RENOUVELABLES. Le déploiement massif de turbines éoliennes permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre en fournissant une électricité peu carbonée. Mais il aurait un impact sur l'atmosphère en contribuant à la réchauffer par redistribution des masses d'air chaud et humide… Des chercheurs américains ont évalué cet inconvénient.

Est-ce un argument pour les opposants à l'énergie éolienne ? Des chercheurs de l'université de Harvard (Boston) ont évalué l'impact du fonctionnement de ces génératrices sur le réchauffement de l'atmosphère. Et il ne serait pas négligeable.

 

 

Leur postulat de base reste toutefois extrême : ils ont imaginé une production d'électricité à 100 % éolienne aux Etats-Unis. Pour y parvenir il serait nécessaire de couvrir des surfaces comprises en 5 et 20 fois supérieures à celles qui existent déjà (57.600 machines sont actuellement en fonctionnement). Ce qui aurait un effet important sur le climat puisque la température moyenne à travers le continent nord-américain augmenterait de +0,24 °C, avec un impact nocturne encore plus fort (jusqu'à +1,5 °C). Un réchauffement local qui serait lié au mouvement de brassage induit par des milliers de rotors et qui ferait remonter de l'air chaud, proche du sol, vers de plus hautes altitudes. Le chercheur David Keith avait déjà produit un rapport en 2013 montrant que les éoliennes créaient un sillage derrière elles, qui perturbait le fonctionnement des autres machines et ruinait leur rendement, si elles étaient trop proches. D'où un espacement nécessaire entre les mâts et une plus grande consommation de terres, selon lui.

 

Plus d'impact que le charbon ou le gaz à court terme ?

 

Le scientifique déclare : "Si votre point de vue porte sur les 10 prochaines années, à certains égards l'énergie éolienne a effectivement plus d'impact sur le climat que le charbon ou le gaz. Si votre point de vue est le prochain millier d'années, alors l'énergie éolienne a énormément moins d'impact climatique que le charbon ou le gaz". Une étude datant de 2014 évalue le "poids" carbone du courant éolien à environ 12 grammes/kWh (équivalent à l'électricité nucléaire) là où le gaz naturel dégage 490 gCO2/kWh et le charbon 820 gCO2/kWh. David Keith résume : "Les impacts climatiques directs de l'énergie éolienne sont instantanés, tandis que les avantages d'émissions réduites s'accumulent lentement". Mais le chercheur américain conclut : "Le vent bat le charbon dans toutes les mesures environnementales, mais cela ne signifie pas que les impacts sont négligeables". Selon ses calculs, le solaire photovoltaïque serait, à puissance égale, dix fois moins impactant que l'éolien. Mais les surfaces utilisées au sol seraient alors incroyablement plus grandes…

 

 

L'impact environnemental de la fabrication des éoliennes avait déjà été mis en cause par certaines associations. Rappelons qu'une éolienne terrestre classique est principalement constituée d'acier (89 %) pour le mât et la turbine, de fibres de verre pour les pales (6 %), de cuivre pour la génératrice et le câblage (1,6 %) et de béton pour les fondations (1,3 %). Des matériaux qui sont toutefois en grande partie recyclables (métaux) ou en passe de l'être (béton). D'autres études scientifiques tendent au contraire à prouver que l'éolien offshore, situé loin des côtes peut-être grâce au déploiement de turbines flottantes, serait bel et bien capable de fournir de l'électricité pour tous.

 

Une étude qui fait réagir les professionnels de la filière éolienne, qui répondront à son contenu prochainement sur Batiactu.

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