SOLUTION TECHNIQUE. La mode est à la préfabrication, y compris pour les parkings automobiles. Nextensia (filiale du groupe Briand) a lancé Park'Up, une solution de construction rapide et réversible de places de stationnement capable de venir doubler ou tripler la capacité d'un parking existant. Elie Smadja, président de l'entreprise, nous dévoile ce concept.

"C'est un produit qui simplifie la façon de construire des parkings car c'est un concentré d'ingénierie", nous annonce d'entrée de jeu Elie Smadja, président de Nextensia, à propos de la solution Park'Up. A l'origine de ce procédé original d'assemblage de plateformes de stationnement en R+1 et R+2, une réelle demande pour des parkings réversibles, modulaires et simples à assembler puis à démonter. Le dirigeant reprend : "Le système va au bout du raisonnement. Ce sont de véritables modules préconstruits à assembler, reposant sur des piliers posés au sol, sans ancrage et sans fondations." Les éléments unitaires de tablier, de 15 mètres de longueur sur 2,5 mètres de largeur, définissent chacun deux places pour des véhicules légers (3 tonnes maximum) ainsi qu'une voie de circulation centrale de 5 mètres.

 

Solution mixte acier-béton facile à assembler

 

"Ce sont de gigantesques chevêtres d'acier, remplis de béton. Les poteaux, eux-aussi, en sont remplis. Et la jonction entre le béton du tablier et celui du poteau constitue l'innovation Park'Up", nous explique le président. L'approche de construction, sans fondations, fait que l'ensemble est stabilisé par son propre poids. "Nous avons modélisé, avec un bureau de contrôle, les efforts sur la surface bitume du parking où est posée la structure et la platine d'acier ne se déplace pas. La solution est donc éligible à des voiries légères", fait valoir Elie Smadja. Les ancrages ne seront nécessaires que si le sol appartient à la classe 'D' en zone sismique 4, ouvrant donc la possibilité d'utiliser le parking modulaire dans 95% des régions françaises. "Les éléments standardisés permettent d'être modulable pour former un ouvrage dont les capacités d'exploitation sont proches de celles d'un parking sur-mesure", poursuit-il.

 

 

Ces modules mixtes sont conçus et produits en France dans une usine de 6 hectares, proche du Mans, avec des éléments d'acier provenant de la maison-mère vendéenne (Briand). Ils se montent rapidement, à raison de 100 places par semaine, grâce à des moyens de levage, sans besoin de travaux préparatoires. "Et ils sont démontables et réutilisables en l'état, laissant le terrain comme à l'origine", ajoute-t-il, insistant sur l'empreinte environnementale réduite d'une telle construction temporaire.

"Le paramètre le plus important est celui de la stabilité au feu"

 

Quid des aspects réglementaires et normatifs de ces structures à étages, sans fondations, où seront entreposés des véhicules ? "C'est ce qui a encadré le développement. Le paramètre le plus important est celui de la stabilité au feu. Il s'agit de l'élément dimensionnant primordial, bien plus que la sismique et l'aléa climatique, où les efforts sont finalement plus faibles", nous dévoile le responsable. "La réglementation dite PSLV pour 'parc de stationnement largement ventilé' fixe la tenue au feu de l'ouvrage. La mixité avec le béton est importante : elle amène ses qualités de résistance pour reprendre des efforts si l'acier faiblit", annonce Elie Smadja. Les rampes d'accès, elles aussi métalliques et inclinées selon une pente elle-aussi fixée par la réglementation, sont également recouvertes de béton, tout comme les escaliers modulaires d'accès, munis de murs coupe-feu. Pour la sécurité des personnes, des garde-corps sont intégrés sur les bordures des modules, tandis que l'alimentation électrique est intégrée, afin d'assurer l'éclairage du niveau inférieur. "On peut installer des barrières, des systèmes de comptage des places ou encore des ascenseurs pour permettre l'accès des personnes à mobilité réduite, des poussettes, caddies ou bagages. Des équipements qui facilitent l'exploitation de l'ouvrage", détaille le président de Nextensia. Côté esthétique, l'aspect brut et industriel de la construction temporaire, pourra être atténué par des éléments d'habillage en façade.

 

De multiples débouchés : retail, cliniques, gares…

 

Des arguments qui devraient convaincre de multiples maîtres d'ouvrage. A commencer par les promoteurs et industriels, qui ont parfois besoin de stationnements temporaires pendant un chantier de construction ou d'extension de siège social, comme ce fut le cas pour le groupe Liébot aux Herbiers (Vendée), ou pour Continental Automotive à Toulouse (Haute-Garonne). Le secteur hospitalier pourrait également être intéressé pour pouvoir répondre à la demande croissante de stationnements sans pour autant créer trop de nuisances aux patients. La grande distribution, dans le cadre d'opérations de rénovation des galeries commerciales devrait aussi y avoir recours. "D'autant que la loi Alur pour les surfaces commerciales limite l'artificialisation des sols, d'où la nécessité de monter en étage", nous précise Elie Smadja. Enfin, les gares et aéroports, situés en zones urbaines ou péri-urbaines déjà congestionnées, sont en déficit chronique de places de parking. "Mais il serait impensable de fermer pendant 18 mois pour construire un parc de stationnement classique", note-t-il. D'où la pertinence de la construction modulaire mixte, dont Nextensia entrevoit un fort potentiel de développement. Les effectifs de l'entreprise, pour l'heure de 30 personnes, devraient augmenter au cours de 2019 pour atteindre une cinquantaine de salariés à la fin de l'année, en cumulant production, R&D et commerciaux. Le modèle économique de location de ces équipements temporaires, sur des durées de 24 à 36 mois en moyenne, reste encore à peaufiner, ce type d'offre étant totalement nouvelle. "Tout n'est pas arrêté", conclut le président qui, fort de son expérience personnelle dans la location de constructions modulaires, se montre toutefois très confiant.

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