MENUISERIES. Pour accompagner la montée en compétence des artisans, le CSTB ouvre à La Rochelle (Charente-Maritime), en partenariat avec Tipee, un second centre de formation professionnelle autour des produits de la baie. Comme à Grenoble, les modules porteront avant tout sur la maîtrise des gestes pratiques. Visite avec Christophe Philiponneau (président de Tipee) et Hubert Lagier (chef de la division Baies & Vitrages au CSTB).

Voilà deux ans, le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) inaugurait à Grenoble un centre de formation professionnelle aux produits de la baie. Il réplique aujourd'hui cette initiative dans l'ouest du pays, à La Rochelle (Charente-Maritime), afin de diffuser les connaissances et les bonnes pratiques à un plus large nombre d'artisans. Un partenariat a été signé avec la plateforme Tipee, une structure qui cumule trois pôles d'expertise distincts : un laboratoire d'essais des produits de la construction, un service d'ingénierie et de recherche sur des thématiques du bâtiment (BIM, qualité de l'air intérieur, thermique) et un plateau technique dédié à la formation.

 

 

Grâce à ces installations et compétences variées, Tipee participera au cursus de formation de petits groupes de professionnels de la baie ou de la prescription. Christophe Philiponneau, son président, explique : "Nous développons de nouvelles compétences, de nouvelles méthodes pour accompagner les entreprises, tout comme le CSTB. Nous participons également à la démonstration de l'efficience des nouvelles technologies". Pour lui, de bons produits mal installés sont en effet contre-productifs. D'où la nécessité d'une montée en compétence des acteurs du secteur face à des produits toujours plus évolués. Hubert Lagier, le directeur de la division Baies & Vitrages au CSTB renchérit : "Il y a eu des évolutions permanentes depuis 25 ans, avec de nombreuses innovations liées aux multiples contraintes comme la thermique, l'accessibilité… Les fenêtres sont aujourd'hui très techniques, très complexes à concevoir et à mettre en œuvre". Lui aussi avance l'idée que ces produits très performants doivent avant tout être bien choisis et correctement mis en œuvre, tout comme Sophie Cuenot, responsable des formations au CSTB : "Pour faire face aux enjeux en matière de maîtrise des consommations et de réductions des émissions de gaz à effet de serre, il faut faire le choix du bon produit, de la bonne fenêtre. Egalement limiter les ponts thermiques et garantir la qualité de mise en œuvre pour maintenir les performances dans le temps". La question cruciale sera celle de la perméabilité à l'air du bâtiment.

 

Centre formation CSTB Tipee
Centre formation CSTB Tipee © Grégoire Noble

 

Un maillage territorial intensifié

 

Aussi, les formations proposées étudieront différents cas de pose, puisque les menuiseries se déplacent aujourd'hui vers le mi-mur voire l'applique extérieure. Différentes questions seront traitées pour s'assurer de la qualité de l'enveloppe du bâti. Rappelons que, selon une étude de l'Ademe, 41 % des fuites d'air viennent des menuiseries posées et qu'une autre enquête, de l'AQC, montre une recrudescence de la sinistralité de ces produits. "Elle est passée de 4 à 6 % dans le logement et de 6 à 9 % dans les locaux d'activité", rappelle Sophie Cuenot, qui note que les fenêtres sont de plus en plus grandes et lourdes, ce qui n'est pas sans poser des problèmes de manipulation au moment de leur installation. La responsable des formations poursuit : "Plus de la moitié des problèmes rencontrés proviennent de défauts de liaison avec le gros œuvre tandis que 21 % viennent de la qualité de la fenêtre. Et les coûts de réparations moyens sont élevés : entre 5.000 et 7.000 €". Un véritable problème pour toute la filière qui pourrait souffrir d'une dégradation de l'image de marque des sociétés concernées.

 

 

Le centre rochelais s'appuiera sur des situations réelles. Sébastien Dubin, un des formateurs, relate : "Les modules répondent à une demande de connaissance des DTU et des règles de l'art. On procède ainsi tout d'abord à une vérification du support de la baie - aplomb, dimensions, planéité - car les plages de tolérance sont réduites. Pour les fixations, le choix sera important suivant le niveau de résistance souhaité". Pour l'étape de calfeutrement également, au moyen de fond de joint et mastic ou de mousse imprégnée, l'attention sera portée sur les points singuliers comme les coins des fenêtres et sur la plage de compression des produits choisis. Les formations se feront par petits groupes, de 12 ou 14 personnes maximum, afin que chaque binôme puisse poser au moins une menuiserie. Les stagiaires seront évalués à chaud, sur place, mais également à froid, quelques mois plus tard, afin d'être certains que les connaissances ont été bien intégrées. Sophie Cuenot insiste : "Les formateurs sont issus du terrain et ont été sélectionnés et formés par le CSTB. Et le taux de satisfaction des stagiaires est très élevé, supérieur à 95 %". La réussite des centres de Grenoble et de La Rochelle conditionne déjà l'ouverture d'une 3e plateforme de formation, cette fois en Île-de-France, afin de poursuivre le maillage territorial. Cette fois implanté dans les locaux du CSTB à Champs-sur-Marne, il s'appuiera sur un autre partenariat, avec les Compagnons du Devoir.

 

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