RÉACTION. Après l'annonce par le gouvernement des offres commerciales de chaudières et pompes à chaleur à 1 euro, les présidents d'unions professionnelles de la Capeb se déclarent stupéfaits de ne pas avoir été consultés en amont et de ne pas être associés à cette démarche. Ils alertent les consommateurs sur les risques de déconvenues et entendent présenter des offres alternatives.

Patrick Liébus, le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) ne décolère pas. Suite à l'annonce, devant le Sénat, du lancement d'offres de renouvellement de chaudières et de pompes à chaleur contre 1 euro, il regrette que ses adhérents n'aient pas été consultés ni associés à ce dispositif grand public. Des offres "outrageusement commerciales" lancées par des acteurs privés (fournisseurs d'énergie, délégataires…) qui reposent sur des incitations financières adossées aux Certificats d'économies d'énergie (CEE). Le gouvernement n'aurait "jamais évoqué avec la filière son intention de faire porter les aides publiques du programme Agilité de l'Anah par des opérateurs commerciaux privés". La Capeb précise toutefois "comprendre le choix de diversifier le portage des aides face à l'urgence sociale".

 

Pas opposée sur le principe du coup de pouce mais sur la méthode

 

Mais ce que les huit présidents d'UNA réunis ce vendredi 1er février 2019 déplorent, c'est d'avoir été oubliées du montage de ces offres et qu'elles réalisent une très grande part des travaux de rénovation énergétique des logements. Le réseau territorial de la Capeb aurait été "littéralement assailli de questions légitimes", provenant autant des professionnels eux-mêmes que de particuliers, suite à ces annonces. La confédération regrette que ses entreprises soient écartées de la relation directe avec les clients pour proposer l'offre à 1 euro et d'être reléguées au simple rand de sous-traitant. Pour les particuliers, l'organisation professionnelle rappelle que le dispositif est tourné vers les ménages les plus modestes, en situation de précarité énergétique, et que le slogan pourrait être mal compris puisque le remplacement d'un équipement de chauffage est en fait "à partir d'un euro", mais qu'il sera potentiellement moins abordable, selon la situation.

 

 

Le président Patrick Liébus déclare : "La Capeb n'est pas opposée par principe à l'existence de telles offres à 1 € dès lors qu'elles garantissent la qualité des travaux réalisés et qu'elles permettent à des entreprises compétentes d'être associées à leur portage". Les artisans affiliés souhaitent alerter leur clientèle sur les risques de déconvenues. Et la Capeb prépare la riposte : "Avec l'Anah et nos partenaires de confiance, nous bouclons une offre promotionnelle de qualité, qui permettra aux entreprises de répondre directement à leurs clients en tenant compte de la diversité de leurs attentes et en s'adaptant à leurs revenus, le niveau des aides en dépendant fortement". Cette offre s'appuiera, elle aussi, sur le dispositif des CEE avec l'aide de fournisseurs d'énergies partenaires. Au final, cette multiplication des offres commerciales de chaudières et PAC à faible "restant à charge" pour les ménages, sera une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des Français.

 

Bruno Gal, président de l'Union nationale artisanale Couverture-Plomberie-Chauffage, nous répond :
Contacté par Batiactu, Bruno Gal nous explique : "Nous avons subi un effet d'annonce. Et il y a un net manque de précision sur les offres. D'où une certaine inquiétude dans notre réseau. Ce qu'il faut retenir c'est que nous déplorons la méthode de non-concertation. Mais le coup de pouce est au bénéfice des usagers modestes et à celui de la profession". Il poursuit : "Ce que nous ne voulons pas c'est être des sous-traitants d'obligataires et d'obligés et perdre cette relation directe avec nos clients". Le professionnel explique travailler depuis de longs mois sur des offres packagées : "Nous sommes prêts avec des offres qui comprennent l'installation et la maintenance avec des mensualités maîtrisées dégressives. Des tests peuvent d'ores et déjà être lancés en Auvergne-Rhône-Alpes et en région parisienne. Et cela sera disponible sur l'ensemble du territoire en avril. Ces offres sont prévues autrement, sans sacrifier la qualité ni le devoir de conseil. Nous sommes en ordre de marche". Bruno Gal précise que les offres s'appuieront également sur le dispositif des CEE et les aides de l'Anah, et qu'il faudra se montrer méfiant face aux offres trop alléchantes à 1 € qui pourraient cacher des éco-délinquants comme dans le photovoltaïque il y a 10 ans.

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