DRAME. Suite à l'effondrement de deux immeubles d'habitation très vétustes dans le centre de Marseille ce lundi 5 novembre, 4 corps ont pour l'heure été retrouvés par les secours. En parallèle, le procureur de la République a confié à la police judiciaire une enquête pour homicides et blessures involontaires.

Au lendemain d'un écroulement brutal de deux immeubles d'habitation très vétustes aux 63-65 rue d'Aubagne, dans le 1er arrondissement de Marseille, le bilan est déjà lourd et pourrait encore s'aggraver. Quatre corps ont été retrouvés par les importantes forces de secours déployées sur place : plus de 120 marins-pompiers et sapeurs-pompiers s'activent pour déblayer l'immense tas de gravats, d'une profondeur de 15 mètres. Les secours emploient du matériel endoscopique ainsi qu'une pelle mécanique pour extraire les plus gros décombres. Selon les autorités, 5 à 8 personnes pourraient avoir été ensevelies lors de l'effondrement des bâtiments. D'après l'AFP, 5 personnes manquent à l'appel, ainsi que 3 autres qui auraient pu être invitées au n°65. Dans cet immeuble, 9 appartements sur 12 étaient toujours habités lorsque le drame est survenu. Lundi soir, les secours ont pris la décision de provoquer l'écroulement d'un troisième immeuble attenant qui menaçait à son tour de rompre.

 


 

L'État a annoncé qu'il allait effectuer un "audit de l'habitat indigne" à Marseille, un diagnostic qui se fera "immeuble par immeuble", a promis mardi 6 novembre le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner à l'Assemblée nationale. "Nous avons demandé immédiatement au préfet de réaliser un audit précis de l'habitat indigne sur la ville de Marseille", a-t-il assuré. Il doit aboutir à "un programme ambitieux de préservation des conditions de sécurité, avant d'envisager les aménagements nécessaires" avec la municipalité de Marseille.

 

Une enquête ouverte pour homicides et blessures involontaires

 

De son côté, Xavier Tarabeux, procureur de la République de Marseille, a confié à la police judiciaire une enquête pour homicides et blessures involontaires. "On est quasiment certain qu'il y avait des occupants, les premiers témoignages le laissent entendre", a-t-il expliqué à nos confrères du Monde. Le concessionnaire Marseille Habitat détenait le n°63 de la rue d'Aubagne, qui figurait d'ailleurs dans le Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Il avait été évacué puis muré, et des visites des services municipaux étaient régulièrement organisées. La dernière visite en date, qui a eu lieu le 31 octobre, avait confirmé qu'il était vide.

 

Quant au n°65, il s'agissait d'une copropriété comptant 12 appartements qui avait fait l'objet le 18 octobre dernier d'un arrêté de péril en raison d'une grave menace décelée sur le plancher du 1er étage. Toujours selon le Monde, des travaux avaient pourtant été effectués, et un expert avait donné son feu vert pour que les occupants réintègrent leurs logements. Mais un accident notable s'était déjà produit en janvier 2017 : ce même plancher du 1er étage s'effondrait dans l'entrée de l'immeuble, ce qui avait conduit à l'évacuation des locataires.

 

100.000 Marseillais concernés par des risques liés au logement indigne

 

La mairie de Marseille avait avancé dans l'après-midi de lundi l'hypothèse des fortes pluies des derniers jours pour expliquer l'effondrement. Mais opposants politiques et spécialistes du logement pointent du doigt le problème du logement indigne qui frappe de plein fouet la cité phocéenne : selon un rapport remis au gouvernement en 2015, ce fléau menacerait la santé ou la sécurité de 100.000 habitants de la ville. "Le parc immobilier privé marseillais potentiellement indigne présentant un risque pour la santé ou la sécurité concerne quelques 100.000 habitants et plus de 40.000 logements, soit près de 13% du parc des résidences principales, situés pour 70% d'entre eux dans des copropriétés", précise le rapport. Ce taux bondirait même à 35% dans le centre-ville de la préfecture des Bouches-du-Rhône.

 

Le Gouvernement met en avant ses projets pour lutter contre l'habitat indigne
Julien Denormandie, ministre du Logement, a profité d'une intervention à l'Agence nationale de l'habitat (Anah) le 6 novembre 2018 pour rappeler que "le plan 'Initiatives copropriétés' ainsi que les mesures nouvelles prises dans la loi Elan récemment adoptée pour lutter contre les marchands de sommeil (présomption de fiscalité, confiscation systématique des biens, interdiction d'acheter un bien pendant 10 ans) [donnaient] des moyens d'action supplémentaires pour dépister ces situations et agir plus rapidement".

actionclactionfp