Alors que la reprise se confirme dans le bâtiment depuis fin 2015, le contexte économique reste incertain, pendu à l'avenir de la loi Travail, du Brexit et autres aléas du marché. Cependant, la Fédération du bâtiment maintient une activité à +1% en 2016 et appelle à la pérennisation de « ce qui fonctionne ».

« Le doute n'est plus de mise. L'été de l'activité se confirme. Reste que gels, grêles et inondations peuvent encore réduire à néant les bourgeons du printemps, bien avant qu'ils aient donné leurs fruits », a commenté de manière bucolique la Fédération française du bâtiment (FFB) les derniers indicateurs de l'activité du secteur. « Une image qui résume parfaitement la situation actuelle », a-t-elle ajouté.

 

Alors que tombaient simultanément les derniers chiffres de la construction du ministère de l'Environnement, faisant état d'une embellie tant au niveau des mises en chantier que des permis de construire, la Fédération annonçait donc une reprise de l'activité, notamment dans la construction de logements neufs et le non-résidentiel neuf. Ainsi, si elle mise sur environ 380.000 logements mis en chantier en 2016, soit une hausse de 10%, elle n'entrevoit toutefois pas d'indicateur au vert pour l'activité « entretien-amélioration ». « Ni l'essor des ventes dans l'ancien, ni les mesures en faveur de la transition énergétique ne parviennent à véritablement redynamiser le marché », précise-t-elle.

 

Pérennité des politiques

 

Cependant, modère la FFB, la reprise ne profite pas à tout le monde et des fractures territoriales se font jour. Ainsi, dans les secteurs souvent ruraux ou peu denses, les difficultés perdurent. En cause, l'atonie du marché de l'entretien-amélioration et le recul des marchés publics qui s'ajoutent à l'absence de reprise dans le neuf. Résultat, les perspectives dans certaines régions sont « gelées » et cette fracture risque bien de se poursuivre, craint la FFB.

 

Gare à la précipitation, prévient l'organisation. Aller trop vite dans la mise en œuvre de certaines mesures réglementaires, notamment en matière de transition énergétique, risquerait de « casser un marché qui éclot à peine ». D'autant que l'échéance de l'arrêt du CITE au 31 décembre 2016 n'a rien de rassurant…

 

Bonne résistance des entreprises

 

Tout ceci ne pourrait que déstabiliser encore plus l'appareil de production déjà fragile. « La reprise est encore insuffisante pour permettre la reprise des marges, et donc de l'emploi », assure Jacques Chanut, président de la FFB. Qui précise que les entreprises du secteur « affichent toujours une étonnante résistance » malgré la hausse des défaillances et des trésoreries qui continuent de se dégrader. En chiffres, au 1er trimestre 2016, en glissement annuel, l'effectif salarié s'inscrit en recul de 15.500 unités (-1.5%) et de celui de l'intérim en équivalent temps plein (ETP) affiche une progression de 5.000 postes (+7.2%), soit une baisse globale de 10.500 postes (-0.9%).

 

Malgré tout, « la matière première du bâtiment reste la confiance », martèle la FFB. « Tout ce qui touche à la confiance n'est pas une bonne nouvelle », insiste Jacques Chanut, faisant référence au contexte économique et politique actuel. La Fédération maintient toutefois une activité en hausse de 1% cette année, espérant même « être pessimiste ».

 

 

Pénibilité : le bâtiment réclame toujours le report d'un an
Malgré l'annonce de la rédaction d'un nouveau référentiel visant à simplifier la mise en place du compte pénibilité, les professionnels du secteur du bâtiment ne décolèrent pas. Deux difficultés majeures sont ainsi pointées du doigt par la FFB : la multiplicité des tâches et la prise en compte de la polyvalence. « Prenez l'exemple d'un carreleur. A priori, il n'est pas soumis au bruit, or si dans son environnement de travail - qu'on ne maîtrise pas - il se trouve à travailler à proximité d'un marteau-piqueur, comment faire ?, ironise Jacques Chanut. Le secteur du bâtiment n'est pas celui de l'industrie où l'environnement est connu et peut être maîtrisé. C'est pourquoi, il faut nous laisser le temps de sortir un texte qui soit réaliste, durable et plausible. Que le bon sens l'emporte ! ».

 

L'instruction ministérielle publiée la semaine dernière annonce que les entreprises n'auront aucune déclaration à faire avant début 2017 et pourront modifier leur déclaration jusqu'en septembre 2017. Une modification qui pourra même intervenir pendant trois ans, soit jusqu'en 2019, précise la FFB. « Pas de panique ! Le 1er juillet est une date politique et non technique. Il n'y a donc pas lieu de se précipiter avant cette date qui doit marquer l'entrée en vigueur des six derniers facteurs de pénibilité », affirme Jacques Chanut. Qui, à l'instar de l'UPA, demande toujours au gouvernement de reporter d'un an l'application du dispositif… Seront-ils entendus d'ici à vendredi ?

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