A Paris, une exposition célèbre la rénovation et la réhabilitation

 

Enjeux climatiques et patrimoniaux

 

Le Pavillon, qui a créé cette exposition visible jusqu'au 5 mars 2023, a analysé 44 projets de rénovation, de réhabilitation et de reconversion dont les permis ont été déposés à Paris entre 2020 et 2022. Tous réussissent à combiner enjeux climatiques, patrimoniaux et attentes des usagers, pour rendre les bâtiments plus durables. "Nous retrouvons des éléments d'architecture très simples dans ces projets : des façades plissées pour se protéger, des cheminées et cours pour ventiler et des hauteurs sous plafond pour rafraîchir, un vocabulaire bioclimatique oublié par la modernité", souligne Alexandre Labasse. L'entité a contacté la mairie de Paris pour analyser l'ensemble des permis de construire déposés sur la période : 70% des autorisations d'urbanisme déposées concernent des opérations de transformation. Ainsi, le titre de cette exposition, "Conserver, adapter, transmettre" résonne comme trois engagements que souhaite prendre la Ville. "Ces bâtiments montrent un travail approfondi sur l'urbanisme climatique et la profusion de projets de réhabilitation à Paris. La sobriété environnementale et la mixité de programmation sont des enjeux très importants pour la municipalité. Il est possible de concilier les intérêts financiers et une diversification des bâtiments", déclare Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme et de l'architecture.

 

 

Tous ces projets sculptent les architectures parisiennes de demain et tissent un lien entre les porteurs de projets, les autorités et les habitants. Aucun ne propose plus de 20% de démolition et tous préservent l'enveloppe des bâtiments.

 

Une richesse de programmes mixtes

 

La multiprogrammation des bâtiments est centrale dans cette exposition. D'un ancien laboratoire universitaire à des parkings, les cabinets d'architectes imaginent des programmes mixtes dans ces bâtiments nouvellement multifonctionnels, qui réunissent logements, bureaux, commerces et services. Ainsi, une centrale électrique se voit mutée en espaces de coworking et une boulangerie militaire se transforme en centre d'hébergement. Dans le XVIe arrondissement, l'ancienne caserne de gendarmerie Exelmans abrite désormais des locaux associatifs, une conciergerie, une crèche, un jardin et un potager.

 

 

Un autre cas analysé dans cette exposition, et qui pèse pour un quart des projets présentés, est celui de la métamorphose d'immeubles destinés aux automobiles. Ces opérations sont "emblématiques de cette révolution" alors que les parkings se vident dans la capitale, analyse le directeur général du Pavillon de l'Arsenal. En effet, moins de 35% des ménages parisiens possèdent une voiture. Abandonnés, ces espaces servent de structures à de nouveaux projets architecturaux. Le parking Lamarck et le garage Renault de Courcelles ont, par exemple, été réhabilités pour accueillir des bureaux et des logements.

 

Les matériaux biosourcés mis en lumière

 

Les filières de matériaux bio et géosourcés, telles que le bois, la pierre, la terre, le chanvre ou la paille, sont mises en avant, tout comme le réemploi. Une façon de protéger les ressources qui se raréfient, et de réduire la production de déchets du BTP, évaluée à 46 millions de tonnes par an selon le ministère de la Transition écologique. Dans le cas du bâtiment Adolphe Pinard, 50% de la masse totale des matériaux de cette rénovation sont ainsi issus du recyclage.

 

"Cent pour cent des projets de l'exposition développent des espaces végétalisés. Ces actions libèrent le sol et font partie d'une nouvelle stratégie pour refaire la ville. Nous savons que c'est l'un des seuls moyens pour supporter la ville face au réchauffement climatique", soutient Alexandre Labasse. "Les projets rendent accessibles ce qui ne l'était pas, libèrent des vues, végétalisent ce qui était bitumé ou désimperméabilisent ce qui était bâti." A titre d'exemple, la tour Cristal, dans le XVe arrondissement, est un "projet volontariste de végétalisation sur tous les niveaux, depuis le rez-de-chaussée jusqu'en toiture du bâtiment, pour implanter la biodiversité sur un ensemble minéral". Sur la rive droite, la tour située quai de la Rapée se dote de deux jardins, à la place du parvis et de l'ancien socle.

 

 

Les objectifs pour une ville plus durable sont multiples : "réemployer le bâti autant que possible, privilégier des matériaux de qualité, géosourcés et biosourcés, produire une architecture soignée, contextuelle et environnementale, concevoir plus flexible avec des bâtiments réversibles, contribuer aux nouvelles techniques de construction", liste le premier adjoint à la Ville de Paris. Pour le directeur du Pavillon, les projets présentés vont redessiner le paysage de la capitale. Un ouvrage de 416 pages accompagne cette exposition et rend compte des nouveaux modes de fabrication. La quarantaine d'équipes de maîtres d'œuvre invitées (rassemblant une soixantaine d'agences) a adressé au Pavillon les documents graphiques des projets. Ce, afin que les lecteurs puissent constater les transformations engagées.