La secrétaire d'Etat au Logement , Mme Marie-Noëlle Lienemann, a présenté son dispositif dérogatoire pour les sinistrés de l'explosion de Toulouse. Elle appelle également les artisans à la vigilance en ce qui concerne les prix.
Interview exclusive.

Quelles sont les grandes lignes de votre dispositif ?

Marie-Noëlle Lienemann : Nous allons débloquer 20 millions de francs pour les HLM et 20 millions de francs à l'ANAH (Agence Nationale de l'Amélioration de l'Habitat) et si ce n'est pas suffisant, on débloquera un complément. Nous allons appliquer à Toulouse le dispositif dérogatoire exceptionnel déjà engagé pour les inondations de l'Aude et la Somme. Le démarrage tient en trois points: l'aide au relogement, la subvention de reconstruction et celle de la copropriété qui sera la plus difficile à gérer étant donné la complexité de la prise de décision. Je souhaite que nous ayons une stratégie plus musclée pour les copropriétés dégradés

Au delà de ces axes de l'aide au relogement que vous présentez, quelles priorités donnez-vous aux professionnels du bâtiment ?

M-N L : La première des urgences est d'être sûr d'avoir les matériaux pour travailler et suffisamment d'entreprises pour intervenir vite. C'est une course de vitesse qu'il faut gagner. Je vais rencontrer les présidents de la FFB et de la CAPEB pour s'assurer que la région Midi-Pyrénées pourra disposer des matériaux prioritairement. Je compte sur une certaine solidarité mais je vais engager une démarche de mon côté, avec la Région, pour aider l'artisan dans ses frais supplémentaires de déplacements. Sur la question du prix, Il faut que nous ayons des indicateurs, ce qui implique une concertation avec la DGCCRF, les artisans et les chambres de métiers, pour avoir un observatoire commun qui incite à la bonne pratique et qui évite des abus de la situation. Si l'Etat doit jouer son rôle d'inspection, je crois également beaucoup à la valorisation des bonnes pratiques afin que les métiers eux-mêmes se valorisent.

Des dérapages ont pourtant déjà été constatés ?

M-N L : Les professionnels ont tous intérêt à ce que la confiance de leurs clients s'installent dans la durée. Un bailleur HLM est un client permanent. Si on "l'attrape" quand ça va mal, il ne faudra pas s'étonner qu'il n'ait pu construire quand ça va bien.

Qu'il s'agisse des particuliers, copropriétés ou HLM quelle est la demande principale exprimée par les sinistrés à Toulouse ?

M-N L : Le fond d'urgence de 20 millions additionné de 20 millions gérés par l'ANAH profitera à chacun. Je précise d'ailleurs que je n'ai pas à attendre de décision budgétaire sur ce plan. Mais c'est l'assurance qui est au coeur des préoccupations exprimés par nos concitoyens, alors que je m'attendais à ce qu'ils demandent des aides de l'Etat. Au fond, ils veulent que les assurances les traitent correctement et qu'ils sachent comment procéder. Il y a une forte demande d'accompagnement technique et juridique. Là aussi, la vigilance doit être totale: ce n'est pas parce que la solidarité nationale s'opère que ça exonère les assurances.

Ce drame, avec près 9000 logements ou bâtiments plus ou moins sinistrés, entraîne une complication inhabituelle des sinistres. Comment les gérer entre tous les acteurs ?

M-N L : Pour clarifier les choses, nous avons convenu avec les bailleurs que les services réalisent un formulaire très précis sur "qui doit prendre quoi" dans les travaux. Par exemple, sur le problème des bris de glace, j'ai rappelé aux bailleurs que, dans le cas présent, le bris de glace est à la charge du propriétaire, non au locataire. L'aide de l'Etat venant en complémentde la différence du remboursement de l'assurance.

Propos recueillis à Toulouse par Jérôme Robert (www.domoclick.com)

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