POLITIQUE. Le récent cambriolage du musée du Louvre agit comme un électrochoc au sein du monde culturel et politique. Les députés ont interpellé la ministre de la Culture sur la nécessité d'un plan d'action concret pour sécuriser le patrimoine français.

À la suite d'un spectaculaire cambriolage du musée du Louvre le 19 octobre 2025 entraînant le vol de plusieurs bijoux, la ministre de la Culture s'est fait questionner sur la protection du patrimoine français par plusieurs députés à l'Assemblée nationale, ce mardi 21 octobre 2025. "De nombreuses interrogations nous traversent. Au-delà du Louvre, notre patrimoine est devenu la cible de délinquants, de trafics internationaux, de filières de plus en plus organisées et mondialisées avec des motivations et modes opératoires nouveaux", pointe Jérémie Patrier-Leitus, député (Horizons) du Calvados.

 

Le pays a, en effet, été touché par plusieurs cas de vandalismes récents. Les églises sont régulièrement ciblées par des pilleurs, tout comme des musées régionaux. Rien qu'en septembre dernier, le musée national Adrien-Dubouché de Limoges et le muséum d'Histoire naturelle de Paris ont été dérobés. "La France s'enorgueillit de projets culturels ou architecturaux ambitieux qui participent au rayonnement international [du pays] mais sont-ils bien raisonnables alors que nos finances publiques sont dégradées et que l'entretien de notre patrimoine reste insatisfaisant ? Quels moyens [le ministère de la Culture peut] mettre en œuvre pour sa sécurité, sa sûreté et sa protection ?", demande le député.

 

"Le musée du Louvre est l'écrin de la culture française et de notre patrimoine commun. Ce qui s'est passé dimanche n'est pas un banal incident. C'est une atteinte grave à notre patrimoine historique", lui répond Rachida Dati. La ministre de la Culture indique avoir proposé au Premier ministre, Sébastien Lecornu, de confier à Patrier-Leitus, "en tant que rapporteur, une mission relative à la sécurité de tous les lieux patrimoniaux, en lien avec le ministre de l'Intérieur, afin de faire des préconisations efficaces". Elle considère que "la sécurité de nos musées, objets d'art et lieux patrimoniaux doit être appréhendée plus largement."

 

Mais la ministre n'oublie pas les contraintes liées à la mise en place d'une sécurité plus musclée. "Parfois, changer une prise nécessite de quasiment détruire un mur", rappelle-t-elle, ajoutant qu'il faut également prendre en compte la contrainte temporelle de ces opérations. "Il faut de nombreux mois pour que les marchés publics et les travaux soient lancés."

 

De nombreux bâtiments en péril

 

Caroline Parmentier, députée (Rassemblement national) du Pas-de-Calais, interpelle alors la ministre sur ce sujet. "Le dernier rapport de la Cour des comptes souligne des failles graves dans les équipements de sécurité pour la protection des œuvres mais aussi concernant les risques importants d'incendie. L'ensemble de notre patrimoine français est menacé par la négligence de l'Etat", affirme-t-elle. Rachida Dati, également maire du VIIe arrondissement de Paris, avance alors un chiffre, celui de l'augmentation du budget consacré au patrimoine - de l'ordre de "27%" - depuis la prise de fonction d'Emmanuel Macron en tant que président de la République en 2017.

 

En 2025, 4,45 milliards d'euros ont été alloués au ministère de la Culture, dont 1,2 pour le patrimoine, le principal poste de dépense. Un montant en hause de près de 5% par rapport à l'année précédente, alors qu'en 2024, il avait été "amputé", d'après la CGT. La plus grosse partie de l'enveloppe budgétaire 2025 est dédiée aux monuments historiques.

 

Le projet de loi de finances 2026, rendu public par Matignon le 14 octobre, fait état d'une réduction du budget du ministère de plus de 200 millions d'euros. La baisse devrait être de 58 millions d'euros pour le patrimoine.

 

En France, l'état du patrimoine religieux, "en particulier dans les territoires ruraux, est préoccupant : 500 édifices sont fermés au public et 5.000 sont menacés", selon la Fondation du patrimoine. Même constat pour les monuments non-protégés : 67.400 sont en état critique en 2025.

 

 

 

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