ANALYSE. Le marché français de l'éolien terrestre est en forte hausse (+10 % par an) et le parc installé devrait doubler de volume d'ici à 2025. Quelle sera la stratégie de ses acteurs, très diversifiés : déploiement à l'international, acquisitions ou diversification des activités ? Le cabinet Xerfi livre son expertise.

En 2017, l'éolien terrestre français a connu une année record avec +1,7 GW de puissance supplémentaire raccordée. Le parc national développe désormais 13,6 GW et l'objectif 2018 de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) de 15 GW devrait être atteint. Pour les acteurs du domaine, ce regain s'est traduit par une hausse du chiffre d'affaires, qui dépasse les 5 Mrds €. Le cabinet Xerfi note que, sur la base d'un niveau de raccordement de +1,9 GW par an, le cap de 25 GW sera atteint en 2023, plaçant alors la France au deuxième rang européen de cette énergie derrière l'Allemagne.

 

 

Mais comment va s'organiser la filière composée d'acteurs très variés ? Pierre Paturel, auteur de l'étude, note que le monde français de l'éolien terrestre s'appuie sur "des bureaux d'études en amont", des "spécialistes de la maintenance en aval", "des grands opérateurs" dont les deux premiers énergéticiens nationaux (EDF EN et Engie) et des fabricants. Le spécialiste dévoile : "Tous ces acteurs cherchent évidemment à développer leur activité et à conforter leurs positions. A cet effet, ils empruntent plusieurs voies". Première possibilité, intégrer plusieurs maillons de la chaîne de valeur, en participant à la fois au développement, la construction et à l'exploitation des parcs éoliens en propre mais aussi via l'acquisition de portefeuilles d'actifs. L'analyse du paysage concurrentiel montre qu'en 2017, un peu plus de la moitié de la puissance du parc est gérée par les dix premiers exploitants, tandis que l'autre moitié est partagée entre une multitude d'acteurs locaux, de petite taille. "Le secteur a vocation a davantage se concentrer entre les mains des grands énergéticiens et d'entreprises de taille intermédiaire spécialistes des énergies renouvelables", assure l'expert. L'année passée, Futuren a été racheté par EDF EN tandis que Quadran est passé sous contrôle de Direct Energies.

 

Eolien terrestre ou flottant, même combat ?

 

 

Deuxième piste, le déploiement à l'international pour les développeurs-exploitants de plus grande taille. Xerfi signale l'exemple de Neoen en Australie ou de Quadran en Pologne. Déjà, en 2016, le cabinet d'analyse prévoyait que la consolidation du marché français s'accompagnerait d'une internationalisation des acteurs de taille moyenne, qui pourraient se montrer aussi conquérants que les majors. Troisième axe possible, celui de la diversification de l'activité, notamment vers le stockage énergétique ou vers l'éolien offshore. Pierre Paturel fait remarquer que les six projets de parcs en mer, attribués en 2012 et 2014, sont "toujours empêtrés dans les procédures administratives et les recours", et qu'ils sont encore loin d'aboutir. Cependant, selon lui, la situation serait en voie de résolution et 1,5 GW de capacités pourraient être installés d'ici à la fin de 2023, bien loin des 9 GW prévus par la PPE. Mais la France mise peut-être sur une technologie prometteuse : l'éolien flottant. La première turbine offshore française est d'ailleurs de ce type (Ideol Floatgen ID1, dont la turbine terrestre est associée à une fondation flottante en béton), et quatre fermes pilotes devraient être opérationnelles dans les quatre ans.

 

Parmi les autres tendances qui guideront le marché français de l'éolien terrestre, le cabinet Xerfi souligne l'importance de l'innovation dans les systèmes de maintenance et de supervision des parcs, et l'émergence du financement participatif dans un nombre croissant de projets. Ce dernier aspect "permet (…) d'augmenter l'acceptation auprès des riverains tout en donnant droit à une prime dans le cadre des nouveaux appels d'offres". Deux atouts que ne négligeront pas les porteurs de projets.

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