3 QUESTIONS À. Après la chute de trois grues sur un chantier lors du passage d'une tornade dans le Val d'Oise, l'Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) fait part de ses observations et rappelle les bonnes pratiques à suivre en cas de vents violents.

Le 20 octobre 2025, une tornade frappait le Val d'Oise. Les dégâts ont été particulièrement importants à Ermont, où trois grues d'un chantier sont tombées sur les bâtiments aux alentours. Un apprenti conducteur de travaux, sur place lors du passage de la tornade, a perdu la vie.

 

Après ce tragique accident, l'Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) tient à rappeler les consignes de sécurité à suivre en cas de vents violents. Batiactu a échangé à ce sujet avec Manuel Martin, responsable du pôle métiers à la direction technique de l'organisme.

 

Comment expliquer que les grues du chantier soient tombées ?

 

Manuel Martin. Une grue est autostable, de par sa géométrie et les éléments qui la composent, qu'elle soit en activité ou non. Ce qui est étonnant dans le cas en question, c'est que les grues se sont soulevées. Elles n'ont, à première vue, pas cassé, ce qui écarte l'hypothèse d'un mauvais dimensionnement. Je rappelle que les règles de calculs et de dimensionnement des grues sont encadrées par des normes strictes et que des vents assez violents avaient été pris en compte pour ces grues. À notre connaissance, il n'y a pas non plus d'effet domino entre les trois grues.

 

C'est donc plutôt le caractère exceptionnel du vent qui est en cause, ce qui était difficilement prévisible. Les vitesses de vent de la tornade, autour de 300km/h, ont été presque deux fois supérieures à celles prises en compte pour ces grues.

 

Quels sont les procédures actuelles pour gérer des vents violents ?

 

M.M. Une première alerte est générée lorsque les vents atteignent 50km/h. À 72km/h, le grutier doit arrêter le levage et mettre la grue en girouette. Cela permet au matériel de se mettre dans le sens du vent, pour offrir une moins grande résistance.

 

Dans le cas du chantier à Ermont, les grues étaient d'ailleurs en girouette. Notre hypothèse, c'est qu'elles n'ont pas eu le temps de tourner avant que la tornade arrive. Il y a une vraie problématique d'anticipation de la vitesse et des trajectoires des vents, qui ne sont pas réguliers dans des cas comme celui-là. Les mouvements d'une tornade sont particulièrement difficiles à prévoir.

 

Comment améliorer la prise en compte des phénomènes climatiques violents ?

 

M.M. Des grues hors service qui tombent, c'est extrêmement rare. Ce sont des accidents qui ne préviennent pas, des événements soudains. C'est très difficile de réfléchir à des mesures de prévention et de sécurisation pour ces cas. Côté réglementation, les normes sont efficaces, il n'est pas nécessaire d'en rajouter.

 

En revanche, il y a peut-être des évolutions à mettre en place sur les systèmes d'alerte afin de mieux anticiper les événements climatiques de ce type, ainsi que sur la prévention pour savoir comment réagir sur chantier en cas d'urgence. L'OPPBTP va d'ailleurs publier une série d'articles sur ce sujet.

 

 

Risques météorologiques : les conseils de l'OPPBTP
Afin de se protéger des risques météorologiques, l'OPPBTP conseille de se tenir informé des bulletins météo, de sécuriser le chantier en cas d'annonce de tempête, de stopper les travaux en hauteur, d'identifier les zones à risque inondations et évacuer le matériel concerné et enfin de contrôler le chantier avant la reprise des opérations.

 

L'organisme rappelle également qu'il est essentiel de respecter une distance de sécurité d'au moins 10 mètres en cas de ligne électrique tombée au sol. En effet, un arc électrique peut se former et provoquer une électrisation, voire une électrocution, même sans contact direct avec la ligne.

 

La région Île-de-France débloque une aide d'urgence
A la suite du passage de la tornade, la Région a activé une enveloppe d'un million d'euros pour aider les maires concernés à gérer les dégâts. Dans un communiqué, elle affirme également avoir "identifié des bâtiments scolaires modulaires disponibles dans un lycée francilien qui pourraient être démontés pendant les vacances de Toussaint, et être redéployés sur la commune pour la rentrée des classes". Enfin, une évaluation des dégâts sur les espaces naturels est en cours, menée par Île-de-France Nature.

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