiques nouvelles issues d'un basculement de l'ordre mondial. A l'heure de la mondialisation, la compétitivité des entreprises françaises est plus que jamais d'actualité sur fond de préoccupations environnementales. Focus.

Le 2e salon mondial pour les matériels et équipements de chantier accueille depuis lundi visiteurs et exposants de tous horizons. Résolument tourné vers l'international - avec plus de 65% d'exposants et près de 35% de visiteurs étrangers - Intermat doit désormais compter avec de nouvelles règles du jeu.

 

En effet, depuis la dernière édition, les observateurs du secteur ont noté un redémarrage du marché des matériels, mais sur des bases géographiques très différentes, issues d'un basculement de l'ordre mondial. Ainsi, les prévisions pour 2015 annoncent que l'Europe représentera 11% du marché mondial, les Etats-Unis 15%, l'Inde 8% et la Chine 49%. La montée en puissance de cette dernière est notamment liée à l'explosion de son marché intérieur : une vaste politique de grands travaux a été mise en place avec pour objectif d'équiper en infrastructures et bâtiments le pays d'ici à 10 ans. La Chine doit donc importer massivement des produits spécifiques du monde entier, et pour la seule année 2011, constate les organisateurs d'Intermat, elle a acheté pour près de 1.900 milliards d'euros de produits issus de la filière mécanique française. D'autres régions du monde soutiennent également l'industrie internationale des matériels et équipements pour la construction, à l'instar des Pays du Golfe et de l'Afrique. Pour les premiers, il s'agit de gérer les grands projets d'urbanisme et d'infrastructures préparant l'après-pétrole ; pour les seconds, la priorité est de ne pas dépendre totalement de la Chine.

 

Marché français bien soutenu
En France, fabricants et constructeurs de matériels restent optimistes et confiants pour les mois qui viennent. En effet, la perspective des grands travaux - stades de Lille, EPR Flamanville, Pentagone français ou LGV - garantissent déjà de nombreuses commandes. Et pour accompagner ces projets, les industriels ont d'ailleurs pris le virage de l'innovation et proposent sur Intermat des matériels de chantier adaptés aux nouvelles méthodes de construction et surtout aux nouvelles réglementations en matière de recyclage et de protection de l'environnement. De fait, les prévisions de renouvellement du parc existant augurent d'une bonne année. Il viendra soutenir le marché intérieur, qui pesait déjà en 2011, 8 Md€. « Le poids économique de ce secteur nous rappelle les enjeux en présence, pour accompagner la construction de demain, durable et innovante », précise Maryvonne Lanoë, Commissaire générale d'Intermat.

 

L'opportunité du développement durable
Il y a quelques semaines, une conférence réunissait les grands acteurs du secteur du matériel de chantier sur le thème « le développement durable, levier de la compétitivité pour l'industrie de la construction ». Si globalement le développement durable est une notion incontestable dans l'évolution de l'industrie, certains émettent un bémol. Ainsi, Alexandre Saubot, directeur général délégué de Haulotte Group, estime qu'il ne faut pas forcément se plier à la dictature du développement durable. « La question de la pérennité de l'entreprise est d'abord à prendre en compte, et l'on doit trouver un équilibre pour faire les meilleurs choix. La question est de savoir où l'on met nos priorités », s'est-il interrogé. Pour lui, en matière d'évolution des machines, « le grand défi technologique est de faire des machines plus légères, pas forcément plus petites ». Du côté des grands groupes de BTP assis à cette table ronde, Xavier Huillard, Pdg de Vinci, déclarait : « Les perspectives à moyen terme sont extraordinaires : croissance de l'urbanisation, montée en puissance des infrastructures de mobilité et prise en compte des énergies et des performances énergétique : ce sont trois grands vecteurs de croissance ». Pour sa part, Pierre Berger, Directeur général d'Eiffage, martelait : « Innover, innover, innover ! ». Preuve que les défis du développement durable sont relevés. « D'ailleurs, le développement durable est intégré chez nos collaborateurs, ce n'est plus un défi », assène Xavier Huillard. Et d'ajouter : « C'est une opportunité, pas une menace ! C'est aussi l'occasion de faire du re-engeniering et de nous remettre en cause ». Et Pierre Berger de confirmer : « Nous sommes passés d'une logique de produit à une logique de service ».

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