La ministre de l'Environnement a dévoilé le nom des deux premiers lauréats de l'appel d'offres pour le développement de fermes éoliennes flottantes. Il s'agit de Quadran, pour la zone de Gruissan (Aude) et du consortium Eolfi-CGN, pour celle de Groix (Morbihan). Deux autres zones propices restent à attribuer.

La filière éolienne flottante française cherche à maintenir son avance : un an après avoir été lancé, l'appel à projets de l'Ademe portant sur le développement de quatre fermes pilotes, elle connaît aujourd'hui ses premiers lauréats. Deux projets ont été sélectionnés pour l'heure, ceux qui seront déployés au large de Gruissan (Aude) et de Groix (Morbihan). Chaque ferme comptera quatre machines, ancrées à une quinzaine de kilomètres des côtes et reliées au réseau électrique par un câble sous-marin. Les contrats d'achat de courant seront conclus pour une durée de 20 ans, afin d'assurer la rentabilité des installations.

 

Un nouveau succès pour Haliade de GE-Alstom

 

Pour le projet breton, c'est la PME Eolfi Offshore France (ex-filiale de Veolia) qui a remporté l'appel d'offres, aux côtés de l'énergéticien CGN Europe Energy (filiale d'un groupe chinois), avec le soutien de la région Bretagne. Il faut signaler que cette équipe était seule en lice pour équiper la zone jugée propice sur la façade Atlantique. Les turbines GE-Alstom Wind "Haliade" de 6 MW seront fixées sur des flotteurs conçus par DCNS et fabriqués en collaboration avec Vinci. Valemo assurera la maintenance des machines. Eolfi signale être également active à l'étranger, en "développant depuis 2012 un portefeuille de quatre projets de fermes commerciales flottantes à Taiwan" pour une puissance de 2 GW. Le président de la PME, Alain Delsupexhe, a déclaré : "Déjà présents à l'international, nous avions besoin de ce succès en France qui constitue une référence reconnue et soutenue par l'Etat. Nous sommes heureux (…) de pouvoir améliorer notre maîtrise de cette technologie en milieu océanique à forte houle et à fort marnage, caractéristique de l'essentiel du marché de l'export". Car, en effet, le projet de Groix se différencie des autres projets d'éolien flottant par sa localisation dans l'océan plutôt qu'en mer Méditerranée.

 

… et un nouveau succès pour la "damping pool" d'Ideol

 

Parallèlement, c'est le consortium piloté par le groupe Quadran qui a été retenu pour développer le projet EolMed, la ferme pilote qui sera déployée au large de Gruissan (Aude). Cette fois ci, ce sont quatre machines Senvion de 6,12 MW qui seront installées sur des fondations flottantes en béton Ideol construites par Bouygues Travaux Publics. Benoît Lange, le directeur commercial de Bouygues TP, précise : "Passer à l'étape de ferme pilote s'inscrit dans la continuité du développement technologique que nous avons entreprises au travaux du prototype Floatgen, et EolMed bénéficiera ainsi du retour d'expérience de la première éolienne flottante de France". Et toujours afin de se positionner sur les marchés internationaux, il conclut : "En démontrant la commercialité des technologies mises en œuvre, EolMed ouvrira la voie aux membres du consortium pour se positionner sur les marchés à l'export". Dans un communiqué commun, les partenaires annoncent : "Les études, demandes d'autorisations et construction dureront quatre ans, suivies d'une phase de fonctionnement expérimental de deux ans, prolongée d'une période d'exploitation industrielle de 15 à 20 ans. L'ambition, à terme, est d'alimenter 1 million de personnes de la région Occitanie avec de l'électricité issue des vents réguliers et forts de la Méditerranée".

 

Ségolène Royal, pour sa part, félicite les premiers lauréats : "Ils contribueront au développement du tissu industriel des territoires d'implantation. Ils bénéficieront d'une aide à l'investissement dans le cadre du Programme des investissements d'avenir (PIA) et d'un tarif d'achat garanti pour l'électricité produite". Il est prévu que le projet EolMed permette de créer 300 emplois directs en phase commerciale et qu'il participe au développement économique de sa base audoise, située à Port-la-Nouvelle, où seront construits les flotteurs en béton et assemblées les éoliennes.

 

Accélérer le calendrier des appels d'offres commerciaux

 

Concernant les deux autres zones méditerranéennes de développement de l'éolien flottant (Faraman dans les Bouches-du-Rhône et Leucate dans l'Aude), la ministre précise : "D'autres projets déposés dans le cadre de cet appel d'offres sont encore en cours d'instruction. A l'issue de celle-ci, je procéderai à la désignation de lauréats supplémentaires, à la rentrée". Engie et Eiffage Métal ont notamment déposé un dossier pour la zone de Leucate. Eolfi a également soumis des offres pour les deux dernières zones à attribuer dans le Golfe du Lion. En tout, huit consortiums se sont positionnés.

 

 

La ministre de l'Environnement souligne : "La France a un temps d'avance sur les énergies marines renouvelables. C'est une filière industrielle d'avenir, porteuse des emplois de demain. Je souhaite maintenir cette avance. Les projets prêts doivent pouvoir se développer rapidement". Il est prévu, dans le cadre de la PPE, que 100 MW d'EMR hors éolien offshore posé, soient en service en 2023 et que 2.000 MW de projets supplémentaires soient attribués.

 

Le potentiel de l'éolien flottant :
Les spécialistes des énergies renouvelables cités par Eolfi estiment qu'en 2050 l'éolien flottant produira deux fois plus d'électricité que la filière nucléaire dans le monde. Dès 2030, il assurera près de 15 % de la consommation électrique européenne. La PME qui vient de remporter l'appel d'offres de Groix, précise : "Comparé à l'éolien terrestre, l'avantage est double : moindre impact visuel, vent plus important et plus régulier d'où un rendement accru. L'éolien flottant permet d'aller chercher les vents les plus puissants au grand large, tout en réduisant les conflits d'usage de la mer". La société insiste sur le potentiel que représentent les côtes françaises, longues de 3.500 km, et l'étendue de la zone économique exclusive du pays, la seconde au monde. De nombreux atouts qui devraient faire de la France un leader naturel des EMR.

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