DÉBAT. Lors d'un colloque organisé le 6 novembre 2019 au salon Batimat, l'association Smart Building Alliance a questionné l'importance du monitoring des données dans la performance énergétique.

Comment rendre la quête de performance énergétique désirable et pertinente sans que les outils qui la rendent possible ne grignotent les économies attendues ? Si l'on veut massifier la transition énergétique des bâtiments, cela commence par la fiabilité des données, selon Thierry Chambon, directeur général d'Energisme. "Le vrai frein à la massification de la rénovation énergétique, c'est la faible capacité de la donnée à dire s'il y a eu une économie d'énergie ou non. Il faut déjà que ce calcul soit bon, à partir de données fiables", juge-t-il.

 

Dresser un état des lieux des données disponibles et de leur fiabilité permettrait donc de déterminer plus finement les apports du numérique à la gestion du bâtiment. Surtout quand ce dernier s'avère être une mine d'informations insoupçonnée. "Il n'est pas nécessaire de sur-instrumenter si les informations sont déjà là, et il y en a un paquet", s'enthousiasme Christian Rozier, président d'Urban Practices. Il en veut pour preuve que dans le parc social notamment, "les bailleurs ne savent quasiment pas ce qui se passe dans leurs immeubles, on se rend compte qu'ils ont énormément de matière, sauf qu'elle n'est pas unifiée".

 

C'est là qu'intervient le monitoring, qu'il faut intégrer au corps de l'immeuble comme "une épine dorsale digitale", dont l'architecture imaginée en amont "permet de faire converger la data", estime Christian Rozier. Directrice de la stratégie chez Schneider Electrics, Christelle Aroule confirme que "le prochain axe de progrès sera celui de l'harmonisation de la donnée" et qui ouvrira dès lors "un boulevard de choses à mettre en œuvre".

 

Faire primer "logique de résultats" sur "logique de moyens"

 

Si l'unification des données devient l'épine dorsale des immeubles, qu'ils soient résidentiels ou tertiaires, faut-il pour autant les laisser avoir accès au cerveau ? Directeur associé de Greenflex, Sébastien Delpont rappelle que la donnée ne doit pas être le seul ingrédient d'une recette, dont la réussite tient davantage à "un subtil dosage" entre numérique, humain et équipements. En faisant primer "la logique de résultats" sur celle des "moyens", en faisant cohabiter conseil et technologie, on pourra "donner goût à la transition énergétique", en "créant la confiance par les chiffres et non des promesses en l'air", juge Sébastien Delpont.

 

Pour Thierry Chambon, l'humain doit effectivement rester au sommet des décisions, notamment sur la finalité de chaque donnée. Les maîtres d'ouvrage doivent donc intégrer le "edge computing" à leur réflexion sur le numérique dans le bâtiment, sur "tout un tas de données qui n'ont pas besoin d'aller sur des serveurs à San Francisco ou en Irlande". Objectif : garder une certaine souveraineté des données pour préserver les fonctions vitales du bâtiment comme les réseaux.

actionclactionfp