Quelque 300 îles artificielles en forme de planisphère et représentant presque tous les pays du monde commencent à prendre forme au large de Dubaï. Une trentaine sont déjà vendues.

Baptisé "The World" et représentant la carte géographique du monde, le projet est en train de sortir des chaudes eaux du Golfe, au large de ce riche émirat qui connaît une expansion immobilière frénétique.
Pourvu que votre portefeuille soit bien garni, vous pouvez acheter une île paradisiaque en Iran, en France, au Texas, au Liban, au Soudan, à Hong Kong, en Arabie saoudite, à New Delhi, New York, voire en Irak. Mais Israël et la Palestine n'y figurent pas.

Près de 10% des îles du complexe ont déjà été vendues sur plans, affirme à l'AFP M. Wahid Attalla, le directeur exécutif à la société Nakheel Corporation, maître d'oeuvre de ce gigantesque projet.
Selon lui, près de 12 îles émergent déjà, marquant le début d'une nouvelle extravagance à Dubaï, l'émirat mégalomaniaque.

Toute l'Australie, composée de 14 îles séparées, a été arrachée par une société immobilière koweïtienne. Tout ce qui peut être révélé des autres acheteurs, c'est qu'ils comptent "quelques noms impressionnants" selon M. Attalla.
"Je pense que c'est la réalisation la plus luxueuse au monde", dit-il. "Vous achetez une île pour des millions (de dollars). Il vous faut le double pour l'aménager".
"C'est donc un méga-investissement. Cela fait partie de l'exclusivité, d'autant plus, bien sûr, que le projet est unique", dit-il encore.

"The World", de 5,5 km de long et autant de large, couvrira une superficie de 5,4 millions de m2, dont 900.000 m2 de plages, selon ses promoteurs.
Les îles sont vendues de 23 à 135 millions de dirhams (de 6,2 à 36,7 millions de dollars) l'unité. D'une superficie allant de 11.148 à 41.806 mètres carrés, elles sont séparées les unes des autres de bras de mer, larges d'une centaine de mètres.

Le projet de 3 milliards USD, prévu pour être achevé fin 2007, est réalisé à 4 km des côtes de Dubaï, à mi-chemin entre Burj Al-Arab, le luxueux hôtel de Dubaï en forme de voile, et le port Rached. L'accès ne sera possible que par mer ou par air.

"The World" s'ajoute à deux autres îles en forme de palmiers géants, baptisées Palm Jumeirah et Palm Jebel Ali, également une oeuvre de Nakheel Corporation, et qui commencent elles aussi à prendre forme.
Chacune des "îles palmiers" sera protégée par un récif-barrière de 15 km. A elles deux, elles ajouteront 240 km de plages à l'émirat.
Ces projets grandioses s'insèrent dans le cadre d'une série de plans précurseurs lancés par Dubaï, l'un des sept membres de la fédération de Emirats arabes unis.

Bien que les propriétaires sur l'une des deux îles-palmiers soient tenus de répondre à certains critères, ils ne sont pas soumis aux strictes conditions exigées pour acquérir une partie de "The World".
"Nous ne vendons pas à quiconque a de l'argent, nous devons faire une sélection", souligne M. Attalla.
Ainsi, à moins d'acheter une île pour un usage privé, les investisseurs potentiels sont tenus de présenter un dossier de leur compagnie et de leurs références bancaires, et d'avoir à leur actif des projets touristiques en cours.

Nakheel Corporation, fondée il y a peine trois ans et demi, cible "les grands investisseurs, les amateurs de la mer et les propriétaires des yachts".
Etant donné l'importance des opportunités d'investissement qu'offre l'émirat et l'évolution exponentielle du marché immobilier, M. Attalla indique que les îles seront sans doute plus utilisées pour des projets commerciaux que pour des habitations privées.

Dubaï, qui veut s'imposer comme un centre régional des affaires et une destination touristique, a l'ambition d'attirer 15 millions de visiteurs en l'an 2010 et 40 millions en 2015.

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