L’architecte Franck Hammoutène termine actuellement l’extension de l’Hôtel de Ville de Marseille. Sa particularité : être invisible. Les 8.300 m2 de surface ont été enfouis dans la pente du terrain, sous un aménagement urbain bordé par le Vieux Port et l’Hôtel Dieu.

Au lieu d’ajouter une nouvelle bâtisse au Vieux Port de Marseille, et suivre une démarche qui pourrait être ostentatoire, l’architecte Franck Hammoutène, 51 ans, a opté pour la discrétion. L’extension de l’Hôtel de Ville et l’aménagement des abords historiques ne font qu’un. «L’activité du personnel municipal s’étend en souterrain (8.300 m2) ; tandis que les habitants retrouve en surface un espace praticable longtemps resté en jachère (22.000 m2)», explique le concepteur du projet. «Les deux univers, architectural et urbain, se superposent et leurs fonctions, officielle et publique, cohabitent», ajoute-t-il.

«L’espace disponible dans la pente naturelle du terrain était tellement énorme, raconte Franck Hammoutène, qu’il a été capable d’absorber toutes les contraintes liées au programme et aux usages du bâtiment». Un immense volume souterrain, d’une hauteur de 10 m sous plafond, abrite la salle des délibérations du conseil municipal, ainsi qu’un foyer. «Ce foyer, explique l’architecte, est une sorte de salle des pas perdus à destination des élus, et un espace muséal pour des expositions temporaires». Une présentation du travail de Le Corbusier est programmée pour le début d’année prochaine.
L’hémicycle, dans lequel le premier conseil municipal s’est tenu le 6 février dernier, peut accueillir plus d’une centaine d’élus et le double de public dans des tribunes latérales. La salle comporte une régie TV pour filmer l’ensemble des débats, et tous les équipements modernes de communication. Elle pourra être mise à la disposition de conférences, les jours où le conseil municipal ne siège pas. Des galeries de liaison rattachent la nouvelle extension aux bâtiments existants de la mairie.

Topographie de pierre
Les espaces souterrains, dominés par la présence du béton, sont recouverts par un aménagement urbain où règne la pierre et le végétal. L’architecte décrit sa volonté de «restituer la topographie du site, par une descente graduelle et continue entre l’Hôtel Dieu et le Vieux Port». Refusant toute singularité opulente ou discordante, la tonalité générale minérale est faite d’ocre rose et de jaune, à l’instar des bâtiments existants. «Les variations dans le traitement de la pierre, des calepinages et orientation de la taille, suffisent à dessiner les sols», détaille Franck Hammoutène. Les espaces sont ponctués de tables lumineuses, de bancs et d’oliviers en pots.
Le budget de cette opération, livré dans les prochains mois, est de 22,5 millions d’euros HT.

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