RÉCOMPENSE. Plusieurs distinctions ont été remises cette semaine à des architectes et maîtrises d'ouvrage pour leurs projets ayant valorisé la relation entre les deux professions.
Le prix AMO, qui salue "la relation essentielle entre architectes et maîtres d'ouvrage" et récompense "une vision partagée, un dialogue fécond et une responsabilité collective face aux enjeux contemporains", fête son 41e anniversaire. Créé par l'association Architecture et Maîtres d'Ouvrage (AMO) et présidé cette année par l'architecte et urbaniste, Philippe Madec, co-fondateur du mouvement de la frugalité heureuse et créative, il a distingué plusieurs lauréats - un prix AMO et plusieurs catégories - lors d'une cérémonie de remise de prix le 3 novembre 2025 à Paris. Cent-trente-deux candidatures avaient été déposées.
La notion de transition écologique et sociétale était recherchée dans les dossiers présentés. Le jury a ainsi "récompensé des projets où sincérité, continuité, humilité constructive et engagement territorial se conjuguent pour réinventer le métier de bâtir. Cette édition a confirmé l'émergence d'un véritable basculement culturel. Les projets primés ne sont pas exemplaires parce qu'ils seraient parfaits, mais parce qu'ils sont authentiques, sensibles, engagés, attentifs au lieu, au vivant, aux ressources et aux temporalités."
Prix AMO
Le prix AMO est revenu aux architectes Studio Méditerranée et Studio Mumbai, et la famille Perrin pour le château de Beaucastel, à Courthézon (Vaucluse). Le domaine viticole, propriété de la famille depuis 1909, composé d'une bastide du XVIIe siècle et de bâtiments agricoles, avait besoin d'être homogénéiser.
Des nouvelles caves ont été dessinées tout comme des jardins, et un système de ventilation naturelle a été mis en œuvre. Près de 10 ans de chantier ont été nécessaires pour offrir une nouvelle jeunesse au site, en mobilisant des matériaux géosourcés provenant de l'excavation des sols. Du pisé a été mis en œuvre sur les murs porteurs des nouveaux édifices, et du béton a également été coulé sur site, mixé à de la chaux. Les matériaux des déconstructions ont, eux, été réemployés ou revendus.
L'opération est considérée par le jury comme un "manifeste sensible, ancré dans le sol et le temps long", qui mobilise des "systèmes ancestraux" et promeut une construction "responsable", réinterprétant "le rapport à la terre, au climat et à la production".
Les autres prix…
Lieu le mieux productifL'agence Ferron & Monnereau et la commune d'Audenge (Gironde) ont gagné la catégorie "Lieu le mieux productif" pour le groupe scolaire Elisabeth et Robert Badinter, jugé "exemplaire". Il mêle "ressources locales, faible impact et inclusion, pensé pour le bien-être des enfants et de toute la communauté".
Plus belle métamorphose
Le prix de la catégorie "Plus belle métamorphose" est revenu à NAS Architecture, Grenier Thomas Architecte et la ville de Montpellier pour l'école primaire Pierre et Colette Soulages, imaginée dans un conservatoire. "Un exercice de précision et d'écoute, révélant l'existant avec respect", décrit le jury.Meilleur catalyseur urbain ou rural
Bernard Quirot Architectes et associés, Atelier Apa et la mairie de Saint-Hilaire (Essonne) ont remporté la catégorie "Meilleur catalyseur urbain ou rural" à ex aequo avec l'agence Titan et Archipel Habitat. Les premiers ont conçu un pôle culturel, commercial et une place du village dans cette commune d'Île-de-France. "À la suite d'une catastrophe, un cœur de village se reconstruit en réemployant ses propres ruines." C'est un "geste de résilience collective", souligne le jury. Les seconds ont conçu le musée des Beaux-Arts de Maurepas, à Rennes (Ille-et-Vilaine) au pied d'une barre de logements sociaux. "L'art devient quotidien, ouvert et partagé."Mise en œuvre la plus audacieuse
La Poste Immobilier et le cabinet Nunc architectes ont reçu le prix de la catégorie "Mise en œuvre la plus audacieuse" pour la réhabilitation et extension du pavillon Keller, dans le XVe arrondissement de Paris. L'ancienne structure en béton a été préservée, et des façades préfabriquées en caissons en bois et isolées en bottes de paille ont été mises en œuvre.Typologie la plus créative
Oyapock Architectes et la ville d'Igny (Essonne) ont décroché le prix de la catégorie "Typologie la plus créative" pour une cantine scolaire. L'équipement communal "anticipe les usages futurs et joue la carte de l'hybridation typologique", estime le jury.TranseuropArchi France - Allemagne
L'agence Blaising & Borchardt Studio et l'association pour l'édification d'un Mémorial de la Shoah à Lyon ont obtenu le prix de la catégorie "TranseuropArchi France - Allemagne" pour le projet Les Rails de la Mémoire. "Une oeuvre façonnée par une équipe franco-allemande puisant dans la matière ferroviaire pour faire mémoire", explique le jury.
Lyon affine sa stratégie en faveur du logement