Ségolène Royal en électricienne, Michel Sapin en boulanger ou Manuel Valls en plâtrier… Voilà des idées de reconversion possible pour nos ministres, si, comme le prévoit la loi Sapin II, il n'y avait plus besoin de qualification pour devenir artisan… C'est le sujet de la campagne « choc » que lance ce vendredi l'UPA pour sensibiliser le public et montrer l'absurdité du projet de loi.

Les artisans sont en colère, mais ont gardé le sens de l'humour… Ainsi, l'UPA lance ce vendredi 27 mai 2016, une campagne de communication inédite et décalée, qui vise directement les ministres du Gouvernement, afin de leur montrer concrètement « l'absurdité de l'article 43 du projet de loi Sapin II qui envisage de supprimer l'obligation de détenir une qualification professionnelle pour exercer de nombreux métiers de l'artisanat ».

 

Pour cela, l'organisation patronale a imaginé les éventuelles reconversions professionnelles de six ministres, qu'elle a mises en scène à travers un site dédié www.maboxloisapin.fr. « Comment faire comprendre à nos chers ministres que l'on ne s'improvise pas artisan ? Nous avons décidé de les confronter à l'absurdité de leur proposition, en les projetant dans leurs futurs métiers : boulanger, bouchère, électricienne, plâtrier, esthéticien, mécanicienne… S'il est facile de devenir artisan, un simple kit 'Ma Box Loi Sapin' devrait suffire ! », tonne Jean-Pierre Crouzet, président de l'UPA.

 

Outils en plastique et fiche pratique

 

Cette box n'est pas que virtuelle, et les ministres devaient recevoir ce jour la leur, en vrai ! Ainsi, Manuel Valls, futur plâtrier, devait recevoir dans sa box, outre une fiche métier, des outils en plastique comme une truelle, un platoir, un niveau et un casque. De son côté, Ségolène Royal, en futur bonne électricienne, pourra s'amuser avec un kit d'électronique avec composants et des lunettes de protection… Plus de campagne de sensibilisation sans réseaux sociaux, et avec le #ArtisanDemain, on nous annonce qu'on peut suivre la livraison de ces box en temps réel !

 

Box loi Sapin
box loi Sapin © UPA

 

Au-delà de la caricature et de la moquerie, c'est un réel cri d'alarme que lance de nouveau l'UPA. « Le projet de loi Sapin II s'attaque frontalement à l'artisanat, première entreprise de France. Il prépare une dévalorisation de nos métiers, une dépréciation de la qualité des produits et des services et la perte des savoir-faire artisanaux qui font la renommée de notre pays à l'international », déplore Jean-Pierre Crouzet.

 

Et le président de la Capeb, principal soutien de cette campagne de l'UPA, de rappeler : "Les métiers de l'artisanat du bâtiment forment un tout et ne peuvent faire l'objet d'un 'saucissonnage' en une succession d'activités, dont une partie serait des 'activités complexes' nécessitant des qualifications, et une autre partie serait des 'activités simples' ne nécessitant aucun savoir-faire".

 

Box loi Sapin
Box loi Sapin © UPA

 

« Un diplôme, pour quoi faire ? »

 

Tout un chacun est invité à relayer cette campagne, qui sera également tournée vers le monde de l'apprentissage, premier concerné par les conséquences de la loi Sapin II. « Vous préparez un diplôme qui ne vous servira à rien », semble envoyer comme message le Gouvernement, explique l'UPA.

 

Patrick Liébus renchérit : "Nous n'avons peut-être pas fait l'ENA, mais nous avons au minimum un CAP ! Imaginez Manuel Valls en plâtrier ou Ségolène Royal en électricienne ? Avec 'Ma Box Loi Sapin', nous mettons au défi nos élites politiques de s'improviser artisan du bâtiment sans passer par la case qualification".

 

 

Les ministres sauront-ils apprécier le geste ? En cette fin d'après-midi, Jean-Pierre Crouzet, interrogé par Batiactu, n'avait pas encore eu de retour. "J'ai fait mon choix, depuis longtemps entre ça et la violence, nous confie-t-il. Maintenant, reste à savoir comment cette action sera interprétée, nous attendons de voir comment cela va évoluer".

 

Quelle suite ? "Nous allons continuer à développer des outils nécessaires pour former nos ministres, s'amuse le président de l'UPA. Cela restera dans le même esprit, sur le ton de l'humour et de la moquerie", nous assure-t-il. Dans tous les cas, comme l'avait déjà laissé entendre son vice-président Patrick Liébus, lors de sa dernière conférence de presse, il estime que "les choses peuvent bouger". "Qui peut défendre le contraire?, s'interroge-t-il, trouvant "dommage" que l'on entame des réformes sans tenir compte de leurs conséquences. A bon entendeur...

 

 

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