ENERGIES RENOUVELABLES. Les résultats du 2nd appel d'offres éolien ne sont pas encore publiés mais France Energie Eolienne estime déjà que les volumes attribués seront bien inférieurs aux prévisions. En cause, un blocage administratif depuis la fin de 2017, que le gouvernement tarde à résoudre. Explications.

Malgré les annonces du secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire en janvier dernier, l'éolien terrestre français semble tourner au ralenti. Alors que Sébastien Lecornu prévoyait de "libérer" cette énergie par des mesures de simplification au point d'arriver à doubler les capacités installées d'ici à 2023, le rythme des raccordements devrait au contraire se tasser, selon France Energie Eolienne (FEE). L'association, qui regroupe 330 membres et représente plus de 85 % des turbines exploitées sur le territoire, note que le développement de projets éoliens terrestres subit depuis huit mois une situation de blocage liée à l'annulation partielle, par le Conseil d'Etat, de décrets spécifiques sur l'autorité environnementale des préfets. Selon FEE, environ 2.000 MW de projets déjà autorisés seraient sujets à un risque d'annulation par des tribunaux administratifs en cas de recours, et 3.000 MW supplémentaires, en phase d'instruction, seraient suspendus.

 

 

Pas de déblocage avant la fin de l'année au mieux ?

 

Olivier Perot, le président de l'association, explique : "Le projet de décret portant réforme de cette autorité environnementale, soumis, vendredi dernier (6 juillet 2018, NdlR) à la consultation du public par le gouvernement, constitue un premier élément de sortie de crise. Néanmoins, au regard des délais qui s'annoncent, il est impératif que l'exécutif permettre en outre d'accélérer le traitement des dossiers bloqués pour lesquels un nouvel avis de l'autorité environnementale sera nécessaire". Un véritable problème au moment où les résultats du second appel d'offres doivent être rendus, car au lieu d'attribuer 500 MW de nouvelles capacités comme prévu, le gouvernement ne pourrait compter que sur moins de 300 MW de dossiers déposés… FEE déplore : "En l'absence d'autorité environnementale, les projets ne pouvaient pas obtenir d'autorisation, ils ne pouvaient donc pas candidater". La France risque donc de rater son objectif de puissance installée de 15 GW à la fin de 2018, puisque +1,2 GW de capacités devaient être raccordées cette année (après +1,6/1,7 GW en 2016 et 2017).

 

 

Même une fois que le texte correctif, conférant aux missions régionales d'autorité environnementale la capacité de donner leur aval aux projets éoliens, sera publié (probablement à l'automne), "la situation va mettre du temps à se résorber", ajoute Olivier Perot. Pour lui, le troisième appel d'offres, prévu pour le mois de décembre 2018, ne sera pas non plus à la hauteur des espérances de la filière. Des retards en cascade qui auront un impact sur les volumes installés en 2020-2021.

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