INNOVATION. Maquette numérique, intelligence artificielle, Big data, blockchain, robotisation… Toutes ces avancées infiltrent peu à peu le monde de la construction. Le Challenge Start-ups Construction Tech a distingué huit jeunes pousses parmi 110 candidates, illustrant la grande variété des solutions et applications possibles au monde du bâtiment. Découvrez-les.

Guillaume Loizeaud, directeur du salon Batimat, a dévoilé, ce mardi 15 janvier 2019, le palmarès du premier Challenge Start-ups Construction Tech, organisé en partenariat avec le Gimélec. Une liste de sept lauréats plus un "grand lauréat" qui illustre le foisonnement des nouvelles technologies au service de la filière bâtiment. Le jury (*) salue "la qualité et la grande diversité des dossiers reçus, qui montrent à quel point toutes les étapes - de la gestion du foncier en amont, à la prise en main en aval - donnent lieu aujourd'hui à la multiplication des initiatives". Pas moins de 110 dossiers ont en effet été reçus pour cette première édition, considérée par ses organisateurs comme "un véritable carton". Plusieurs tendances semblent émerger, selon Guillaume Loizeaud : "Des solutions pour faciliter l'accès et approfondir l'emploi des nouvelles technologies ; des outils d'analyse numérique plus puissants ; des réponses plus adaptées aux besoins des entreprises du bâtiment ; des innovations simples et efficaces ; des hybridations et croisements de technologies…".

 

 

Le grand vainqueur de ce challenge est la startup Snapkin déjà distinguée en 2018 dans le cadre des "Trophées Start-up Bâtiment" d'EnerJ-meeting et dans celui des Prix Smart Building du Gimélec. Cette jeune pousse, passée par le CSTB'Lab en 2017, propose des services de modélisation 2D/3D/BIM à partir de relevés scanner laser. De façon automatique, en se basant sur des nuages de points, elle est capable de générer des plans détaillés d'un bâtiment existant. Un atout pour "bimiser" rapidement et à moindre coût les immeubles avant d'intervenir dans le cadre d'une rénovation. Son fondateur, Jérémy Guillaume, estime le prix de revient entre 1 et 6 €/m², selon la quantité de données attachée au modèle souhaitée. Le jury précise : "Le choix de ce grand lauréat montre ainsi que la digitalisation trouve tout son sens dans le premier secteur d'activité du bâtiment, l'existant".

 

Solutions constructives et efficacité énergétique

 

Autre startup récompensée (et déjà distinguée en 2018 par le Gimélec), l'entreprise Sylfen, émanation de recherches menées dans des laboratoires grenoblois du CEA. Sa solution hybride, vise à rendre autonomes en énergie les bâtiments qui en sont équipés, en ajoutant aux systèmes de production de renouvelables, un stockage batterie plus hydrogène. Les technologies développées résident dans la production de H2 par électrolyse, l'utilisation de ce même gaz pour alimenter la pile à combustible et la possibilité, en appoint, d'obtenir par cogénération de la chaleur et de l'électricité à partir de gaz naturel. Une véritable mini-centrale réversible, n'utilisant aucun métal rare ou précieux, capable de répondre aux enjeux de la transition énergétique.

 

La société PaintUp fait également partie des lauréats. Elle a mis au point un robot capable d'effectuer des opérations de traitement de façade (décapage, sablage, peinture…) avec une grande précision et un temps de mise en œuvre beaucoup plus court que celui d'une équipe humaine sur échafaudage. L'intervention est également plus sûre et moins chère, tout en maintenant une grande qualité d'exécution. Romaric Gomart, son fondateur, explique : "Le robot permet d'éviter la pénibilité des travaux en hauteur. L'intervention se déroule comme suit : numérisation de la surface, établissement d'un modèle 3D, planification de la mission, intervention du bras robotisé six axes monté sur un chariot télescopique rotatif". Selon son concepteur, la machine serait deux à trois fois plus rapide qu'une opération classique. La solution, déjà testée par LafargeHolcim, Eiffage et Vinci, a été développée en partenariat avec Leica (positionnement), Stäubli (robotique) et Manitou (chariot élévateur). Du côté des solutions constructives, l'attention du jury s'est portée sur Smart Cast, startup qui propose d'intégrer les réseaux dans la structure des bâtiments résidentiels à la façon d'un "circuit imprimé". Des panneaux coffrants, imprimés et découpés numériquement, sont préfabriqués en usine à partir de données de la maquette numérique et permettent d'anticiper le passage des divers réseaux (électricité, plomberie, chauffage, ventilation…) en phase chantier. Cette jeune société fait partie du Cement Lab, tout comme Combo Solutions (voir ci-dessous).

 

Smart home, sweet home ?

 

Les aspects purement numériques n'ont pas été oubliés. Le jury a sélectionné quatre autres jeunes pousses reposant sur l'utilisation de données collectées dans les bâtiments. Chez Combo Solutions par exemple, la data sert à accélérer la transition carbone des constructions. Emanation de l'école polytechnique de Lausanne (Suisse), cette entreprise développe l'application Vizcab pour les promoteurs et constructeurs désireux de maîtriser l'empreinte de leurs projets, sur l'ensemble de leur cycle de vie. Elle permet de simuler numériquement un très grand nombre d'options constructives différentes pour un même immeuble afin de sélectionner les plus pertinentes pour répondre à des niveaux souhaités. Pour PriceHubble, autre startup suisse de ce palmarès, la solution s'adresse exclusivement au monde de l'immobilier pour y apporter "de la transparence sur le prix et le montant des loyers". L'application collecte des données sur la valeur d'un actif en étudiant les transactions réalisées dans le quartier, la surface et le nombre de pièces du bien, l'étage, l'orientation… L'intelligence artificielle traite ensuite toutes ces informations pour proposer des montants réalistes de valorisation du bien pour qu'il trouve rapidement preneur et que le temps de vacance en soit réduit.

 

Chez Hiboo, la plateforme numérique permet de piloter et gérer des opérations industrielles à partir de données collectées par diverses sources (capteurs embarqués). Les datas permettent par exemple de surveiller l'affectation des matériels (grues), d'optimiser la facturation à l'usage, de faciliter les plans de maintenance des engins ou de certifier les opérations. Des chantiers tests ont été menés par Bouygues et Matebat. Enfin, Smart Hab s'adresse pour sa part aux opérateurs de logements connectés, qui devraient être de plus en plus nombreux à l'avenir. Godefroy Jordan résume : "C'est une solution clé-en-main de domotique qui doit la rendre accessible à tous". Selon lui, les millenials seraient particulièrement demandeurs de ce type de services, tout comme le "retail", incitant les géants de la construction (Vinci, Eiffage) à s'y pencher sérieusement. La société propose un pack d'objets connectés intégrés nativement aux appartements et couvrant tout un éventail de fonctions comme la sécurité, le pilotage à distance, le comptage des énergies ou le contrôle de la qualité de l'air intérieur. La jeune pousse ambitionne d'équiper 3.500 logements sur la période 2018-2019.

 

 

Face au nombre impressionnant de dossiers reçus, Batimat et le Gimélec ont d'ores et déjà prévu de lancer une deuxième édition du Challenge Start-ups Construction Tech, au printemps de cette année. Les sociétés disposeront également d'un village dédié au cœur du Mondial du bâtiment, en novembre prochain, et seront inscrites dans un annuaire et une plateforme de mise en relation qui seront rapidement publiés.

 


(*) composition du jury : Stéphanie Bigeon-Bienvenu (directrice de la communication & du digital à l'OPPBTP) ; Valentine de Lajarte (président de Partager la ville) ; Thomas Le Diouron (fondateur d'Impulse Partners) ; Guillaume Loizeaud (directeur de la division Construction chez Reed Expositions France) ; Emmanuel Natchiz (directeur du développement à l'ESITC Paris) ; Eric Thomas (Corporate Development, Hager Group) ; Thomas Volpi (directeur Houzz).

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