Le marché français de l'énergie éolienne retrouve un second souffle. Selon le cabinet Xerfi, la puissance installée, qui a franchi le cap des 10 GW en 2015, dépassera les 15 GW en 2019. Les industriels devront répondre à cette demande tout en développant un nouveau business model lié aux conditions de marché. Analyse.

La croissance du parc éolien français est en hausse constante et elle devrait même s'accélérer. Xerfi a publié une étude portant sur les perspectives à l'horizon de 2020, en tenant compte des évolutions du marché, de la concurrence et des performances financières des gestionnaires de parcs actuels. Selon les spécialistes, la puissance installée dans l'Hexagone dépassera les 14 GW en 2018 (contre 10,5 GW à la fin de 2015) pour atteindre les 17 GW deux ans plus tard. Les conséquences des mesures de simplification adoptées et du maintien du tarif d'achat pendant au moins deux ans.

 

Consolidation du marché français

 

A partir de cette date, toutefois, le secteur devra s'adapter à un nouveau mécanisme de vente directe de l'électricité sur le marché, doublé d'une prime. D'ici là, une véritable montée en puissance des industriels et exploitants se fera sentir. Le cabinet Xerfi détaille : "Le passage à la vente directe ne devrait pas poser de problème aux grands énergéticiens comme Engie ou EDF Energies Nouvelles. En revanche, pour les exploitants de moindre envergure, l'approche de cette échéance accélérera la course à la taille critique". Les rachats, rapprochements et alliances devraient donc se multiplier d'ici à 2018-2019. "Cette consolidation du marché français s'accompagnera d'un déploiement des opérateurs à l'international", estime l'analyste. Là encore, les acteurs de taille moyenne pourront se montrer aussi conquérants que les ténors du secteur. Le rapport cite les exemples de Quadran qui se déploie en Pologne ou de Neoen en Australie, où les conditions de vent seraient plus avantageuses.

 

Gagner des marchés à l'international pour pérenniser les emplois

 

Du côté des turbines offshore, les premières machines devraient être installées en France en 2018. De quoi "donner naissance à une véritable filière industrielle dans le pays, créatrice de plus de 8.000 emplois". D'ores et déjà, des usines de nacelles ou de pales géantes sont en construction à Saint-Nazaire ou Cherbourg, afin de produire les éléments des éoliennes géantes pour Alstom ou Areva. L'installation des 425 machines prévues dans les cinq fermes offshore des deux appels d'offres, est prévue pour s'achever en 2023. Au-delà, les perspectives sont plus floues. Jérôme Pécresse, président d'Alstom Renewable Power, déclarait, au mois de septembre dernier : "Un champ EDF en France, c'est à peu près un an de production pour (une) usine. On construit une usine pas pour trois ans, mais pour vingt. On a un challenge en face de nous qui est d'arriver à remplir ces usines au-delà des projets que nous aurons avec EDF, avec, j'espère, de nouveaux appels d'offres en France et à l'export". Le troisième appel d'offres français ne sera pas lancé avant la fin de 2017, et son ampleur pourrait être plus limitée que celle des précédents. L'objectif final d'une puissance éolienne marine de 6 GW en 2030, correspond à un chiffre initialement avancé pour 2020. "Les prix élevés expliquent notamment la frilosité du gouvernement dans ce domaine. Ainsi, le tarif garanti prévu pour 2025 devrait être deux fois plus élevé que le tarif actuel de l'obligation d'achat pour l'éolien terrestre", analyse le cabinet Xerfi. Là encore, la conquête de marchés à l'international sera déterminante pour la pérennisation des emplois créés. La technologie de l'éolien flottant pourrait également offrir de bonnes perspectives de développement pour les industriels français. Plusieurs entreprises se positionnent déjà sur ce créneau particulier comme Nénuphar ou Ideol.

 

Pour le cabinet d'études économiques, les opérateurs pourront également miser sur une diversification de leur portefeuille de renouvelables (énergies solaires), ou sur le développement de nouveaux modes de financements participatifs pour stimuler leur croissance. "Certains acteurs français lorgnent également le marché de la maintenance. Estimée entre 260 et 500 M€ fin 2015, cette manne est aujourd'hui essentiellement captée par les constructeurs, mais des exploitants comme EDF EN, sont de plus en plus présents", pointe l'analyste qui estime que le marché du "repowering", le remplacement des machines vieillissantes par d'autres turbines plus puissantes, gagnera en importance à moyen terme, en France.

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