WEBDOC 1/10. Pour fêter ses 20 ans, Batiactu vous propose un webdocumentaire exclusif : "20 ans pour construire l'avenir." Découvrez le premier épisode consacré aux ouvrages remarquables et grands projets d'infrastructures de ces vingt dernières années, avec un focus sur l'épopée du Viaduc de Millau. "Bâtir toujours plus haut, plus fort, plus vite et plus beau !"

10 experts, dix thèmes, le tout en dix épisodes, pour tout comprendre sur les évolutions passées et à venir du secteur de la construction, du bâtiment et du cadre de vie : Batiactu vous propose de retracer les "20 ans pour construire l'avenir" qu'ont représentés les années 2001 - date de naissance de votre média - à 2021, sous le format pédagogique du webdocumentaire.

 

Premier épisode de la série, "Bâtir toujours plus haut, plus fort, plus vite et plus beau !" revient sur les ouvrages remarquables, bâtiments, infrastructures et grands projets qui ont vu le jour et revient sur l'aventure du Viaduc de Millau, avec notre expert : Jean-Claude Mutel, qui fut l'adjoint de Marc Legrand, directeur général de la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau, constructeur et concessionnaire de l'ouvrage.

 

Découvrez ci-dessous le premier épisode de notre webdocumentaire.

 

 

[retrouvez très prochainement notre prochain épisode "Ça bouge sur les chantiers !" consacré à 20 ans d'évolution des chantiers avec, notamment un focus sur la sécurité et la prévention.]

 

La Tour, LE bâtiment "signal" par excellence !

 

La première décennie est notamment marquée par une course à la hauteur, à l'exploit et par la volonté de faire "signal", un vocable très employé par les architectes.

 

De nombreuses tours s'élèvent dans les métropoles. Culminant à 828 mètres, la plus haute du monde à ce jour est ainsi inaugurée le 4 janvier 2010 à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis : la Burj Khalifa. Tour qui s'est même offert le luxe d'une apparition dans le film hollywoodien Mission Impossible : Protocole Fantôme en 2011 ! Mais à Dubaï, tout record se doit d'être battu et le prochain objectif affiché est de dépasser les 1000 mètres... En France, la skyline de la Défense se redessine peu à peu : parmi les réalisations, la Tour "First" à la Défense, est ainsi rénovée et surélevée entre 2007 et 2011 pour culminer à 231 m, plus haute tour francilienne à ce jour ; la Tour Majunga, signée Jean-Paul Viguier, atteindra quant à elle, 194 mètres en 2014. Aujourd'hui encore, les gratte-ciel continuent de fasciner : les Tours Duo, œuvres de Jean Nouvel, sont en cours d'achèvement et s'élèveront à 180 mètres ; on peut noter aussi la Tour Incity de Lyon (Valode & Pistre), achevée en 2015 et s'élevant à 200 mètres de haut.

 

Le bâtiment culturel, la fierté des villes

 

Les années 2000 sont aussi celles des "starchitectes" dont tout le monde s'arrache le geste architectural : des réalisations qui feront autant d'ouvrages "signatures". Le bâtiment culturel fait ainsi la fierté et la dynamique des villes, comme le Mucem à Marseille (Rudy Ricciotti) ouvert en 2013, ou encore la Fondation Vuitton de Franck Gehry en 2014. De grands musées sont inaugurés, notamment les antennes en Province ou à l'autre bout du monde de musées existants, comme le Louvre Lens, réalisé par les architectes du cabinet Sanaa en 2012 ou le Louvre Abou Dhabi de Jean Nouvel, inauguré en 2017 ; on peut citer aussi le Pompidou Metz, dessiné par l'architecte japonais Shingeru Ban en 2010.

 

Les grandes compétitions sportives permettent à la ville ou au pays hôte de s'offrir également un équipement sportif à la hauteur de l'événement : en 2008, les JO de Pékin comptent ainsi pas moins de 37 sites de compétition, parmi lesquels douze entièrement construits pour l'occasion, dont l'emblématique "Nid d'oiseau" des architectes suisses Herzog et De Meuron, onze rénovés et huit structures temporaires.

 

De grandes infrastructures pour accélérer la mobilité des Français

 

Côté infrastructures, le train déploie ses lignes à grande vitesse sur tout le territoire afin d'accélérer la mobilité des Français, du nord au sud et d'est en ouest : en 2001, la LGV Méditerranée de 295 km dessert ainsi depuis Paris de nouvelles gares emblématiques (Valence TGV, Avignon TGV, Aix en Provence TGV)… La ligne a nécessité la construction de pas moins de 500 ouvrages ! En 2016, la LGV Est pose ses rails sur 406 km de long en reliant Vaires-sur-Marne en Seine-et-Marne à Vendenheim dans le Bas-Rhin, et améliore les axes entre le Nord-Est de la France, l'Allemagne, et le Luxembourg.

 

Enfin, côté rénovation, des chantiers hors-norme comme celui des Halles à Paris, achevé en 2016, ou encore de la réhabilitation de la Samaritaine et de la Bourse du Commerce en cette année 2021, voient de vrais symboles préservés et modernisés.

 

Zoom sur le viaduc de Millau

 

Le 16 décembre 2004, le Viaduc de Millau est mis en service. Fruit de la collaboration entre l'architecte britannique Norman Foster, l'ingénieur français Michel Virlogeux et la Compagnie Eiffage, pour la construction et la concession, il est inauguré le 14 décembre 2004 par le président de la République de l'époque, Jacques Chirac.

 

Du côté d'Eiffage, c'est Marc Legrand, directeur général de la compagnie Eiffage Viaduc de Millau à partir de 2001 qui prend les rênes du chantier. Celui qui est considéré comme l'un des pères du viaduc de Millau et a passé plus de 30 ans au sein du groupe Eiffage s'est malheureusement éteint le 13 janvier 2021, à l'âge de 65 ans. Notre témoin, Jean-Claude Mutel, son adjoint à l'époque, tient à lui rendre hommage et rappelle que c'est aussi "grâce à sa personnalité, ses compétences, dans son esprit de synthèse et dans ses relations avec les hommes, que son chantier tient sa réussite : les réussites, ce sont des grands patrons. Il n'y a pas de réussite sans grand patron." Et Marc Legrand était de ceux-là*.
Marc Legrand, Eiffage
Marc Legrand, Eiffage © Eiffage

Cet ouvrage de 2.460 m de long franchit la vallée du Tarn, au sud du Massif central et permet à l'autoroute A75 de relier plus rapidement Paris à la Méditerranée, via Clermont-Ferrand. Construit en seulement trois ans, il affiche plusieurs records : à son inauguration, il possède ainsi le tablier haubané le plus du monde et la pile de béton la plus haute, qui culmine à 245 mètres, elle-même surmontée d'un pylône métallique qui porte la hauteur totale à 343 mètres au-dessus du sol. "Si vous couchez la Tour Eiffel, elle tient entre les piles," rappelle ainsi notre témoin, Jean-Claude Mutel, adjoint de Marc Legrand, directeur général de la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau, constructeur et concessionnaire de l'ouvrage. Cette réalisation telle qu'elle nous est ainsi contée rappelle l'aventure extraordinaire qu'elle a représentée : une aventure architecturale, technique et technologique, mais aussi, humaine. Son budget de construction est évalué à 394 M€.

 

*Retrouvez l'article de la rédaction rendant hommage à Marc Legrand, en suivant ce lien.

 

Un nouveau grand projet structurant débute également : le Grand Paris. Initié en 2016, il se déploiera jusqu'en 2030 autour de la création de 200 km de lignes automatiques, soit autant que le métro parisien actuel, et 68 gares, qui feront autant de nouveaux quartiers : les prouesses technologiques et architecturales ne manquent et ne manqueront pas !

 

Et pour l'avenir ?

 

Petit à petit, durant la dernière décennie et accompagnant la transition énergétique du secteur, on assiste aux débuts d'un ralentissement des constructions de grands ouvrages énergivores, la réglementation se durcit et aujourd'hui, il est désormais moins question de virtuosité que d'être plus vertueux ! L'accent est mis sur le déploiement des mobilités douces et les transports moins émetteurs de gaz à effet de serre : à Paris, Angers, Nice, Lyon et bien d'autres, le tramway fait ainsi son come-back. Le développement durable et l'urgence climatique bouleversent les approches, l'architecture et la construction se font plus vernaculaires, frugales... durables.

 

Retrouvez l'ensemble des épisodes en cliquant ici

 

Notre témoin : Jean-Claude Mutel


Jean Claude Mutel, Eiffage, Viaduc de Millau
Jean-Claude Mutel a été l'adjoint de Marc Legrand, directeur général de la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau, constructeur et concessionnaire du Viaduc de Millau. © Batiactu

Aujourd'hui retraité, Jean-Claude Mutel a vécu l'essentiel de sa carrière au sein du groupe Eiffage, pendant plus de 50 ans. Alors adjoint de Marc Legrand, directeur général de la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau, il participe ainsi à l'épopée de la construction du Viaduc de Millau, qu'il nous raconte dans ce premier épisode de notre webdocumentaire "20 ans pour construire l'avenir."

 

Diplômé de l'École des Mines de Douai, il débute sa carrière comme conducteur de travaux au sein de l'entreprise Fougerolles, devenue par la suite le groupe Eiffage : il conduit des chantiers de logements, bâtiments industriels, universitaires, hospitaliers et autres passerelles. Chef de secteur, puis Directeur d'exploitation à partir de 1981, il dirige la construction d'importantes unités industrielles (silo unitaire de 80.000 tonnes à Escaudoeuvres pour BEGHIN SAY, unités de distillation et de cracking de la Raffinerie des Flandres à Mardyck), la construction de plusieurs milliers de logements sociaux dans le Nord/Pas de Calais et en Picardie, le siège de la RATP à Paris, le viaduc de franchissement du Rhône à Roquemaure pour le TGV et les cheminées des centrales thermiques de Suez et Port Saïd (Egypte) hautes de 150 mètres. Il s'investit également pour l'insertion de jeunes en difficulté et mène des actions de formation dans le cadre de l'apprentissage en alternance, particulièrement en Picardie.

 

Après l'aventure du Viaduc de Millau, il intègre la société Trans-Euro-Pyrénées, constituée par les groupes ACS (1er groupe de BTP espagnol) et EIFFAGE pour concevoir et construire la ligne ferroviaire à grande vitesse Perpignan-Figueras, d'abord comme Directeur technique puis comme Directeur de projet. Il termine sa carrière après avoir été Directeur de projet du groupement concepteur-constructeur, du Grand Stade de Lille Métropole de 50.000 places, premier stade à toiture mobile de France, qui peut - et c'est une première mondiale - se transformer en salle de spectacle de 30.000 places.

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