Sur les 1.450 sociétés de 46 pays qui participent à la grande foire pour la reconstruction de l'Irak qui s'est ouverte lundi à Koweit, seules trois sont françaises et une seule en rapport avec le BTP.

"Rebuild Iraq 2004" : le seul nom de ce salon professionnel donne le ton à cet événement qui se tient à Koweit jusqu’au 23 janvier. Car dans ce pays dévasté par des années de dictature et plusieurs guerres, les besoins sont énormes. La compagnie koweitienne des foires internationales (KIF) et la compagnie saoudienne Riyadh Exhibition, qui organisent ce salon prévoient que cette rencontre permettra la signature de contrats de plusieurs milliards de dollars.

Des équipements d'infrastructures et des services nécessaires pour la reconstruction de l'Irak seront exposés, en même temps que des infrastructures liées à l'agroalimentaire, à l'eau, aux installations hospitalières et pharmaceutiques, à la sécurité, à l'environnement, aux installations pétrolières et de raffinage et à la machinerie. L'exposition intéressera aussi les secteurs des routes, des chemins de fer, la construction des ports et des aéroports, des écoles, des télécommunications et des systèmes financiers.

"Nous avons presque besoin de tout (...). L'Irak est dans une situation terrible (...). Son infrastructure a été détruite et il y a une pénurie dans tous les domaines", a déclaré le ministre irakien de la Reconstruction et du Logement, Bayane Baqer Al-Zoubaïdi. "Le Conseil de gouvernement (intérimaire) irakien a décidé d'allouer au titre des budgets 100 milliards de dollars à la reconstruction pendant les 10 prochaines années, et pendant cette période nous nous attendons aussi à 100 mds USD d'investissements étrangers", a ajouté M. Zoubaïdi cité par l’AFP.

Les Etats-Unis - notamment à travers les appels d’offres lancés par l’intermédiaire de l'agence américaine pour le développement international (USAID) - ont déjà commencé à rafler les plus gros contrats. Ce n’est donc pas un hasard si seulement une quinzaine entreprises exposent à Koweit.

En fait, le salon "Rebuild Iraq 2004" est un peu le salon de la seconde chance pour les autres pays souhaitent participer à cette reconstruction. Un coup d’oeil à la liste des exposants en dit long sur les ambitions des différents pays dans la région. Ainsi, l'Iran forme le plus grand contingent avec 130 firmes, suivi du Koweit avec 119 firmes. Les européens ne sont pas en reste et l'Italie a envoyé 112 compagnies alors que la Grande-Bretagne y est représentée par plus de 100 exposants. Même l'Allemagne, opposée comme Paris à la guerre en Irak, compte 50 exposants. Il est donc assez surprenant que seules trois entreprises françaises aient choisi d’exposer leurs produits, dont le fabricant de matériels de BTP Manitou.

Plus surprenant encore, la France ne compte aucune représentation officielle alors que la plupart des grands pays disposent d’un pavillon dédié ou dépêchent des émissaires comme l’anglais Brian Wilson, envoyé spécial pour le Commerce et la reconstruction en Irak. On se souvient pourtant qu’il y a quelques mois, le ministère français de l'Economie et le Mouvement des entreprises de France (Medef) avaient mis sur pieds une sorte de cellule de crise dont le but est "de développer des réflexions communes" en vue de participer à l'après-guerre.
Reste à savoir si cette absence française est le fruit d’une «réflexion» ou tout simplement si elle ne traduit pas l’esprit de frilosité qui sévit en ce moment dans les entreprises françaises.

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