RÉACTION. A une semaine du congrès annuel de l'Union des syndicats de l'immobilier (Unis) qui se tiendra à Nantes les 15 et 16 novembre prochains, l'effondrement de trois immeubles du centre-ville marseillais risque de bousculer le programme de l'organisation.

"Ce qui est arrivé à Marseille, c'est notre hantise", , confiait à la presse ce 7 novembre le président de l'Unis Christophe Tanay, s'avouant "ému" avant que son président délégué Gilles Delestre n'ajoute que le cas marseillais "illustre bien le constat que les quartiers historiques n'ont pas été entretenus depuis très longtemps".

 

A Noailles, dans le 1er arrondissement de la cité phocéenne, trois immeubles vétustes se sont effondrés lundi matin. Les 63, 65 et 67 rue d'Aubagne illustrent à eux trois les obstacles à la rénovation de copropriétés dégradées. Dans le premier édifice, pour lequel un arrêté de péril a été pris en 2008, le bailleur social et propriétaire Marseille Habitat avait mis près de 10 ans à racheter les différents lots de l'immeuble.

 


Décalage entre temps judiciaire et urgence immobilière

 

Un délai bien trop long pour Gilles Delestre qui regrette un décalage entre "temps judiciaire et urgence immobilière", en référence aux recours qui auraient pu retarder les opérations de cession de logements au 63 rue d'Aubagne. Christophe Tanay, lui, appelle à "une réflexion sur la confrontation du droit individuel de l'habitant avec l'intérêt collectif de l'immeuble", pour "accélérer le temps d'acquisition des lots, réduire le temps des recours qui créent des délais de 5 à 10 ans, avec une fracture qui augmente".

 

Une habitante de l'immeuble voisin avait déclaré à l'AFP avoir constaté dès le 18 octobre "des fissures inquiétantes (...) sur le mur du hall, contre le commerce vide du rez-de-chaussée" qui sera finalement "démoli et reconstruit". Le n°65 était géré par un syndicat professionnel, qui, selon Gilles Delestre, était arrivé "il y a un an et demi" dans l'immeuble. Si des travaux ont été menés malgré l'état d'insalubrité de la structure toute entière, "la constatation du péril par un expert aurait pris un temps beaucoup trop long".

 

A une échelle plus globale, "Marseille nous rattrape", pose le président délégué de l'Unis, dans la mesure où "nous alertons depuis 5 ans sur le faible taux d'effort des bailleurs pour l'entretien des immeubles".

 

Avant que les responsabilités ne soient encore fixées par une enquête judiciaire, la réalité des copropriétés dégradées en France pourrait être plus claire à l'année 2019. Le 31 décembre 2018 correspondant à la date butoir pour l'immatriculation des copropriétés de moins de 50 lots au registre en ligne de l'Anah, prévue par la loi Alur de 2014. "L'immatriculation nous permettra d'une part d'avoir l'identité des immeubles, mais également le budget de la copropriété et la connaissance de procédures de travaux engagés", conclut Gilles Delestre.

 


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