Trois jours pour débattre et répondre à la question : construire à quels prix ? C'est le défi lancé aux participants du 17e salon de la prescription organisé par l'Union des économistes de la construction (29-31 mai). Qu'est-ce que le bon prix ? Est-il contraint par l'afflux de normes et réglementation ? Quel avenir pour les économistes ? Réponses de Pierre Mit.

Du 29 au 31 mai 2013 s'ouvrira le 41e Congrès de l'Untec, en même temps que la 17e édition du Salon de la prescription, dont le thème principal sera "Construire à quels prix?". Au programme, conférences et ateliers pour aborder les problématiques de prix alors que le contexte conjoncturel n'est pas au beau fixe dans le secteur de la construction. L'occasion de dresser un état des lieux de la profession d'économiste de la construction, avec le président de l'Untec, Pierre Mit.

 

Batiactu : Pourquoi avez-vous choisi le thème "Construire à quels prix?" pour cette édition du salon de la prescription ?
Pierre Mit :
Aujourd'hui, les prix ne veulent pas dire grand-chose. Alors nous nous posons la question : qu'entend-on par prix, prix de construction prix, d'investissement ? Il nous faut bien définir cette notion de prix pour savoir de quoi on parle. C'est pourquoi, lors de ce salon, nous donnons notamment la parole aux maîtres d'ouvrage, pour comprendre ce qui est acceptable par eux en matière de prix, car c'est parfois le grand écart avec ce que préconisent les concepteurs.

 

Nous souhaitons aussi donner la parole aux filières (bois, acier, béton) qui ont un poids sur le coût de construction d'un ouvrage. Je pense principalement aux entreprises qui touchent au clos et couvert, qui représentent quelque 50% du prix. Les filières présenteront leurs innovations et apporteront certaines réponses aux maîtres d'ouvrage selon leurs attentes et besoins.

 

Batiactu : Pensez-vous que les normes et autres réglementations, notamment la RT 2012, soient des freins à l'établissement de prix abordables ?
P. M. :
Oui et non. Si l'on reportait l'argent différemment et que l'on construisait de manière plus compacte, on pourrait minimiser les coûts. Je prends souvent l'exemple de l'ITE et de l'ITI, des procédés sur lesquels il faut être vigilant pour ne pas tomber dans le piège du prix. Je suis persuadé que c'est avec les bons matériaux, qui répondent aux besoins du client, et les bons outils que l'on peut optimiser les prix. Il faut faire des choix stratégiques.

 

Si l'on peut s'accommoder de la RT 2012, en revanche, la réglementation accessibilité est, à mon avis, doublement contraignante. D'abord, elle double la surface des bâtiments. Il faut revoir ses principes à l'échelle de la totalité de l'opération. Faire du tout accessible, c'est un frein, il faut trouver un juste milieu, et davantage réfléchir à une mixité des solutions notamment dans le logement privé et les bureaux.

 

Batiactu : Les filières auront la parole… Quid de l'acier, par exemple, comme réponse aux problèmes de prix dans la construction ?
P. M. :
Toutes les filières en effet auront la parole pour présenter leurs avantages en matière de système constructif. Chacun d'entre eux a des qualités, aucun n'est mauvais s'il est bien utilisé. Il faut, je pense, les adapter aux besoins du maître d'ouvrage et aux contraintes géographiques et climatiques des régions.

 

Batiactu : Quid de l'avenir de la profession d'économiste de la construction ? Qu'attendez-vous après ce 41e Congrès ?
P. M. :
Nous avons un rôle transversal qu'il faut maintenir. De par notre positionnement, nous pouvons évoluer vers le conseil auprès de la maîtrise d'ouvrage, vers des missions aux côtés de la maîtrise d'œuvre, mais aussi de conseil auprès d'entreprises. Nous avons une vision à 360° qui nous permet d'apporter une analyse synthétique et globale à l'opération. Notre rôle est d'accompagner et parler le même langage que les autres acteurs de la construction. Nous avons le devoir de leur dire comment dépenser l'argent au bon moment et de façon intelligente, surtout dans ce contexte économique restreint.

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