EN IMAGES. Trois ministres soutiennent la candidature du phare situé à l'embouchure de la Gironde à l'inscription sur la liste de l'Unesco. Classé monument historique en même temps que Notre-Dame de Paris, ce chef-d'œuvre alerte les marins sur les dangers de la zone depuis 1611. Coup de projecteur.

"Le phare des rois et le roi des phares". C'est ainsi qu'est connu Cordouan, le plus ancien des phares français encore en activité, et le deuxième au monde, après celui de Gênes en Italie. Edifié au 17e siècle, ce "Versailles de la mer" marque l'embouchure de la Gironde et pourrait faire son entrée, en juillet 2020, dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. La France a officiellement déposé une demande en ce sens, par la voix de son ministère de la Culture, appuyé par le ministère de la Transition écologique et solidaire et celui des Transports. Car le sémaphore est entretenu par les services de la direction interrégionale de la mer Sud-Atlantique, de la direction des affaires maritimes.

 

Artistes et ingénieurs co-concepteurs

Voulu par le maréchal de Matignon, gouverneur de Guyenne, et Michel de Montaigne, maire de Bordeaux, cet ouvrage est commandé à l'ingénieur-architecte Louis de Foix en 1584. "L'Œuvre royale" est achevée en 1611, munie d'un dôme et d'un lanternon effilé qui seront détruits et remplacés au cours du siècle. Les meilleurs ingénieurs de France y travaillent, notamment Teulère qui met au point le premier feu tournant à réverbères parabolique en 1790, ou Fresnel qui y teste sa lentille à échelon en 1823. Frank Riester, ministre de la Culture, déclare : "Le phare de Cordouan représente un chef d'œuvre du génie créateur humain par son architecture unique, résultant de la volonté de concevoir un ouvrage de signalisation maritime comme un monument digne des anciennes Merveilles du monde. Il témoigne de l'ingéniosité des hommes à ériger un édifice de la plus haute ambition artistique au sein d'un environnement maritime inhospitalier". Elisabeth Borne, ministre des Transports, ajoute : "Ce choix de la France va pour un monument qui est tout à la fois un fleuron du patrimoine culturel et architectural, mais aussi un emblème de l'aide à la navigation maritime, qui depuis des siècles, a su guider les marins et leurs embarcations afin de les prévenir des dangers en mer".

 

Lancée en 2016, cette candidature a mobilisé les services des ministères ainsi que les acteurs locaux rassemblés au sein du syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde. Le dossier sera instruit par des experts du Conseil international des monuments et sites, pendant 18 mois, afin d'attester de la valeur exceptionnelle du phare selon les critères de l'Unesco. Il pourrait rejoindre d'autres sites français reconnus comme le Mont-Saint-Michel, le Pont du Gard ou Versailles et Fontainebleau.

 

 

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Détail des maçonneries

Phare de Cordouan
détail de l'architecture du phare © Selvejp - Wikimedia CC
Si les deux étages inférieurs en pierre blanche de Saintonge ont été conservés, la partie supérieure a grandement évolué (et grimpé) au cours des siècles. Les tempêtes n'ont pas épargné le monument qui a été renforcé régulièrement.

 

Les vitraux de la chapelle

Vitrail de Cordouan
Vitrail de Cordouan © Thibault Grouas - Wikimedia CC
La chapelle du phare, située au 2e niveau est surmontée d'une voûte percée de huit baies richement ornées et pavées de marbre. Les vitraux datent de la construction du phare et ont été récemment restaurés.

 

Travaux de consolidation du bouclier

Phare de Cordouan
Phare de Cordouan © Thibault Grouas - Wikimedia CC
Edifié sur un plateau rocheux, l'édifice a subi 400 ans d'érosion obligeant à la réalisation de travaux de renforcement du bouclier en 2005.

 

Le 3e plus haut phare de France

Phare de Cordouan
Phare de Cordouan © Wikimedia CC
Malgré ses 400 ans, le phare de Cordouan reste le 3e plus haut phare de tout le pays, avec 68 mètres (et 16 mètres de diamètre à la base). Il n'est surpassé que par le phare de l'île Vierge (82,5 m) et celui de Gatteville. Le feu est aujourd'hui produit par une lampe halogène (250 W) d'une portée de 22 milles marins. Mais de nombreuses sources ont été utilisées au cours des siècles dont des ampoules au xénon, du blanc de baleine ou encore du bois enduit de poix, d'huile et de goudron.